Les évangiles des huit dimanches du Temps pascal

8 Juin 2014 : Messe Solennelle de Pentecôte à Notre-Dame de la Garde, à l'occasion du 150ème anniversaire de la consécration de la baslique, à Marseille (13), France. June 8, 2014: Solemn Mass of Pentecost at Notre Dame de la Garde for the 150th anniversary of the consecration of the baslique in Marseille (13), France.

8 Juin 2014 : Messe Solennelle de Pentecôte à Notre-Dame de la Garde, à l’occasion du 150ème anniversaire de la consécration de la basilique, à Marseille (13), France.

Par Gilles DrouinCuré d’Étampes, délégué PLS du diocèse d’Évry

Les évangiles des huit dimanches « entre Pâques et Pentecôte nous révèlent un itinéraire qui donne au peuple de Dieu les vivres nécessaires pour parcourir ce temps « intermédiaire ». L’Église y fait l’expérience de la proximité du Ressuscité, tous les jours jusqu’à la fin du monde … en attendant précisément son retour dans la gloire.

Du tombeau vide à la chambre haute

Le lectionnaire dominical est agencé de telle manière que lors des trois années (A, B et C) nous sommes conduits des récits de la découverte matinale du tombeau vide par les femmes, (Vigile pascale), à la promesse de l’envoi du Paraclet en Jean 15 (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15, années B et C) ou promesse réalisée par Jésus ressuscité lors d’une apparition aux disciples ( « Recevez l’Esprit Saint » Jn 20, 22 – année A).

Par différents chemins

Par la grâce de la répartition des textes en trois années, cet itinéraire n’est pas unique. Chaque année, au matin de Pâques, les trois chemins se rejoignent avec le récit johannique de la découverte du tombeau vide et de la foi du disciple bien aimé (Jn 20, 1-9), ainsi que le dimanche de l’Octave avec le récit de l’incrédulité de Thomas (Jn 20, 19-31).

Mais le 3e dimanche, ils divergent avec le récit d’Emmaüs (Lc 24, 13-35) l’année A, le récit qui suit immédiatement chez Luc (« Avez-vous quelque chose à manger ? » Lc 24, 41) l’année B (Lc 24, 35-48), et le récit johannique de la pêche miraculeuse et du repas au bord du lac (Jn 21, 1-19) l’année C. Trois récits de reconnaissance du Ressuscité au cours de repas post pascals.

Le 4e dimanche, on lit chaque année une section différente du discours de Jésus sur le Bon Pasteur (Jn 10, 1-30), entendu ainsi en quasi intégralité sur trois années. Les 5e et 6e dimanches, les évangiles sont tirés des chapitres 14 et 15 de saint Jean.

Le jour de l’Ascension, chaque année nous écoutons la finale d’un des trois synoptiques. Le septième dimanche, est lue la prière sacerdotale de Jésus (Jn 17) avec, explicitement les années B et C, la prière de Jésus pour l’unité des siens.

Au terme : mission et unité

L’itinéraire est relativement clair. À partir de la découverte du tombeau vide, deux aspects de la foi pascale nous sont proposées : celle du disciple bien aimé et celle Thomas. Puis la rencontre, et la foi, glissent vers l’expression eucharistique et l’expression ministérielle et ecclésiale.

Au temps pascal, le Ressuscité lui-même indique le chemin de la vie ecclésiale aux croyants. Il est ce chemin (Jn 14, 1-12 – 5e dim. A) ; il est dans l’Église la vigne dont les croyants sont les sarments (Jn 15, 1-8 – 5e dim., B) ; il donne à la communauté le commandement nouveau (Jn 13, 31-35 -5e dim, C ; Jn 15, 9-17 – 6e dim., B) ; il lui envoie le Paraclet (Jn 14, 23-29  – 6e dim., A et C).

La proclamation de larges extraits de la prière sacerdotale (7e dim.) vient juste après l’envoi en mission le jour de l’Ascension : l’envoi en mission et le souci de l’unité de la communauté deviennent le point focal de cet itinéraire pascal.

Harmoniques pascales 

Ces itinéraires se conjuguent avec les multiples harmoniques pascales. En voici deux essentielles.

Les textes de l’Octave de Pâque

La richesse de l’évènement pascal est exprimée par deux modalités traditionnelles : dans les évangiles, la rencontre-reconnaissance du Ressuscité ; dans les récits des Actes (1e lecture), l’annonce de la foi pascale.

Les deuxièmes lectures du Temps pascal

Nous entendons les lettres de Pierre (année A), la première Épitre de Jean (année B) et l’Apocalypse (année C). Les évangiles, et notamment les longs discours de Jésus après la Cène, ne résonnent pas de la même façon après des textes aussi différents. La connotation du Temps pascal est davantage baptismale l’année A (à la suite d’ailleurs du Carême de cette même année). L’année B, la conjonction de la première lettre de Jean et de nombreux évangiles johanniques sont comme une longue méditation sur la charité, avec un fort ancrage trinitaire. L’année C envisage la communauté des disciples du Ressuscité à la lumière de son accomplissement eschatologique.

Ainsi, sur trois ans, le lectionnaire donne à contempler le mystère pascal du Christ sous des angles à la fois différents et complémentaires. La chronologie lucanienne, base de cette cinquantaine pascale, est un cadre qui laisse du « jeu » aux harmoniques de l’Écriture, depuis la découverte du tombeau vide jusqu’à la plénitude pentecôtale de la présence du Christ à son Église.

Un grand dimanche

Les cinquante jours à partir du dimanche de la Résurrection jusqu’à celui de Pentecôte sont célébrés dans la joie et l’exultation, comme si c’était un jour de fête unique, ou mieux « un grand dimanche » (S. Athanase).

Normes universelles pour l’année liturgique, n. 22.

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