Le dimanche, jour de l’Église
Par Serge Kerrien, diacre et responsable de la PLS du diocèse de Saint-Brieuc. Il est aussi ancien directeur-adjoint du CNPL (aujourd’hui SNPLS)
Nous poursuivons notre lecture des grandes lignes de la lettre apostolique du pape Jean-Paul II, Dies Domini, sur la sanctification du dimanche, et nous nous interrogeons sur la dimension ecclésiale de la liturgie dominicale.
« Toutefois, l’Eucharistie dominicale, avec l’obligation de la présence communautaire et la solennité particulière qui la distingue, précisément par ce qu’elle est célébrée « le jour où le Christ est ressuscité d’entre les morts et nous a fait participer à sa vie immortelle », (embolisme de certaines prières eucharistiques) souligne avec plus de force sa dimension ecclésiale, se situant comme le modèle des autres célébrations eucharistiques. Chaque communauté, réunissant tous ses membres pour la « fraction du pain », prend conscience d’être un lieu où le mystère de l’Église se réalise concrètement ». (Dies Domini 34).
De ce rappel de la dimension ecclésiale de la liturgie eucharistique dominicale, Jean-Paul II tire des conséquences pastorales éclairant d’un jour particulier les décisions à venir sur la pastorale du dimanche et le type de célébrations à encourager.
L’assemblée eucharistique dominicale
Dès les débuts de l’Église, le dimanche connaît un développement tel que les chrétiens le sanctifient de façon spécifique en tenant une assemblée eucharistique. La dimension communautaire et ecclésiale en est déjà bien perçue. Mais le dimanche n’est pas seulement le jour de la célébration eucharistique ; il comporte des temps de catéchèse et de convivialité. L’assemblée dominicale et ses périphériques deviennent le lieu où se construisent, s’entretiennent et s’affirment l’identité chrétienne et l’Église. En participant à l’assemblée dominicale, le chrétien exprime et réalise son appartenance à l’Église.
La célébration eucharistique est bien cette source à laquelle l’Église vient s’abreuver pour vivre du Christ et le sommet où, en rendant grâce, elle témoigne, comme Église rassemblée, de la Bonne Nouvelle du salut offert au monde.
L’apprentissage de l’Église célébrante, enseignante, servante
Le rassemblement dominical n’a pas comme seul but la célébration de l’eucharistie. A travers ce que celle-ci donne à vivre comme dans ce qui précède et ce qui suit, le chrétien découvre et apprend ce qu’est l’Église. Il apprend que si elle est une, elle n’est pas uniforme. Il découvre que si elle est une institution structurée, elle est d’abord le mystère du corps du Christ. La célébration eucharistique lui fait expérimenter l’acte de louange de l’Église en prière. Le fidèle approfondit et enrichit son sens de l’Église comme lieu du service des autres, de l’apprentissage de la vie fraternelle, comme chemin permanent de conversion et d’engagement dans la vie des hommes. Quant à la catéchèse, elle trouve toute sa place le dimanche, à la fois dans la célébration liturgique, catéchisante par elle-même, et dans des temps spécifiques proposés au cours de la journée pour tous les chrétiens, quel que soit leur âge.
Des conséquences pastorales
Si le dimanche est considéré, depuis les premiers siècles, comme le jour de l’Église, la dimension communautaire doit trouver sa place, tant dans la célébration dominicale que dans le choix des lieux où l’eucharistie est célébrée. C’est là que s’affirme le sens de la communauté et qu’elle se construit. La célébration eucharistique paroissiale prime sur toutes les autres célébrations qui ne peuvent exister sans mise en lien avec l’eucharistie célébrée par le curé chargé de la communion dans sa communauté.
La seconde conséquence tient à la figure de l’assemblée. C’est une assemblée aux visages et aux âges variés qui est appelée à célébrer. Au-delà de la particularité des engagements, des courants de spiritualité, des mouvements d’Église, des communautés religieuses, tous se retrouvent pour louer le Seigneur d’une même voix et lui rendre grâce d’un même cœur. L’assemblée favorise ainsi l’apprentissage de l’Église et de la vie ecclésiale particulièrement pour les enfants et leurs parents. Dès lors, à favoriser les messes de groupes, on risquerait, de créer des chapelles au lieu de construire l’Église.
Ainsi, quand la dimension ecclésiale du dimanche est prise en compte et réalisée, le dimanche reste bien ce jour où, autour de l’eucharistie, l’Église se construit comme mystère d’union trinitaire et comme société humaine chargée de porter au monde l’Évangile.
Il convient donc de penser le dimanche en tenant compte des missions de l’Église : célébrer, enseigner, servir. En retrouvant l’ensemble des aspects qu’il recouvre, le dimanche retrouverait des couleurs. Il serait, non seulement le jour où l’assemblée des chrétiens se réunit, mais aussi le jour où la communauté, enseignée et nourrie, sert les hommes et témoigne de la Bonne Nouvelle.
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