L’eau : un don à préserver

Sur notre terre, il n’est pas de vie sans eau. Dieu l’a voulu ainsi : il a fait jaillir les terres habitables de l’eau primordiale, il a modelé l’homme à partir de la boue faite de terre et d’eau (Gn 1, 9 ; 2, 7). L’eau est l’élément constitutif majeur de tout vivant. Ne sommes-nous pas, hommes et animaux, constitués de 60% d’eau ? Et n’avons-nous pas un besoin vital d’eau pour régénérer nos cellules, tout comme les plantes et les arbres de nos forêts ? Le respect de l’eau est, aujourd’hui, un défi qui touche à l’avenir du vivant sous ses différentes formes, ce que la liturgie nous rappelle à sa manière.

L’eau : un souci écologique

La croissance démographique et, parallèlement, l’évolution des modes de vie entraînent une augmentation des besoins en eau, mais c’est l’agriculture qui s’avère être le plus gros consommateur. Les ressources en eau n’étant pas extensible, la disponibilité en eau douce diminue au fur et à mesure que s’intensifient les besoins, d’autant que la pollution des cours d’eau liée à l’industrialisation rend l’eau impropre à la consommation. La raréfaction des ressources en eau doit nous rendre attentif à notre manière d’utiliser l’eau. Même si cette question doit être prise à bras le corps tant par les politiques que par les industriels et les agriculteurs, notre rapport à l’eau doit désormais être revisité, purifié et équilibré. C’est une question de justice et d’équité, c’est-à-dire de charité envers nos frères en humanité.

L’eau : au cœur de la vie

Si l’eau est l’élément fondateur de nos vies, « nous avons besoin d’ajuster les rythmes de la vie avec ceux de la création qui donne la vie » (pape François, Homélie Lac Sainte-Anne, juillet 2022). Mais, l’urbanisation galopante nous a justement fait perdre notre lien avec la terre, la nature et l’eau qui l’irrigue continuellement. Nous constatons avec Benoît XVI que « les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands » (messe d’inauguration de son pontificat, 24 avril 2005). Notre indifférence aux besoins des autres, par simple négligence ou par manque de volonté de savoir, se révèle mortifère. Notre besoin en eau doit être évalué à l’aune du besoin de nos frères les plus démunis ou les plus exposés à la sécheresse. Même si nous priver d’un bain ne remplira pas la gourde d’un assoiffé du Sahel, l’attention à l’eau, qui coule en abondance de nos robinets, doit nous rappeler que l’eau est un don que nous recevons et qui, en conséquence, peut nous être retiré.

L’eau : un signe dans la liturgie 

De la source qui « montait de la terre » dans le jardin de la Genèse (2, 6), au fleuve qui « jaillit du trône de Dieu et de l’Agneau » dans l’Apocalypse (22, 1), l’eau est le berceau de l’humanité créée et recréée. C’est elle qui abreuve l’humanité selon l’ordre de la nature, elle désaltère notre soif, et selon l’ordre de la grâce spirituelle, car du sein de Jésus s’écoulent « des fleuves d’eau vive » qui nous régénère (Jn 7, 38).

La bénédiction de l’eau dans la nuit pascale nous rappelle, outre sa fonction naturelle, qu’elle est « l’instrument de la miséricorde » de Dieu, qu’en elle le peuple a été libéré de l’esclavage, que, jaillit du rocher, elle a étanché la soif du peuple au désert, qu’elle a été sanctifiée par le baptême du Christ, et que désormais, elle nous rend à la vie par « le bain de la nouvelle naissance ».

Se signer avec l’eau, être marqué par l’aspersion, sont autant de gestes qui nous rappellent que l’eau est un don à recevoir et à préserver pour que ce torrent de vie ne tarisse jamais pour aucun homme en ce monde.

SNPLS

La prière pour la bénédiction de l’eau baptismale nous révèle que Dieu a créé l’eau précisément en pensant au Baptême. Cela signifie que lorsque Dieu a créé l’eau, il pensait au Baptême de chacun d’entre nous, et cette pensée l’a accompagné tout au long de son action dans l’histoire du salut, chaque fois que, avec un dessein précis, il a voulu se servir de l’eau. C’est comme si, après l’avoir créée, il voulait la perfectionner pour en faire l’eau du baptême.

C’est ainsi qu’il a voulu la remplir du mouvement de son Esprit planant sur la surface des eaux (cf. Gn 1, 2) afin qu’elle contienne en germe le pouvoir de sanctifier ; il s’en est servi pour régénérer l’humanité lors du Déluge (cf. Gn 6,1–9,29) ; il l’a dominée en la séparant pour ouvrir un chemin de libération dans la Mer Rouge (cf. Ex 14) ; il l’a consacrée dans le Jourdain en immergeant la chair du Verbe imprégnée de l’Esprit (cf. Mt 3,13-17 ; Mc 1,9-11 ; Lc 3,21-22).

Enfin, il l’a mélangée au sang de son Fils, don de l’Esprit inséparablement uni au don de la vie et de la mort de l’Agneau immolé pour nous, et de son côté transpercé il l’a répandue sur nous (Jn 19,34). C’est dans cette eau que nous avons été immergés afin que, par sa puissance, nous puissions être greffés dans le Corps du Christ et qu’avec Lui, nous ressuscitions à la vie immortelle (cf. Rm 6, 1-11).

Pape François, Lettre Desiderio desideravi n° 13

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