Une bénédiction pour les animaux

« Il existe une solidarité entre toutes les créatures du fait qu’elles ont toutes le même Créateur, et que toutes sont ordonnés à sa gloire. » Une telle certitude, exprimée par le Catéchisme de l’Église catholique (n° 344), donne aux animaux une place évidente dans le mystère de Dieu. Dès lors, nous sommes appelés à considérer de manière nouvelle notre rapport aux animaux : ni dédain ni amour excessif, mais la voie moyenne du respect et de la juste place.

UNE CREATION ORDONNEE

En accordant sa bénédiction aux animaux, l’Église se tient, et nous invite à faire de même, sur cet axe qui, en premier lieu rend gloire à Dieu, créateur du monde animal, et partant, pose un juste rapport entre l’homme et les animaux. Lorsque Dieu dit de l’homme : « Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages et de toutes les bestioles », il établit un lien de subordination dont il est lui-même le modèle. La Création est l’expression matérielle de l’amour bienveillant de Dieu et être maître donne à l’homme un égal devoir de bienveillance. En Noé, c’est l’homme qui sauve le monde animal de la disparition parce qu’il y a entre eux un lien de vie – et de vie divine – dont les visions prophétiques d’Isaïe nous font entrevoir la réalité ultime : le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau […] un petit garçon les conduira (Is 11, 6). Cette image nous révèle qu’au sein même de la création renouvelée l’ordre voulu par Dieu dès l’origine demeure : en maître, l’homme conduira les animaux. Et le Livre des bénédictions le rappelle en donnant le sens de la bénédiction des animaux : « Appelons la bénédiction de Dieu sur ces animaux, en louant le Créateur de toute chose et en lui rendant grâce, sans oublier qu’il nous a placés au-dessus de toutes les créatures et que nous devons reconnaître et garder cette dignité » (n° 728).

BENIR LES ANIMAUX

La bénédiction des animaux demande un renouvellement de la pratique qui variera fortement selon que l’on habite la campagne ou la ville. La bénédiction des troupeaux ne répond pas au même souci que la bénédiction des animaux de compagnie ou des chiens guides de personnes malvoyantes. Si la bénédiction, dans l’un ou l’autre cas, ne se déroulera pas tout à fait de la même manière, elle ouvrira les personnes présentes au sens de cet acte. Il s’agit de confier à Dieu les animaux qu’il a bien voulu mettre à notre disposition pour qu’ils « servent à nos besoins » dans le seul but de conduire la Création à son achèvement selon le projet de Dieu.

Bénir les animaux est un aspect de la vie de l’Église qui demande à être évangéliser au sens où elle nous place devant notre responsabilité vis-à-vis de la Création, et notre manière de comprendre la place qui y est assignée aux animaux. Les paroles prononcées et les gestes posés font clairement entendre et voir que Dieu est donateur de vie et que toute vie est remise entre ses mains. Tel est le sens de la bénédiction, rendre à Dieu ce qui lui appartient en ayant fait fructifier les dons qu’il nous a donnés.

QUELQUES POINTS D’ATTENTION

Le Livre des bénédictions donne toutes les indications nécessaires pour vivre communautairement une bénédiction des animaux. Il faudra cependant être attentif à plusieurs éléments :

  • Choisir un moment dans l’année qui soit propice à cette bénédiction, soit la fête d’un saint dont on demandera l’intercession, soit, en campagne, une période en lien avec le cycle de la vie animale ou une fête agraire.
  • Une préparation de l’assemblée peut être nécessaire pour bien faire comprendre l’enjeu de la bénédiction, écarter les écueils de la superstition ou d’un trop grand sentimentalisme.
  • Il sera toujours préférable de faire la bénédiction à l’issue de la messe, sur le parvis de l’église, ou dans un lieu qui convient pour des troupeaux, des chevaux, etc. Parfois un petit sanctuaire réinvesti pour l’occasion pourra se prêter à cette bénédiction à l’issu d’une démarche commune.
  • La ritualité de la bénédiction comprendra clairement les deux parties constitutives : la proclamation de la parole de Dieu et la louange de Dieu qui pourvoit à notre vie.
  • Le Livre des bénédictions donne la possibilité de faire une aspersion d’eau bénite des personnes présentes et des animaux. Il faudra clairement donner à ce geste son sens pascal, et écarter toute confusion avec un « baptême » des animaux que certaines personnes pourraient rechercher dans un excès d’affectivité. On évitera, toute forme d’imposition des mains.
  • Avoir le souci des personnes en marge de la communauté qui trouveront dans cette attention aux animaux un espace pour approcher de l’Église en la rejoignant dans sa préoccupation écologique.
Un article du SNPLS

Les bénédictions

  • La bénédiction, un acte essentiel

    Bénir est un acte essentiel de la vie religieuse. L’homme, de nature religieuse, a toujours cherché la bénédiction pour lui ou pour les autres. La Révélation à Abraham jusqu’à son accomplissement dans le Christ est une bénédiction. « Je te bénirai », dit Dieu à Abraham (Gn 12, 2). Et Paul, contemplant l’accomplissement dans le Christ, « loue Dieu qui nous a bénis par toutes sortes des bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ » (Ep 1,3). Dieu bénit l’homme ! Voilà l’essentiel.

  • Bénédiction de la table familiale

    La table familiale est une invitation à l’action de grâce. C’est autour d’une nourriture préparée et partagée que nous apprenons les fondamentaux de notre vie d’homme, l’ouvrant à la transcendance en commençant simplement par dire merci. La prière de bénédiction de la table -Benedicite- s’inscrit dans cette sagesse.

  • Bénédiction des objets de piété : repères pratiques

    Chapelets, médailles, statues… les demandes de bénédiction d’objets de piété sont fréquentes, surtout dans les sanctuaires. Ces demandes traduisent de grands besoins, le désir d’une parole qui fasse du bien, d’une prière qui soutienne ou d’un geste qui conforte. Une pastorale des bénédictions est appelée à soigner l’accueil, la parole et le geste.