Pourquoi baptiser les petits enfants ?
Par Bernard Maitte, prêtre, professeur au séminaire d’Aix et responsable du département de pastorale et spiritualité de l’ISTR de Marseille. Il est membre du SNPLS
« Personne à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn, 3,5). Naître dans notre monde est à la fois une chose merveilleuse et aventureuse. Les parents savent bien à la fois ce qu’est cet acte superbe de donner la vie et l’enjeu que cela comporte. Dans notre chemin de foi, nous parents nous sommes appelés à nous demander si le mystère de cette vie n’a pas à être éclairé, et cela dès le début, par celui de notre Dieu qui est un Dieu d’amour. Qui refuserait à un bébé d’avoir tous les dons de l’existence comme celui dont parle Jésus à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu » et elle de lui répondre : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau » (Jn 4, 10…15) ?
Don de la confiance et de l’amour pour grandir. Et cela passe par le signe de l’eau qui vient du Père, par cette foi en Jésus son Fils et le don de l’Esprit-Amour. Baptisé pour être Fils en Dieu et frère ensemble dans le même Esprit, pour passer sans cesse de toute croix à la Résurrection.
Derrière l’acte de demander le baptême, il y a le désir. Notre désir est parfois embrouillé, nous ne savons pas tout ce qu’est le baptême quand nous le demandons ; désir parfois empêché, la vie courante prenante et usante et tout ce qu’il faudrait prévoir…
Pourtant que désirons-nous ? C’est d’ailleurs une des premières questions que le célébrant pose aux parents sur le seuil de l’église : « Que demandez-vous pour votre enfant à l’Église de Dieu ? » et nous répondons : « Le baptême » mais les réponses peuvent être diverses : « la foi, la grâce du Christ, l’entrée dans l’Église, la vie éternelle etc… » Quelles que soient nos motivations, ce désir de la Vie et de l’Amour de Dieu pour l’enfant en est le moteur et le baptême le signe et le moyen concret.
Du coup, l’enfant ne pouvant répondre lui-même il faut soi-même “se mouiller” et prendre un engagement comme nous y invite le célébrant : « Vous devrez l’éduquer dans la foi, et lui apprendre à garder les commandements, pour qu’il aime Dieu et son prochain comme le Christ ». Mais nous ne sommes jamais seuls, il y a les parrains et marraines qui acceptent d’aider les parents à exercer leur responsabilité ; mais il y a toute la communauté des chrétiens dont la famille, les amis et le célébrant sont les représentants. Car ce n’est pas seulement les parents qui s’engagent mais l’Église tout entière qui s’engage. Elle promet aux parents d’être toujours là pour servir la Vie de Dieu dans l’enfant.
A-t-il besoin d’une plénitude d’Amour ? L’Église l’invite à recevoir le sacrement de confirmation. Faut-il qu’il se nourrisse de la Vie éternelle ? La communauté chrétienne l’invite à prendre part au repas du Seigneur et à recevoir le sacrement de l’eucharistie. Sa vie en Dieu rencontre-t-elle des obstacles ? Le pardon du Seigneur lui est ouvert dans le sacrement de réconciliation, et ainsi de suite. L’Église d’ailleurs par les rites du baptême va signifier tout cela au long de la célébration.
Alors pourquoi demander le baptême ? Renversons la question pourquoi attendre pour faire vivre le don de Dieu à l’enfant ? La bénédiction de l’eau au cœur de la célébration est ce qui donne encore la meilleure des raisons en s’adressant à Dieu notre Père : « Que cette eau reçoive de l’Esprit Saint la grâce de ton Fils unique, afin que l’homme, créé à ta ressemblance et lavé par le baptême des souillures qui déforment cette image, puisse renaître de l’eau et de l’Esprit pour la vie nouvelle d’enfant de Dieu ».
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