Célébration pénitentielle non sacramentelle
Par le père Louis Groslambert, Prêtre, responsable de la pastorale sacramentelle et de la musique liturgique, diocèse de Belfort Montbéliard
On sait que la conversion est un chemin de progression avec les autres ; leur soutien est utile pour tenir dans l’effort. Le témoignage communautaire ecclésial qu’ils donnent lorsqu’ils écoutent la Parole et font un geste de pénitence encourage à reprendre le chemin de l’alliance.
Leur valeur théologale
Bien qu’on ne les appelle pas « célébrations de la réconciliation », ce terme étant réservé aux célébrations sacramentelles, elles ont une valeur théologale certaine. « II est très souhaitable que les chrétiens puissent participer à des célébrations qui ne comportent pas le signe sacramentel de la réconciliation. Les célébrations de la pénitence ont valeur en elles-mêmes comme révélant le caractère ecclésial de la pénitence1 ».
Leur application
Pour les chrétiens privés de l’Eucharistie
Il s’agit de faire en Église, l’expérience communautaire de l’appel et de l’attente de Dieu à notre égard. « Elles peuvent permettre aux chrétiens que leur situation publique prive de l’Eucharistie (par exemple, les divorcés remariés), de se joindre à une démarche communautaire ecclésiale. »
En vue d’une initiation des enfants
On peut reconnaître à ces célébrations une réelle valeur pédagogique. Il ne s’agit plus comme en catéchèse de tenter de faire comprendre ce qu’est le péché mais « elles trouvent leur place dans le cadre de l’initiation des enfants à une démarche pénitentielle en Eglise.
Étape pour des adultes vers la réconciliation sacramentelle
Dans ce cadre, ces célébrations constituent « une utile préparation à la confession en aidant à approfondir et exprimer de manière communautaire la résolution permanente de conversion. »
Organisation
Qui célèbre ?
Dans le cas où l’on ne dispose pas de prêtres, elles peuvent être organisées par un diacre, un catéchiste ou un autre membre de l’assemblée chrétienne concernée.
Quand ?
Elles peuvent intervenir comme étapes d’une réconciliation sacramentelle vers laquelle elles sont orientées. Par exemple, une célébration communautaire peut avoir lieu au début des temps privilégiés comme l’Avent et le Carême. Elle signifie alors le désir d’une communauté d’entrer dans une démarche commune de pénitence. Et un délai relativement long de quelques semaines est laissé aux pénitents pour rencontrer les prêtres qui se rendront davantage disponibles pour cette période. A la fin de ce temps privilégié, une célébration plus festive réunit tous ceux qui veulent dire leur action de grâce au Seigneur pour le pardon reçu.
Cette suggestion d’ouvrir l’Avent et le carême par une célébration non sacramentelle n’est pas originale. Elle reprend en effet le projet de l’Église instituant le mercredi des cendres pour ouvrir le carême, laissant un délai de quarante jours jusqu’à la réconciliation célébrée autrefois le jeudi saint. D’autres moments conviendraient à des célébrations pénitentielles non sacramentelles : les vigiles de Pentecôte, du 15 août et de Toussaint ainsi que les pèlerinages.
Leur structure
Leur structure est celle qui est observée habituellement dans les célébrations de la Parole de Dieu et qui est proposée dans le rituel pour la réconciliation de plusieurs pénitents : après l’homélie et la méditation de la Parole de Dieu, l’assemblée exprime son repentir et son désir de conversion par une prière litanique ou par tout autre moyen capable de promouvoir la participation de tous. Ces célébrations ne comportent ni aveu individuel, ni absolution.
Dans le choix de ses lectures, l’Église pourrait faire entendre l’appel à la conversion du prophète Joël (Jl 2,12-18), l’exhortation de saint Paul à se laisser réconcilier (2 Co 5, 20-6, 2) et l’évangile qui fonde la triple observance de l’aumône, du jeûne et de la prière (Mt 6, 1-18). Cette proclamation serait suivie en signe de pénitence, d’une réception des cendres comme nous y invite le prophète Joël.
Enfin, sur le chemin de la conversion, les fidèles pourraient rencontrer le prêtre en cours de carême, et tous rendraient gloire à Dieu pour la réconciliation le jeudi saint.
Le rituel fournit donc un canevas de célébration laissant une grande liberté de réalisation. Ces célébrations pénitentielles sont considérées par l’Église comme « un élément important dans l’équilibre des diverses expressions liturgiques pénitentielles. »
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1. Toutes les citations sont issues de Célébrer la pénitence et la réconciliation, Rituel, Chalet-Tardy, Paris, 1978, n° 51 à 53, p. 26 et 27
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