Prières pour accompagner des malades proches de la mort
L’épidémie de COVID-19 a bouleversé les dispositifs habituels d’accompagnement des malades et des mourants. Comme le sacrement de l’onction des malades ou celui du viatique était déconseillé, on a parfois redécouvert la « recommandation des mourants », l’ancienne « prière des agonisants ». Les conditions sanitaires ont changé mais cette possibilité prévue par le rituel des Sacrements pour les malades demeure. Retour sur une expérience.
En avril 2020, le SNPLS publiait une note avec quelques indications pratiques. On était alors en pleine épidémie de la Covid-19. Il était difficile, voire impossible, pour les membres des services d’aumônerie et les ministres ordonnés d’accéder en EPHAD ou dans les structures hospitalières. À défaut du sacrement de l’onction des malades ou de celui du viatique, qui requièrent une proximité, la Pastorale de la santé et les services d’aumônerie catholique des hôpitaux ont déployé différents chemins afin d’aider les personnes âgées ou malades, à partir de ce que propose le rituel des Sacrements pour les malades (RM) au sujet de la prière de recommandation.
Les conditions sanitaires ont changé mais les propositions de la note peuvent continuer à guider la prière des soignants et des fidèles pour aller à la rencontre des personnes malades ou en fin de vie. Cet article la reproduit donc à l’identique, laissant à chacun le soin de s’en inspirer ou, mieux encore, de s’en servir comme introduction à la lecture du ch. VII du rituel sur « La recommandation des mourants ».
Extraits du Rituel des sacrements des malades RM 209 : « Lorsqu’un des leurs va mourir, l’amour fraternel pousse les chrétiens à lui manifester leur présence, leur solidarité, leur communion. Aussi avec lui, et pour lui, ils demandent que Dieu ait pitié de lui et que sa confiance dans le Christ ne faiblisse pas. Parfois cette présence sera seulement silencieuse et priante, comme celle de Marie au pied de la croix . Parfois l’entourage ou le malade attendent que quelqu’un ose rompre le silence pour l’événement qu’est la mort d’un homme et le replacer dans une perspective de foi […] » RM 210 : « Même si le mourant n’est plus conscient, le(s) personne(s) présente(s) peuvent trouver pour elle(s)-même(s) une consolation dans ces prières qui rappellent la dimension pascale de la mort du chrétien. Pour manifester le sens de la mort chrétienne, il est souvent opportun de faire sur le front du mourant le signe de la croix, dont il a été marqué pour la première fois, lors de son baptême. On choisira très librement prières et lectures […] en tenant compte de son état physique ainsi que des circonstances de lieu et de personnes. Elles seront faites lentement, à voix plutôt basse, avec des temps de silence […], prières très brèves, répétées doucement ». |
Les prières qui suivent sont remises entre les mains des soignants ou des personnes pouvant approcher un malade ou une personne en fin de vie (RM 212), en respectant les convictions des personnes. Elles demanderont à être choisies selon le temps disponible et la proximité de la mort. L’une ou l’autre pourra être employée préférentiellement.
Ces prières sont à employer avec discernement, après un contact ou une demande éventuelle de la famille, en fonction des circonstances et de la possibilité de dialogue avec la personne mourante selon sa souffrance, son épuisement ou l’action des traitements :
- Alors que la personne est encore consciente,
- Lorsque la personne est inconsciente,
- Après le décès.
Le geste d’imposition des mains, témoignera de la proximité de l’accompagnant et de la bienveillance de Dieu. Il sera accompagné d’une prière silencieuse, de la prière brève de recommandation ou d’une demande de bénédiction.
Si la communion eucharistique est impossible, on veillera à offrir par la prière et une lecture biblique les conditions pour une « communion de désir ». On favorisera le silence et le recueillement.
La prière de recommandation peut être accompagnée de la lecture d’un passage bref de l’Écriture et des prières simples du chrétien.
Déroulement indicatif a) Commencer par faire le signe de la croix. b) Séquences possibles en fonction du temps disponible :
Si possible, on trace le signe de croix sur le front de la personne en prononçant la prière de recommandation. c) Conclusion avec une des prières simples du chrétien |
Prières de recommandation
Cette prière peut être dite par un soignant ou un proche.
Nous te recommandons, Seigneur, ton serviteur (ta servante) N.
et nous te prions, Jésus-Christ, Sauveur du monde,
reçois-le avec bonté dans la joie de ton royaume,
toi qui l’as racheté en venant en ce monde.
Ne regarde pas ses péchés, mais la foi qui l’animait durant sa vie,
puisqu’il a cru en toi, Père, Fils et Saint-Esprit,
comme nous croyons en toi qui es vivant pour les siècles.
Ou bien :
Maintenant tu peux quitter ce monde, âme chrétienne.
Quitte-le
au nom de Dieu le Père tout-puissant qui t’a créée,
au nom de Jésus Christ, Fils du Dieu vivant qui a souffert pour toi,
au nom du Saint-Esprit qui a fait sa demeure en toi par la grâce du baptême.
Qu’aujourd’hui tu vives dans la paix et
que ta demeure soit auprès de Dieu dans l’Église du ciel,
avec la Vierge Marie, la sainte Mère de Dieu,
avec saint Joseph, avec saint(e) N. (celui de la personne mourante),
avec tous les anges et tous les saints de Dieu,
Par Jésus le Christ notre Seigneur.
Si la personne vient de mourir, on pourra dire une bénédiction :
Accorde-lui, Seigneur, le repos éternel.
Et que brille à ses yeux la lumière sans déclin.
Ou bien
Que le Seigneur accompagne ton départ et ton arrivée dans la paix de son amour.
Que le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit t’accueillent, et qu’ils restent toujours avec nous pour nous garder dans l’espérance.
Amen
Ou bien
Seigneur, tu accueilles toute vraie prière et tu écoutes les appels de notre cœur. Avec toute notre affection, nous avons accompagné jusqu’ici (N). Qu’il trouve auprès de toi la paix et la joie, avec ceux que tu appelles à entrer dans ton royaume.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Lectures de l’Écriture
Psaumes
Si cela est possible, on pourra inviter la personne à dire le refrain. On peut également choisir seulement quelques strophes.
Psaume 15 (extraits)
R/ Garde-moi, mon Dieu, mon bonheur c’est toi.
Garde-moi, mon Dieu :
j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Je n’ai pas d’autre bonheur que toi. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie : +
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
Psaume 22 (extraits)
R/ Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
Psaume 30 (extraits)
R/ En tes mains, je remets mon esprit.
En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
Ma forteresse et mon roc, c’est toi :
pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis.
Oui, c’est toi mon abri.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.
Je hais les adorateurs de faux dieux,
et moi, je suis sûr du Seigneur.
Ton amour me fait danser de joie :
tu vois ma misère et tu sais ma détresse.
Tu ne m’as pas livré aux mains de l’ennemi ;
devant moi, tu as ouvert un passage.
Psaume 120
R/ Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Je lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.
Qu’il empêche ton pied de glisser,
qu’il ne dorme pas, ton gardien.
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas,
le gardien d’Israël.
Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage,
se tient près de toi.
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper,
ni la lune, durant la nuit.
Le Seigneur te gardera de tout mal,
il gardera ta vie.
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour,
maintenant, à jamais.
Psaume 129
R/ Près du Seigneur est l’amour.
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel ! *
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ? *
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.
J’espère le Seigneur de toute mon âme ; *
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. *
Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,
attends le Seigneur, Israël.
Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat. *
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.
Cantique
Cantique de Syméon
Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller
en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël.
Lecture du Nouveau Testament
Première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens (5, 23-24)
Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.
Évangile selon saint Jean (14, 1-4)
Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : « Je pars vous préparer une place » ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin.
Évangile selon saint Matthieu 19, 13-14
Ensuite, on présenta des enfants à Jésus pour qu’il leur impose les mains en priant. Mais les disciples les écartèrent vivement. Jésus leur dit : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. »
Acte de foi
Symbole des Apôtres
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,
Créateur du ciel et de la terre.
Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur;
qui a été conçu du Saint-Esprit,
est né de la Vierge Marie,
a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié,
est mort et a été enseveli,
est descendu aux enfers ;
le troisième jour est ressuscité des morts,
est monté aux cieux,
est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
d’où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois en l’Esprit Saint,
à la sainte Église catholique,
à la communion des saints,
à la rémission des péchés,
à la résurrection de la chair,
à la vie éternelle.
Amen.
Prières simples du chrétien
Notre Père
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui
notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Amen.
Je vous salue, Marie
Je vous salue, Marie, pleine de grâce ;
le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
priez pour nous, pauvres pécheurs,
maintenant et à l’heure de notre mort.
Amen.
Réjouis-toi, Marie
Réjouis-toi, Marie, comblée de grâces,
le Seigneur est avec toi
tu es bénie entre toutes les femmes
et Jésus, ton enfant, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
prie pour nous, pécheurs,
maintenant et à l’heure de notre mort.
Amen.
Invocation mariale
Cœur immaculé de Marie,
refuge des pécheurs,
mère du bon conseil,
viens à notre secours.
Souvenez-vous
Souvenez-vous,
ô très miséricordieuse Vierge Marie,
qu’on n’a jamais entendu dire
qu’aucun de ceux qui ont eu recours
à votre protection,
imploré votre assistance
ou réclamé votre secours, ait été abandonné.
Animé de cette confiance,
ô Vierge des vierges,
ô ma Mère, je viens vers vous,
et gémissant sous le poids de mes péchés,
je me prosterne à vos pieds.
Ô Mère du Verbe incarné,
ne méprisez pas mes prières,
mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer.
Amen.
Vierge de l’écoute
Vierge de l’écoute,
étoile de l’espérance,
mère de la miséricorde,
source à travers laquelle Jésus est venu au monde,
notre vie et notre joie,
nous te remercions
et nous te renouvelons l’offrande de notre vie,
certains que tu ne nous abandonnes jamais,
en particulier dans les moments sombres
et difficiles de l’existence.
Accompagne-nous toujours :
maintenant et à l’heure de notre mort.
Amen.
Méditation
Texte de méditation : « Un grand amour m’attend » (attribué à St Jean de la Croix)
Ce qui se passe de l’autre côté, quand tout pour moi aura basculé dans l’éternité. Je ne le sais pas ! Je crois, je crois seulement qu’un grand amour m’attend.
Je sais pourtant qu’alors, pauvre et dépouillé, je laisserai Dieu peser le poids de ma vie. Mais ne pensez pas que je désespère. Non, je crois, je crois tellement qu’un grand amour m’attend.
Maintenant que mon heure est proche, que la voix de l’éternité m’invite à franchir le mur, ce que j’ai cru, je le croirai plus fort au pas de la mort.
C’est vers un amour que je marche en m’en allant, c’est vers son amour que je tends les bras, c’est dans la vie que je descends doucement. Si je meurs ne pleurez pas, c’est un Amour qui me prend paisiblement.
Si j’ai peur ? Et pourquoi pas ! Rappelez-moi souvent, simplement, qu’un amour m’attend.
Mon rédempteur va m’ouvrir la porte de la joie, de sa lumière.
Oui, Père ! Voici que je viens vers toi comme un enfant, je viens me jeter dans ton amour, ton amour qui m’attend.
Méditation pour une personne qui travaille auprès des personnes en fin de vie : « Marcher au pas de la vie » (Madeleine Delbrêl)
C’est la vie qui nous prépare à mourir :
et elle connaît bien son métier.
Il suffit de l’écouter, de la voir, de la suivre.
Elle nous explique la mort petitement,
ou grandement selon les jours.
Quelquefois sans nous faire du tout de mal.
D’autres fois en nous disloquant de douleur.
Quelquefois en soulignant nos petites morts quotidiennes,
d’autres fois en étendant morts
ceux que nous aimons plus que nous-mêmes.
De même qu’en regardant notre jardin,
nous ne sommes pas consternés
par le jaunissement d’un brin d’herbe,
soyons intéressés par les « siècles des siècles »,
pour que le temps de notre vie nous indiffère,
et pour que tout ce que nous aimons
soit déjà transféré dans une éternité tranquille.
Ainsi apprenons-nous à mourir de mort,
pour vivre de vie authentique.