Soigner la ritualité lors des célébrations de mariage
Par Pascal Sarjas, prêtre, ancien responsable PLS du diocèse de Metz et actuel recteur du Grand Séminaire de Lorraine (Metz).
La diversité des assemblées de mariage nous invite à soigner particulièrement la ritualité pour permettre à la célébration d’être un temps d’intériorité.
De l’ambiance festive à la joie priante
La célébration du mariage est souvent marquée par l’ambiance festive, les retrouvailles familiales, la présence d’enfants, et il n’est pas toujours facile de réunir cette assemblée dans la prière.
L’accueil des fiancés au seuil de l’église, la solennisation de l’entrée par une procession, l’installation des convives dans l’église devront manifester une profonde attitude de bienveillance de la part du président comme le souligne le n°135 du Rituel du mariage : « Le prêtre ou le diacre… se rend à la porte de l’église, accueille les futurs époux et leur souhaite la bienvenue pour montrer que l’Eglise prend part à leur joie ».
Une même assemblée
Le positionnement des fiancés, plutôt tournés vers l’autel, dans une proximité avec l’assemblée dont ils font partie, permettra d’éviter la théâtralisation du rituel du mariage. Le mot d’accueil prenant en compte les différents membres de l’assemblée pour que chacun se sente reconnu, l’invitation à entrer dans un temps de célébration marquée par l’intériorité, pourront susciter l’intérêt des personnes. De même, le ton de la voix du président et sa manière de s’adresser aux personnes permettront l’attention. Il s’agit de trouver le juste équilibre entre la bienveillance amicale et la solennité du moment présent.
Salutation et prière d’ouverture
C’est la salutation liturgique, le chant d’entrée, et la prière d’ouverture qui feront entrer dans la dimension religieuse du mariage.
La question du chant dans les célébrations de mariage sera importante pour donner le sens et sortir d’une idée d’animation. Choisir, pour le temps de la prière, uniquement des chants liturgiques offre à l’assemblée de percevoir qu’au cœur même de la fête, le temps de la célébration marque une dimension religieuse, liée à la foi de l’Église, et que les chants sont appelés à exprimer.
La façon de mettre en œuvre la prière d’ouverture portera au silence. Inviter au silence et à la prière et donner du temps pour ce silence, permettront à l’assemblée de se poser et de chercher une forme d’intériorité. La lecture lente et articulée de l’oraison, choisie pour s’adapter à la situation des mariés, et intégrant les prénoms des fiancés, marquera une première étape dans la suite des prières de bénédictions.
De la joie d’être ensemble à l’écoute d’une parole de vie
Une préparation biblique
Le choix des textes bibliques selon le lectionnaire propre mérite une réflexion approfondie durant la préparation avec les fiancés. En effet, ne s’agit il pas de passer du « texte qui nous plaît » au texte qui donne du sens à l’engagement au mariage ? Ceci demande un temps de catéchèse biblique pour entrer dans la proposition de l’Église au travers de ce lectionnaire et pour saisir la théologie particulière de cette célébration.
Introductions et homélie
La mise en œuvre de la liturgie de la Parole requiert une attention spécifique. Le choix des lecteurs demandera un discernement et une répétition dans l’église est opportune pour que ces textes soient proposés à l’écoute de toute l’assemblée. Nul ne peut prétendre connaître l’écho des textes bibliques dans le cœur de chacun, mais au moins pour certains d’entre eux, il sera utile de proposer une petite introduction pour les resituer dans leur contexte et donner l’une ou l’autre clé de compréhension.
L’homélie, comme le souligne la note n°154, devra tenir compte des personnes présentes et non pas se concentrer sur le couple lui-même. L’adaptation nécessaire à l’auditoire demande à celui qui a la charge de l’homélie de connaître quelque peu la composition de l’assemblée en lien avec les fiancés.
De l’engagement réciproque au mariage devant toute l’assemblée
Après la liturgie de la Parole, le Rituel fait entrer dans les rites du mariage proprement dit. L’invitation des témoins à s’avancer auprès du couple, le rapprochement du président et des servants d’autels ne doivent pas donner l’impression d’une forme de recentrement sur le couple, sans lien avec l’assemblée.
Marquer les étapes
Le Rituel propose un certain nombre d’introduction aux différentes étapes du mariage qui seront à faire entendre de tous. Un refrain de louange pourra scander ces étapes, en particulier après la réception de l’échange des consentements et à la suite de la remise des alliances.
La sonorisation devra permettre à tous d’être témoins de l’engagement des époux. Le « oui » prononcé devient parole de vie, source de joie et d’action de grâce pour toutes les personnes présentes.
La bénédiction
Pouvant désormais suivre les rites d’engagement, la bénédiction nuptiale sera mise en œuvre de telle sorte que tous perçoivent le lien étroit avec le mariage. L’introduction adressée à tous, la place du silence, le geste de l’imposition des mains donneront à cette nouvelle étape une dimension sacramentelle plus manifeste.
L’invitation à permettre aux nouveaux époux d’exprimer leur prière devra aussi être préparée soigneusement pour que ce soit une véritable prière et non un discours adressé à l’assemblée. Elle donnera à la démarche des époux une touche plus personnelle tout en étant un témoignage de ce que représente pour eux l’engagement qu’ils viennent de prendre.
De la présidence pour les célébrations de mariage
La fonction présidentielle dans la célébration du mariage doit permettre ces passages pour offrir à toute l’assemblée la possibilité d’entrer dans une dimension religieuse et profonde de la fête des noces. La qualité de la présence du président, sa simplicité et sa capacité à ce que chacun se sente concerné donneront à la célébration une intériorité qui aura pour effet la joie de tous les convives autour des nouveaux époux.