La communication dans l’assemblée

Messe à Saint-François de Molitor

Messe à Saint-François de Molitor

Il s’agit d’un thème essentiel de notre réflexion et de notre action. Les raisons en sont à la fois d’ordre théologique, d’ordre pastoral et d’ordre pratique.

  • Raison théologique

La liturgie est toute entière « communication » entre Dieu et son peuple.

Tout ce dont se compose la célébration : paroles, chants, gestes, ministères, etc… n’est jamais une simple chose de ce monde (comme serait enseigner, faire de la musique, manger ensemble, etc.). Chaque action, chaque objet, sont pris comme des « signes » ; c’est-à-dire qu’ils renvoient toujours à « autre chose ». Par eux, tantôt Dieu nous fait signe (Dieu nous parle ; Dieu se donne à nous en nourriture) ; tantôt nous posons ce signe pour Dieu (d’adoration, de supplication, de louange).

Dans les signes de la liturgie, nous communiquons avec Dieu, par Jésus-Christ, dans l’Esprit, soit pour recevoir sa grâce, soit pour lui rendre un culte spirituel. On exprime la même chose en disant que la liturgie est d’ordre sacramentel, comme le Verbe incarné qui est communication (Médiateur) entre Dieu et les hommes ; comme l’Église qui est médiation du salut : « à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et l’unité de tout le genre humain (Lumen Gentium, 1).

  • Raison pastorale

La communication se fait toujours, dans la liturgie par des signes sensibles (personnes, actions, objets). Le rôle de la pastorale liturgique est précisément d’assurer une participation vraie à ces signes, c’est-à-dire d’assurer le passage des choses visibles aux réalités invisibles.

Or, il y a à cela deux conditions : Il faut d’abord croire en Jésus-Christ puisque c’est toujours lui qui est « désigné » dans la liturgie (Il est la Parole, le Pain, la Lumière, etc..) ; c’est lui seul qui donne leur sens propre aux sacrements et mystères ; sans Lui, il ne se « passerait » rien dans nos assemblées.

Mais i faut aussi que les signes sensibles utilisés dans la célébration soient un « moyen » effectif de communication, c’est-à-dire qu’il faut qu’ils aient « du sens » pour les hommes qui célèbrent (par exemple, si j’ignore la langue utilisée dans la prière, je ne puis vraiment parler à Dieu), et que cela les porte dans « le bon sens » (par exemple , le geste employé pour vénérer l’autel doit inspirer le respect et non le manque de respect – ce qui peut exclure le baiser en certaines civilisations).

  • Raison pratique

La question qui se pose est celle de la communication des sens.

Ne dit-on pas sans cesse, à propos de telle traduction, de tel geste, de telle cérémonie : « Cela ne passe pas ! » Et on conclut : il faut changer cela ! Mais que faut-il changer ?

La réalité sociale de l’assemblée liturgique

Pas de liturgie sans assemblée

La liturgie est un « service public », où le Seigneur sert et sauve son peuple, où le peuple sert et célèbre son Dieu.

Comme lorsque Jésus lava les pieds de ses disciples ou leur rompit le pain, Dieu, pour servir son peuple, se sert du ministère des personnes humaines. Il n’y a donc pas de liturgie sans que des personnes « fassent signe » à d’autres personnes (c’est-à-dire sans ministre) ; pas de liturgie sans le peuple auquel Dieu fait signe.

Cela suppose toujours un rassemblement, si petit soit-il – minimum deux personnes, comme dans la confession individuelle : le pénitent, qui vient se réconcilier avec Dieu et l’Église ; le prêtre, ministre de Dieu et de l’Église.

Tous les sacrements sont des actions publiques et supposent une assemblée. Sauf exceptions justifiées, il n’y a de liturgie solitaire qu’à l’état violent : par exemple la messe est un repas commun qu’on prend seul; le bréviaire est l’office de l’Eglise qu’on célèbre seul, etc.

Hommes assemblés : mystère de communion

Comme toute réalité liturgique, le fait « d’être ensemble » pour les hommes qui sont là, constitue tout à la fois une réalité humaine, et un évènement de l’histoire du salut. Dans l’assemblée, le Royaume de Dieu arrive.

Bien plus, la réalité humaine des hommes assemblés est elle-même « signe » de la réalité divine du Royaume, rassemblant tous les hommes pour les unir avec Dieu et entre eux. Ainsi l’assemblée est mystère (à la fois manifestation et réalité) de communication dans l’esprit, parce qu’elle est le signe même de l’Église, c’est-à-dire qu’elle manifeste et réalise le rassemblement du peuple de Dieu.

Théologie et anthropologie

On peut donc étudier l’assemblée liturgique de deux points de vue :

a) En tant que mystère, on peut faire la théologie de l’assemblée chrétienne. On étudiera ses caractéristiques : rassemblement dans la foi, où le Christ est présent et agissant, regroupant sans distinction tous les croyants, en une structure hiérarchique, dans une visée eschatologique, etc.
Tout cela est nécessaire pour faire la catéchèse de l’assemblée. Cet aspect a été particulièrement bien étudié et mis en lumière depuis le renouveau liturgique contemporain. (1)

b) En tant que réalité sociale d’hommes se trouvant ensemble, l’assemblée liturgique est un donné humain qui a ses composantes et ses lois : un individu ne réagit pas de la même manière s’il est avec dix personnes ou avec dix mille, s’il connaît ou ne connaît pas les autres, s’il est du pays ou étranger, etc…
Si pour enseigner la grammaire à John, il faut d’abord connaître John, et pas seulement la grammaire, pour célébrer une bonne liturgie, il ne faut pas seulement en connaître la théologie, il faut encore savoir qui sont ceux qui doivent la célébrer et comment se comporte l’assemblée.

Connaître l’assemblée

Connaître l’assemblée, ce n’est pas seulement connaître les individus dont elle se compose. Cela est fort souhaitable, mais insuffisant. Il faut encore savoir leurs réactions quand ils sont ensemble. Certaines sciences de l’homme (sociologie, psychologie de la société, anthropologie culturelle) peuvent être sur ce point d’une aide considérable pour la pastorale.

L’expérience et le bon sens et les assemblées n’ont pas attendu, pour fonctionner, les sciences modernes ! Observons toutefois que nos assemblées liturgiques contemporaines posent une quantité de problèmes relativement nouveaux et fort complexes que l’empirisme pastoral ne suffit pas toujours à résoudre.

Assemblée et communauté, groupe et public

Le terme d’assemblée apparaît désormais consacré par le renouveau liturgique pour désigner cette réalité bien particulière qu’est la réunion d’hommes croyant au Christ, venus pour célébrer ses mystères dans la liturgie de l’Église.

La notion d’assemblée liturgique est donc surtout théologique. Elle peut désigner les réalités humaines et sociales les plus diverses : un groupe de quatre personnes ou un congrès de dix mille ; des gens qui se connaissent ou qui ne se connaissent pas, qui participent ou non, etc.

Pour entreprendre une action pastorale sur l’assemblée, il faut regarder les choses de plus près et analyser les diverses manières pour les fidèles d’être ensemble dans telle ou telle célébration.

C’est ainsi que la sociologie comme la psychologie des groupes distingue plusieurs types de relations sociales qu’il faut connaître.

 

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