Les voies nouvelles de la pluriministérialité en liturgie

Reprenant une conférence prononcée lors du colloque annuel de l’Institut supérieur de liturgie (janvier 2023) « La liturgie, épiphanie de l’Église », l’article porte sur la pluri ministérialité dans la liturgie. À partir de la Présentation générale du Missel romain et des textes promulgués par le pape François sur les ministères institués, Sr Dominique Waymel, sœur apostolique de Saint-Jean, professeure extraordinaire au Theologicum de l’Institut catholique de Paris, porte un regard d’ecclésiologue sur la liturgie qui la conduit à qualifier la liturgie d’« épiphanie de la dynamique mystique et missionnaire du ministère de l’Église ».

L’auteur part du constat qu’en France, la liturgie est bien épiphanie de l’Église, mais d’une Église fracturée. Toute réflexion doit intégrer ce constat : cette épiphanie qui s’opère dans et par la liturgie est inséparablement la manifestation de fractures ecclésiales.

Or si le contexte sociétal extérieur à la liturgie explique pour une bonne part cette fragmentation, voire cette archipélisation des assemblées eucharistiques, ne conviendrait-il pas d’interroger avant tout la conception de la liturgie ? Celle-ci ne reste-t-elle pas trop marquée par une approche certes individualiste, mais aussi uniquement christologique ? Nos frères chrétiens, ont souligné au moment du Concile, le déficit pneumatologique de la théologie catholique. Paul VI après celui-ci, affirmait à l’audience générale du 6 juin 1973 : « À la christologie, spécialement à l’ecclésiologie du Concile doivent succéder une étude nouvelle et un culte nouveau du Saint- Esprit, précisément comme complément indispensable de l’enseigne- ment du Concile ».

Si tel est le cas, alors l’accueil de la diversité des dons, des offices, des ministères autrement dit, de la pluriministérialité au sein même de l’action liturgique et particulièrement de la célébration eucharistique, n’est-elle pas le chemin pour redonner à la liturgie toute sa puissance d’actualisation du mystère du Christ et de la nature authentique de l’Église ? La pluriministérialité – qui permet de prendre de la distance par rapport à une approche qui voit dans le ministre ordonné le seul acteur de la célébration – ne serait-elle pas le chemin à prendre pour relever le défi qui se présente à nous, lequel consiste à redonner de l’espace à la liturgie ? L’assemblée eucharistique deviendrait alors une épiphanie de l’Église dont la catholicité et la communion seraient dans l’Esprit Saint, un fruit de l’œuvre de salut en Jésus Christ.

Pour développer son argumentataion, l’auteure revient dans un premier temps au chapitre III de la Présentation générale du Missel romain « les offices et les ministères dans la messe », chapitre qui est révélateur d’une voie nouvelle par rapport aux représentations spontanées de la liturgie comme affaire du prêtre. Cela l’amène dans un second temps à montrer combien la place donnée à la liturgie honorant la pluriministérialité, est une manifestation de la catholicité de l’Église. Cette nouvelle étape de la réception de l’ecclésiologie conciliaire permet de saisir la liturgie comme « épiphanie de la dynamique mystique et missionnaire de l’Église ».

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Cet article s’ajoute à une série publiée par la revue La Maison-Dieu. La mise en œuvre depuis 2021 de la nouvelle traduction francophone du Missel romain invite en effet à approfondir le sens de la messe et à redécouvrir la place de la ritualité. Depuis son n° 305, cette revue d’études liturgiques et sacramentelles éditée par le SNPLS présente régulièrement un article pour développer l’un ou l’autre enjeu théologique ou pastoral du service de la prière eucharistique de l’assemblée.