Bénédiction de la table familiale
La table familiale, un lieu d’action de grâce
La table familiale est source de vie. Elle est en cela une invitation à l’action de grâce. C’est autour d’une nourriture préparée et partagée que nous apprenons les fondamentaux de notre vie d’homme, l’ouvrant à la transcendance en commençant simplement par dire merci. La prière de bénédiction de la table –Benedicite– s’inscrit dans cette sagesse.
« La table commune : un défi pour aujourd’hui »
Avant de prier autour d’une table, encore faut-il s’y réunir. Dans la vie de nombreuses familles, le repas habituellement partagé, ne va plus de soi. Se nourrir devient un acte individuel. Cette dérégulation de la table doit inciter les chrétiens à réhabiter ce lieu central dans leur vie d’homme et de croyant. En situation de diaspora, l’hospitalité de la table des foyers chrétiens sera un lieu décisif pour la nouvelle évangélisation.
Bénir Dieu, créateur de tout bien
La prière de bénédiction est une parole d’alliance (Gn 26, 3), une parole qui « fait du bien », dans un double mouvement ascendant et descendant. Elle est perçue aujourd’hui le plus souvent d’abord dans sa dimension descendante. On demande à Dieu de bénir les personnes et les dons. Cette approche peut être source de malentendu. Il ne s’agit pas de sanctifier la nourriture, car les créatures sont bonnes, ni de « sacraliser » l’acte du repas familial qui en soi est déjà saint, mais de bénir le Créateur, c’est-à-dire de le remercier d’être présent au milieu de nous et de nous donner la vie. Cette action de grâce, respiration naturelle de notre sacerdoce commun, devient à son tour le lieu et le moment où Dieu lui-même se révèle bénédiction pour l’homme.
Célébrer une bénédiction
Le chapitre 24 du Livre des bénédictions constitue un outil précieux. Il propose cinq schémas différents de prière pour la table. Forme dialoguée, oraisons, choix de textes scripturaires…bénédictions courtes, longues, il y en a pour tous les goûts et pour tous les temps liturgiques. La prière de la table est ainsi connectée à l’année liturgique. Un compagnonnage simple s’impose pour aider des familles à s’approprier cette prière. Quelle que soit la formule retenue, il s’agit de saisir une clef : on ne récite pas une formule mais on célèbre une bénédiction. Un temps de silence, une attitude commune autour de la table debout ou assis, où l’on peut s’attendre paisiblement un signe de croix posé amplement, un chant éventuellement, une diction calme et audible qui pèse les mots, donnent sens. En début et/ou fin de repas, cette célébration sera très simple pour le quotidien, plus déployée pour le dimanche et les moments festifs. La qualité des échanges qui suivront, en bénéficiera.
Se laisser transformer jour après jour
En prenant notre nourriture ensemble, nous célébrons le mystère de la vie. C’est au cours d’un repas que l’institution de l’eucharistie nous a été révélée. Comprendre la liturgie comme source de la vie spirituelle, c’est ressaisir le temps du repas comme geste d’un même mouvement. N’oublions pas qu’en rendant grâce des dons que le Seigneur nous fait, nous posons l’hospitalité envers les plus fragiles comme notre bien le plus précieux et la place du pauvre devient le trône de Sa présence. La table familiale, jour après jour, est appelée à transformer nos logiques de consommation en logique de communion.
Version abrégée d’un article de François MEUSNIER, membre de la communauté Ecclesiola, paru dans la revue Célébrer n° 405, p » 44-45