Temps de mystagogie à vivre avec les néophytes
Par Marie-Pierre Ritzenthaler, déléguée PLS de la province de Besançon
Dans de nombreux diocèses, de nouveaux baptisés, les néophytes, font leurs premiers pas dans la vie chrétienne. Après avoir reçu les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie, ils achèvent leur initiation chrétienne proprement dite par le temps de la mystagogie. C’est du moins ainsi que le prévoit le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes (RICA). Dans les faits, et pour de multiples motifs, la confirmation fait souvent office de sacrement de fin d’initiation. Pour autant, il serait dommage de ne pas prendre en compte l’intuition fondamentale de l’initiation chrétienne, laquelle ne situe pas les sacrements comme conclusion d’un parcours mais les fait précéder un dernier temps : celui de la mystagogie.
Voici quelques points d’attention pour proposer un temps de mystagogie à vivre avec des néophytes.
Le temps de la mystagogie fait partie de l’initiation chrétienne
D’après les notes pastorales du RICA (n. 238), pendant les semaines qui suivent leur baptême, les néophytes font « l’expérience nouvelle et fréquente des sacrements ». Entourés de leurs parrain et marraine, et de toute la communauté, ils apprennent à méditer l’évangile, à participer à l’eucharistie et à exercer la charité, « en vue de l’affermissement de leur vie chrétienne et de leur insertion pleine et joyeuse dans la communauté ». Ce temps de la mystagogie se termine à la fin du Temps pascal. Le temps de la mystagogie nécessite donc une certaine durée que le RICA identifie au Temps pascal.
Quand nous parlons ici de « temps de mystagogie », nous envisageons une proposition spécifique de quelques heures (matinée, journée…) mais qui demanderait d’être située dans un projet plus large, articulé avec des propositions paroissiales sur l’ensemble du Temps pascal.
Un temps de mystagogie à vivre avec les néophytes
Un temps fort diocésain
S’il est acquis que le rite de l’appel décisif et de l’inscription du nom est un temps fort diocésain, présidé par l’évêque le premier dimanche de Carême, des diocèses s’essaient aussi dans la proposition d’un autre temps fort, afin de marquer la fin de l’initiation chrétienne : « Pour clôturer le temps de la mystagogie, à la fin du Temps pascal, vers le dimanche de la Pentecôte, aura lieu une célébration adaptée ; on pourra y ajouter les réjouissances conformes aux coutumes locales. » (RICA n. 241). « Pour nouer des relations pastorales avec les nouveaux membres de son Église, et surtout s’il n’a pas présidé lui-même aux sacrements de l’initiation, l’évêque aura soin de réunir, au moins une fois par an si possible, les néophytes récemment baptisés, pour une célébration eucharistique qu’il présidera, et où ils pourront communier sous les deux espèces » (RICA n. 243). Cette proposition pourrait être faite la veille de la fête de la Pentecôte ; y seraient invités les néophytes du diocèse, avec leurs accompagnateurs et leurs familles. Pour marquer l’unité de la démarche vécue depuis l’appel décisif, il serait bon de se retrouver dans le même lieu que celui où a été célébré ce dernier.
Un partage d’expériences
Après un accueil convivial, on permettra aux néophytes de s’exprimer sur ce qu’ils ont vécu la nuit de Pâques : leur joie, leur appréhension, leur soulagement, la conviction de faire partie d’une nouvelle famille, peut-être leur envie toute neuve de s’engager dans une activité paroissiale … On n’oubliera pas de susciter aussi des souvenirs sensoriels : l’eau qui coule sur eux, le parfum du saint chrême, la lueur du cierge pascal, l’enveloppement dans un châle ou une écharpe blanche, les paroles prononcées, la Parole entendue, les chants … Des signes par lesquels Dieu se dit et se donne avec amour à ses enfants nouveaux nés à la foi.
Une catéchèse mystagogique
Rites, Bible et vie chrétienne « ordinaire » sont les piliers de la catéchèse mystagogique. L’évêque s’appuiera sur les paroles des néophytes. Ainsi, tout en interprétant les rites des sacrements de l’initiation chrétienne, à la lumière de l’histoire du Salut, il pourra montrer leur signification en relation avec la vie chrétienne dans toutes ses dimensions. Les textes bibliques du Temps pascal, avec les messes dites des néophytes, sont particulièrement source de sens pour entrer dans le mystère célébré.
La célébration
Un espace réservé
À l’issu de ce temps de partage et de catéchèse, on invitera néophytes, accompagnateurs et familles à célébrer la vigile de la Pentecôte. Comme tout au long du Temps pascal, les néophytes, revêtus de leur écharpe blanche (ou autre vêtement), seront rassemblés dans les premiers bancs de l’assemblée. Cet espace réservé pour eux dans l’église, témoigne qu’ils sont les enfants privilégiés de l’Église, et rappellent à tous les baptisés la grâce de leur baptême.
La déposition du vêtement blanc
Au cours de cette célébration pourrait être proposé le geste de la déposition du vêtement blanc, célébré traditionnellement le Dimanche in albis (depositis) : ce jour-là, les néophytes paraissaient pour la première fois à l’église sous les habits ordinaires. Cela signifiait qu’ils étaient désormais des chrétiens « majeurs ».
À quel moment célébrer ce rite ?
- si on propose la déposition du vêtement blanc avant la profession de foi, on mettra en lumière le fait que les néophytes deviennent des chrétiens capables de rendre compte de leur foi ; – si on la propose après la communion, on insistera davantage sur la participation régulière à l’Eucharistie qui fait des baptisés des chrétiens adultes dans leur foi ;
- si on la propose juste avant l’envoi, on signifiera que des chrétiens adultes dans la foi sont envoyés témoigner dans le monde.
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M.-P. Ritzenthaler – Temps de mystagogie à vivre avec les neophytes