Noël : la messe de la nuit et la messe du jour
Une seule fête et plusieurs célébrations eucharistiques : petits rappels liturgiques sur la messe de la nuit et la messe du jour de Noël.
Messe de la nuit
La nuit est un des éléments principaux à la fois des textes bibliques et aussi de la liturgie elle-même.
Le récit évangélique indique que « les bergers passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux » (Lc 2, 1-14). Et cette nuit est « très sainte » (ce que signifie Weihnachten, traduction allemande de Noel). Souvent symbole du péché et de l’ignorance dans la Bible, la nuit de la Nativité est au contraire semblable à celle de la Genèse, celle des origines « où rien n’existe hormis l’Amour » (Didier Rimaud, Voici la Nuit).
L’itinéraire de l’année liturgique conduit l’Église à une autre nuit et pourtant semblable, celle de Pâques.
Elle aussi est nuit très sainte, celle où le Seigneur passe de la mort à la vie. L’Exultet chante la nuit où le ciel s’unit à la terre et où l’homme rencontre Dieu. C’est le mystère de l’Incarnation.
Messe du jour de Noël : Le Verbe s’est fait chair
Les deux lectures de la messe du jour de Noël concernent la parole de Dieu : le début de la lettre aux Hébreux (He 1, 1-2) où il est question de Dieu qui par le passé a parlé de diverses manière et dans ces derniers temps parle par son Fils, et le Prologue de l’évangile de Jean.
La traduction liturgique de la Bible utilise le terme « Verbe » pour traduire le grec « Logos ». Le Logos dans la pensée grecque signifie à la fois « raison » et « parole ». Mais le Logos johannique correspond aussi à ce que l’Ancien Testament dit de la « parole de Dieu ». Cette parole sert à communiquer avec les hommes (par les prophètes) et à connaître le dessein de Dieu. Elle est aussi la parole créatrice et dynamique : « Il dit et cela fut » (Ps 33, 6-9).
Le Logos s’est incarné (Jn1,14). Le mot « chair » traduit la complète humanité du Christ ainsi que la fragilité de la nature humaine. « Le Verbe s’est fait chair » témoigne d’un véritable événement, d’un nouveau mode d’existence du Verbe. Il n’a pas revêtu notre humanité comme un simple vêtement mais il a assumé pleinement l’existence humaine tout en restant le Verbe de Dieu.
« De peur qu’en entendant ces paroles : « Au commencement était le Verbe » tout en comprenant que le Fils est éternel, vous n’alliez vous imaginer que le Père soit plus vieux que lui, qu’il le précède de quelque intervalle et que, par suite, vous n’attribuiez un commencement au Fils unique, l’évangéliste ajoute : Il était au commencement avec Dieu », ainsi le Fils est éternel comme le Père, car le Père n’a jamais été sans son Verbe. »
- Jean Chrysostome, Commentaire sur l’évangile selon saint Jean, Hom. 4, 2012, Artège, p. 29.
Extrait de Célébrer n°394