Des rôles-clefs pour animer la liturgie : le cérémoniaire
Par Joseph Gélineau, († 2008) père jésuite, liturgiste et compositeur de musique sacrée.
Celui qui veille au bon déroulement : le cérémoniaire.
Dans la « messe chantée » d’avant Vatican II, il y avait parmi les enfants de chœur, un cérémoniaire, censé guider les autres. Dans les célébrations épiscopales, un « maître des cérémonies » remplissait ce rôle. L’actuelle Présentation générale du Missel romain ne nomme plus spécifiquement le cérémoniaire parmi les services liturgiques. Mais fait cet important rappel : « II est bon que, surtout dans les églises et les communautés importantes, quelqu’un soit désigné pour veiller à ce que les actions sacrées soient bien organisées et accueillies par les ministres avec beauté, ordre et piété. » (PGMR, n° 69)
Quoiqu’il en soit du nom de « cérémoniaire » parfois contaminé par le sens péjoratif de l’adjectif cérémonieux il apparaît évident qu’une fonction de régie, individuelle ou collégiale, doit être assurée dans les célébrations importantes et même dans les messes du dimanche avec le peuple. Si les choses ne sont pas prévues et suivies, on risque de tomber dans la routine ou l’improvisation . Comment peut-on, aujourd’hui, envisager un rôle – masculin et féminin – de cérémoniaire dans nos liturgies actuelles ?
Selon la nature de l’assemblée La nécessité du cérémoniaire ne sera pas la même selon qu’on a à faire à une célébration exceptionnelle (nuit pascale, baptêmes, grand rassemblement, etc.), à un dimanche ordinaire ou à une messe de petit groupe. La première nécessitera une équipe de plusieurs personnes (celui qui accompagne le célébrant principal, celui qui veille sur ce qui se passe dans le sanctuaire, ceux qui veillent sur ce qui se passe dans l’assemblée…). La troisième n’exigera pas de cérémoniaire. Notre réflexion vise ici, la situation médiane : les messes du dimanche avec peuple.
Principes d’une bonne régie en liturgie
Une bonne régie qui peut garantir un bon déroulement relatif de la célébration, demande à être envisagée selon trois temps : avant, juste avant et pendant.
1. La préparation générale
II est souhaitable que la préparation générale d’une liturgie (ou de plusieurs à la fois) ne soit pas le fait d’une seule personne mais soit réalisée par un groupe. C’est souvent le cas des équipes liturgiques. Il ne suffit pas d’avoir prévu les chants, les lecteurs et les intentions de prière. Il ne faut pas en rester mentalement à ce qui se passe dans le sanctuaire ! Il faut aussi se préoccuper de la manière dont la liturgie sera perçue de l’assemblée (le nombre et l’âge des intervenants, l’homogénéité ou la diversité qu’ils représentent, leurs compétences, la qualité de mise en œuvre envisagée, les éléments caractéristiques de tel jour, etc.) On n’oubliera jamais que la liturgie est pour le peuple et non le peuple pour la liturgie. Comme il est naturel, c’est là que l’on prévoit les responsabilités individuelles pour chaque célébration.
2. La préparation immédiate
Vient le jour de la célébration. C’est ici que le « régisseur » ou cérémoniaire exerce sa responsabilité de veiller à ce que tout se mette correctement en place : disposition des membres de l’assemblée et place des ministres, éclairage, luminaires, sono, livres de chants, vêtements des ministres, préparation des oblats, de la croix de procession, de l’encens s’il y a lieu, etc. II faut éviter que le prêtre célébrant doive vérifier tout cela. Il doit se tenir, autant que possible, disponible pour l’accueil même s’il y a un service d’accueil et rester intérieurement libre pour la Parole et la prière, comme les autres intervenants. Le cérémoniaire veille à ce que chacun sache exactement ce qu’il a à faire et soit rassuré.
3. Durant la célébration
Selon le principe énoncé dans la Constitution sur la sainte liturgie de Vatican II, chacun, dans la célébration, fait tout ce qui lui revient et cela seulement (PGMR, n° 58). C’est à cela que doit principalement veiller un cérémoniaire : un livre qui manque, une sono mal réglée, une lumière qui s’éteint, un lecteur qui n’est pas là, etc. ; ce n’est pas à l’un des ministres du sanctuaire d’intervenir. Plus important encore surtout s’il n’y a pas de service d’accueil est ce qui se passe dans l’assemblée : inviter à mieux se regrouper ; trouver une bonne place pour les enfants, accueillir telle personne qui semble perdue, un groupe inattendu de scouts, telle famille venue à cause de l’intention de la messe, etc. Le cérémoniaire est celui qui veille à ce que chaque intervenant fasse ce qui lui revient au bon moment et au bon endroit. Pour cela, il doit connaître parfaitement le déroulement de la célébration et savoir qui fait quoi. Il doit avoir également une très bonne connaissance des rituels pour pouvoir improviser en cas de nécessité. Ces services deviennent encore plus nécessaires s’il y a, ce jour là, des rites spéciaux à cause d’une fête ou de sacrements concernant des personnes particulières.
On voit que le rôle de cérémoniaire tel que nous le présentons ici n’est guère ritualisé ni ritualisable. On comprend que les livres liturgiques ne le nomment pas parmi les ministres ordinaires. Les ministres des rites sont un peu comme des rouages : il faut que quelqu’un veille à ce qu’il y ait de l’huile dans les rouages !
Cette sorte de veilleur doit évidemment bien connaître la liturgie et son déroulement. Et en priant lui-même comme membre de l’assemblée, il sentira ce qui peut l’aider à bien célébrer dans l’unité et la ferveur.
Article extrait de la revue Célébrer n°309, décembre 2001-janvier 2002
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J. Gélineau – Des rôles-clefs pour animer la liturgie : le cérémoniaire