Hypertrophie du Triduum pascal ?
Par Bénédicte Ducatel, Collaboratrice à Magnificat
Lundi, mardi, mercredi saints : trois jours sans relief, coincés entre la ferveur du dimanche des Rameaux et la splendeur du Triduum pascal ? Trois jours qui font partie de la Semaine sainte sans y jouer un rôle prépondérant, trois jours qui ont leur mot à dire.
Mise en place
Après avoir franchi le seuil de la semaine sainte le jour des Rameaux, nous sommes conviés par l’Église à suivre le Christ « dans sa passion jusqu’à la croix pour avoir part à sa résurrection et à sa vie ». Les trois premiers jours de la semaine sainte ont donc cette vocation propre de nous acheminer vers le Triduum. Ils ne célèbrent pas le « passage » lui-même, mais ils en préparent la célébration, tout comme dans la vie de Jésus ces jours ont été l’ultime mise en place des conditions de ce passage.
La liturgie
Non seulement les lectures des messes quotidiennes évoquent les préparatifs de la Passion à travers la trahison de Judas, mais elles mettent en avant la figure du Serviteur souffrant d’Isaïe qui culmine le vendredi saint. La liturgie des Heures, quant à elle, travaille sur les deux versants du mystère pascal. Mort et résurrection s’entrecroisent et se répondent tant dans la lecture suivie de la lettre aux Hébreux que dans les antiennes, les répons et les intercessions. Ces trois premiers jours et demi – car le Triduum ne commence que le jeudi soir – sont tout à fait au diapason de la semaine sainte, même s’ils ne retiennent pas l’attention de la même manière que les trois derniers.
Autres célébrations
Si les trois premiers jours semblent « inoccupés », ils offrent leur espace à d’autres célébrations. Tout d’abord, la messe chrismale placée le jeudi saint par le Missel romain peut être déplacée à un de ces trois premiers jours en un lieu et à une heure qui permettent le rassemblement d’un grand nombre de fidèles. Par ailleurs, au sein des paroisses, les catéchumènes pourront vivre la traditio du Symbole de la foi et du Notre Père au cours d’une des messes des trois premiers jours, permettant à la petite communauté de prendre conscience de l’importance de ces deux trésors de la foi.
Ces jours, apparemment en creux, s’offrent comme un tremplin pour accéder au Triduum.
Comme dans la primitive Église où le « passage » n’était marqué que par la différence entre un jeûne sévère et la joie de l’eucharistie partagée et de la fête qui s’ensuivait, l’inouï du mystère pascal ne se laisse saisir que s’il trouve l’espace pour se dire et être entendu.
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La semaine sainte : une unité à l’épreuve du temps et de l’espace