Le dimanche, jour de baptême
Par Serge Kerrien, diacre et responsable de la PLS du diocèse de Saint-Brieuc. Il est aussi ancien directeur-adjoint du CNPL (aujourd’hui SNPLS)
Nous poursuivons notre lecture des grandes lignes de la lettre apostolique du pape Jean-Paul II, Dies Domini, sur la sanctification du dimanche. S’interroger sur le lien entre dimanche et baptême contribue à revivifier le sens du dimanche et à éclaire nos pratiques pastorales.
« Le dimanche est, en effet, le jour où, plus qu’en tout autre, le chrétien est appelé à se souvenir du salut qui lui a été offert dans le baptême et qui a fait de lui un homme nouveau dans le Christ » (Dies Domini n° 23).
Baptême et eucharistie
Le dimanche est par excellence le jour où l’Église rassemblée fait mémoire de la mort et de la résurrection du Seigneur. Il est de ce fait jour de création nouvelle. L’eucharistie célébrée plonge le chrétien dans le mystère pascal pour faire de lui un homme nouveau dans le Christ. Mémorial du salut, l’eucharistie célébrée est ce chemin de grâce qui invite chaque baptisé à suivre le Christ pour mourir aux ténèbres qui obscurcissent sa vie et laisser l’Esprit faire du neuf en lui.
Pour saisir le lien étroit qui relie baptême et eucharistie, reportons-nous à la Vigile pascale. En cette nuit, la célébration des sacrements de l’initiation chrétienne rappelle l’unité des trois sacrements. Entre eux, existe un lien structurel et structurant qui les rend dès lors, indissociables. Lorsque, dans l’année liturgique et encore bien plus le dimanche, nous célébrons l’un d’entre eux, nous sommes nécessairement renvoyés aux deux autres. Ainsi, chaque eucharistie dominicale renvoie à la grâce du baptême et au don de l’Esprit Saint. Elle nous renouvelle « afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Rm 6,4).
La foi de l’Église
Le dimanche est aussi ce jour où, au cœur même de la liturgie eucharistique, le peuple chrétien proclame sa foi, la foi de son baptême. Si la foi est la rencontre personnelle avec Jésus le Christ, cette foi personnelle dépend aussi de la foi des autres. L’une ne va pas sans l’autre. Proclamer sa foi, chaque dimanche, rappelle au chrétien que son baptême lui fait vivre une relation personnelle au cœur d’une relation commune au Christ Seigneur. Cette foi proclamée en assemblée renvoie au baptême où c’est la foi de l’Église qui porte la foi personnelle. Au-delà du contenu, elle induit des attitudes, un type de relation au Dieu Trinité qui déterminent, pour le chrétien, son existence, sa vision du monde et sa vie dans le monde. Le symbole proclamé le dimanche souligne et ravive la communion dans la foi née de la plongée baptismale.
Liturgie et dimension baptismale du dimanche
Depuis quelques années, nos communautés chrétiennes redécouvrent avec bonheur la dimension sacramentelle du dimanche.
Les étapes de l’initiation chrétienne
Cette dimension est particulièrement vécue et honorée lorsque des chrétiens se réunissent pour des temps de catéchèse, que des catéchumènes sont accueillis et que les étapes de leur chemin d’initiation sont célébrées au cours du rassemblement eucharistique. Bien des communautés ont pris acte de cette dimension sacramentelle en célébrant pendant la messe les baptêmes des petits enfants, les étapes du rituel du baptême des enfants en âge de scolarité, etc. Ce n’est pas toujours simple à mettre en œuvre et le risque est de surcharger la liturgie eucharistique, au point de la rendre insupportable ou de l’instrumentaliser au profit de tel ou tel accent pastoral.
Les dimanches de Carême
Pour honorer la dimension baptismale du dimanche, il ne faut pas négliger ces dimanches de carême où catéchumènes, accompagnateurs et communauté chrétienne se retrouvent. Accompagner les catéchumènes en garants de la foi et le signifier liturgiquement appelle chaque membre de la communauté à se convertir et à se préparer à la commémoration de son propre baptême lors de la vigile pascale. Quant au baptême des petits enfants au cours de la liturgie dominicale, il ne peut qu’aider le chrétien à relire sa vie baptismale pour en accueillir, dans l’eucharistie, la permanence de la grâce.
L’aspersion
La liturgie de la messe recommande, dans le rite pénitentiel, l’aspersion d’eau bénite, particulièrement au temps pascal. Belle manière qu’a la liturgie de rappeler que toute existence chrétienne naît de l’événement baptismal et s’y renouvelle sans cesse. Encore faut-il que l’aspersion soit réalisée de façon signifiante : l’eau du baptême, celle de la fontaine baptismale, parce qu’elle mouille vraiment nos corps, ouvre à la dimension baptismale du dimanche.
Jour mémorial de notre salut, le dimanche est riche de la dimension baptismale puisqu’il fait des chrétiens, des hommes nouveaux dans le Christ. Ils ont été baptisés dans la foi de l’Église. Chaque dimanche, la liturgie les invite à répondre à l’appel que Dieu leur fait au baptême ; elle leur donne, dans l’eucharistie, les moyens de cette réponse. Elle fait de chacun un être pascal.