La prière du Rosaire

Aout 2008: Statuette de la Vierge, bas. Notre-Dame du Rosaire, Lourdes (65), France.

Aout 2008: Statuette de la Vierge, bas. Notre-Dame du Rosaire, Lourdes (65), France.

À son origine, le rosaire est la prière de ceux qui ne sont pas assez savants pour lire les Psaumes, en particulier les « frères » dans les monastères. De même qu’il y a 150 psaumes, le Rosaire consistait à dire 150 Je vous salue Marie répartis en 15 dizaines précédées d’un Notre Père. Ce nombre de 15 a évolué mais il reste que pendant chaque dizaine, on médite un mystère du Christ.

Le Rosaire tire son nom d’une expression du XIVème siècle. Rosaire voulait dire :
« Florilège », recueil de pensées. Il tient une grande place dans la prière du chrétien, en particulier aux XIXème et XXème siècles.
L’histoire du rosaire est complexe, car on y voit converger toutes les formes de piété mariale, mises au service de la prière populaire. Au XIIème , on trouve la répétition du Je vous salue Marie liée à la célébration des cinq joies de Marie (Annonciation, Nativité, Réssurection, Ascension, Assomption) puis à sept allégresses, puis à quinze joies. Au XIIIème et au XIVème, les franciscains propagent la dévotion aux cinq, puis aux sept douleurs de Marie. Au XVème , on voit naître deux rosaires : celui de Dominique le Chartreux et le « Nouveau Psautier de la Vierge » que le dominicain de la Roche commence à prêcher à Douai en 1464. Il semble que c’est à ce dernier que l’on doit la structure en trois séries de mystères : joyeux, douloureux, glorieux, correspondant à l’Incarnation, la Passion, la Résurrection.
La liste des quinze mystères suivants s’impose grâce à l’imprimerie vers 1500 :

1. Mystère d’abaissement, joie des temps messianiques : l’Incarnation

  • L’annonciation du Sauveur
  • La visitation
  • La naissance de Jésus
  • La présentation de Jésus au Temple
  • Le recouvrement de Jésus

[NB : aujourd’hui on aime contempler ensuite les mystères lumineux de la vie publique de Jésus, voir plus bas]

2. Mystère de la mort rédemptrice : contemplation de l’unique Rédempteur

  • L’Agonie de Jésus au jardin de Gethsémani
  • La flagellation de Jésus
  • Le couronnement d’épines
  • Le Portement de Croix
  • Jésus est crucifié

3. Mystère de l’exaltation : contemplation de la gloire de Ressuscité

En 2002, à côté de ces Mystères joyeux, douloureux et glorieux traditionnels, le pape Jean-Paul II invitera les fidèles à ajouter, en particulier le jeudi, cinq « Mystères de la Lumière » prenant tout naturellement place après lles mystères joyeux de l’enfance. En effet, « passant de l’enfance de Jésus et de la vie à Nazareth à sa vie publique, nous sommes amenés à contempler ces mystères que l’on peut appeler, à un titre spécial, “mystères de lumière”. En réalité, c’est tout le mystère du Christ qui est lumière. Il est la « lumière du monde » (Jn 8,12). Mais cette dimension est particulièrement visible durant les années de sa vie publique, lorsqu’il annonce l’Évangile du Royaume. Si l’on veut indiquer à la communauté chrétienne cinq moments significatifs – mystères “lumineux” – de cette période de la vie du Christ, il me semble que l’on peut les mettre ainsi en évidence : 1. au moment de son Baptême au Jourdain, 2. dans son auto-révélation aux noces de Cana, 3. dans l’annonce du Royaume de Dieu avec l’invitation à la conversion [Prédication de Jésus], 4. dans sa Transfiguration et enfin 5. dans l’institution de l’Eucharistie, expression sacramentelle du mystère pascal. Chacun de ces mystères est une révélation du Royaume désormais présent dans la personne de Jésus » (Pape Jean-Paul II, Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae sur le Rosaire, 16 octobre 2002, n. 21).
La pratique la plus fréquente est de réciter cinq fois un Notre Père suivi de dix Je vous salue, Marie et du « gloire au Père… » Avant ces cinq dizaines, le fidèle récite le Credo, un Notre Père, trois Je vous salue Marie et une fois le « gloire au Père… ». Cet ensemble de prières est dit en égrenant un chapelet : d’où l’expression « dire son chapelet ». Le chapel (d’où « chapelet ») était, dans l’Antiquité et le Moyen Age, une couronne de fleurs offerte aux nobles personnages. Le fidèle, en priant le chapelet, offre à Marie l’hommage qui lui est dû.
Mais dans quel esprit réciter le Rosaire ? Instamment, recommandait le pape Paul VI dans son exhortation  Marialis cultus de 1974, tout en soulignant un « besoin impérieux », qui n’a pas perdu son actualité, à savoir « la nécessité de redire, outre la valeur de l’élément de louange et d’imploration, l’importance d’un autre élément essentiel du Rosaire : la contemplation. Sans elle, le Rosaire est un corps sans âme, et sa récitation cours le danger de devenir une répétition mécanique de formules et d’agir à l’encontre de l’avertissement de Jésus : « Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. » Par nature, la récitation du Rosaire exige que le rythme soit calme et que l’on prenne son temps, afin que personne qui s’y livre puisse mieux méditer les mystères de la vie du Seigneur, vus à travers le cœur de Celle qui fut la plus proche du Seigneur, et qu’ainsi s’en dégagent les insondables richesses » (Pape Paul VI, Exhortation apostolique Marialis cultus sur le culte de la Vierge Marie, 2 février 1974, n°47).
(Article tiré de l’ouvrage : Fêtez votre mère. Livret pour l’année mariale à Paris (1987), complété par la réflexion de saint Jean-Paul II sur les cinq mystères lumineux)
Sur le plan pratique

Les mystères joyeux sont habituellement récités le lundi et le samedi, les douloureux le mardi et le vendredi, les lumineux le jeudi et les glorieux le dimanche (sauf pendant le Carême, mystères douloureux ou l’Avent, mystères joyeux). On adaptera ces repères en fonction des besoins et des circonstances.
Le mois d’octobre est souvent appelé le « mois du Rosaire », car – comme au mois de mai d’ailleurs – on peut prier plus particulièrement la Saint Reine du Rosaire (fêtée le 7 octobre). Cette tradition a commencé en 1883 sous le pape Léon XIII.

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