Prier pour les défunts lors de l’Office des défunts
Par le père Jean Le Dorze, Prêtre du diocèse de Vannes, ancien Recteur de Sainte Anne-d’Auray
Dans le livre de la Liturgie des Heures, l’office des Défunts se trouve tout à fait à la fin. Je vous propose de feuilleter les quelques pages de cet Office, afin d’en découvrir les richesses. Elles nous sont très utiles pour la prière et pour la pastorale des funérailles. Prenons dans l’ordre les hymnes, les psaumes, les lectures bibliques, les commentaires des Pères, les prières d’intercession, sans oublier les oraisons.
Les hymnes
La première, de l’office des lectures, Quel secret habitons-nous ? œuvre de Patrice de La Tour du Pin, évoque de façon saisissante la nuit de la mort de Jésus et la nuit de nos morts humaines. Sa charge de foi et d’espérance chrétiennes ne se laissera découvrir qu’au terme d’une longue méditation de croyant.
La seconde, de l’office des laudes, La mort ne peut me garder, a été composée par Didier Rimaud. Celui qui vient de mourir s’adresse, avec confiance totale, au Christ ressuscité, qui l’attend, bras ouverts, et l’accueille dans la vie, la joie, et la paix.
La troisième, très belle aussi, de l’office du soir, Dieu, tu révèles ta lumière, porte la marque des moines cisterciens, contemplatifs, chercheurs de Dieu. Le chrétien qui vient de vivre sa pâque, contemple, de ses yeux éblouis, la gloire du Dieu vivant, lumière du Royaume.
Les psaumes
Ils sont utilisés de plus en plus dans nos assemblées paroissiales, et c’est tant mieux. Ils sont parole de Dieu se faisant prière. Le choix pour l’office des défunts en est particulièrement heureux. Ce serait trop long, ici, d’analyser chacun d’entre eux. Il ne faudrait pas non plus négliger les antiennes, qui colorent ces psaumes de joie, de sérénité, et d’espérance. Les psaumes expriment notre condition de pécheurs implorant le pardon, et la remise de notre vie et de notre mort entre les mains de Dieu Père de tendresse et de miséricorde ; ils disent notre joie d’être sauvés, et notre confiance inébranlable dans le Christ qui nous ouvre le chemin de la résurrection…
Les lectures bibliques
Les lectures sont extraites de la 1e lettre de saint Paul aux Corinthiens, chap. 15, et de la 2e aux Corinthiens, chap. 4. À l’époque de Paul, Corinthe était un grand port, situé en Grèce, donc en Europe, où grouillait une grande diversité de races, d’ethnies, de cultures, des Européens, des Orientaux, des Juifs devenus chrétiens, des Juifs fidèles à la loi de Moïse, des « gentils » (non-juifs) chrétiens et d’autres « gentils » restés polythéistes, tous aimant discutailler sans fin à la manière des philosophes d’Athènes. Notre société de France ne ressemble-t-elle pas, au moins un peu, à celle de Corinthe ? Quand nous affirmons : « Christ est ressuscité, et nous ressusciterons nous aussi ! » Que pensent les gens de notre langage ? C’est pourtant bien le fondement solide de notre foi.
Deux textes de théologiens nous sont proposés pour continuer cette liturgie : l’un de saint Anastase, patriarche d’Antioche au 6e siècle, l’autre de saint Braulion évêque de Saragosse au 7e siècle. Ils témoignent que l’espérance chrétienne en la résurrection – celle du Christ et la nôtre – se transmet fidèlement de génération en génération. Quelques unes de leurs phrases simples, si elles sont bien lues, peuvent rejoindre aujourd’hui des cœurs bien disposés – et c’est généralement le cas au moment du deuil. Par exemple : « Puisque le Christ est vivant, lui le Seigneur des morts, les morts ne sont plus des morts, mais des vivants; la vie règne en eux… Le corps est transfiguré dans la gloire du Christ, qui nous précède comme guide… »
Les témoignages semblables existent en abondance dans les nombreux livrets spécialisés actuels. Le choix très large qui nous est offert signifie que le cri du premier matin de Pâques « Christ est ressuscité ! » a traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous. Il signifie aussi que toutes les générations se sont posé des questions, toujours les mêmes, sur le comment de la résurrection et la crédibilité des témoins. Ce cri est parole de Dieu reçue et répercutée par les croyants que nous sommes. Depuis deux millénaires, cette annonce fulgurante éclaire la route cahoteuse de l’histoire humaine, et en indique le sens.
Les prières
Les prières de louange et d’intercession, du matin et du soir, sont d’une richesse remarquable. Les invocations font le lien entre la résurrection du Christ et la nôtre, les sacrements de baptême et d’eucharistie, les souffrances de celui qui vient de passer la mort et le chagrin de ceux qui restent, la vie éternelle auprès de Dieu, le désarroi de ceux qui ont peine à croire au message chrétien… S’il faut se garder de trop les développer, ces prières sont cependant une bonne occasion de personnaliser la veillée, dans la mesure où l’on connaît assez bien l’itinéraire personnel, familial, social, ecclésial du défunt… tout en restant dans les limites d’une discrétion respectueuse.
Après chaque lecture, longue ou brève, un répons, chant responsorial, permet d’intérioriser le message entendu. Il est fait pour être chanté, ce qui double sa valeur de prière, à condition d’être bien chanté, avec un refrain facile repris par l’assemblée. Les sept répons de l’office des défunts nous permettent de méditer le message chrétien en présence de la mort, à savoir : Christ victorieux de la mort ; notre propre résurrection ; le pardon des péchés ; Dieu est le Dieu de la vie ; la victoire apportée par la foi en Christ ; l’action de grâce ; la solidité de notre espérance.
Les oraisons
Un regard enfin sur les quatre oraisons, qui, en cours de célébration, sont réservées à celui ou celle qui préside. Bien dites, sans précipitation, à voix ferme, elles forment l’excellente conclusion d’une veillée de prière. Adressées à Dieu le Père, elles se terminent par les mots : Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. L’assemblée répond : Amen. Puis silence. On laisser alors chacun libre de continuer ou non sa prière méditative.
Pratiquement, on peut regretter que cet office des défunts de la Liturgie des Heures ne soit guère utilisé que le 2 novembre par les personnes, prêtres, religieux, religieuses, laïques, qui utilisent ce livre liturgique. Ce jour-là, un autre enseignement encore nous est proposé dans une homélie de saint Ambroise, évêque de Milan au 4e siècle, pour l’anniversaire de la mort de son frère. Saint Ambroise fut le grand organisateur de la liturgie chrétienne à son époque, en même temps qu’il fut très soucieux de catéchiser son peuple, en lui apprenant à chanter la prière, les mots des psaumes, sur des mélodies simples et très belles. Lui aussi, dans la longue lignée de tous ceux qui nous ont enseigné à bien prier, nous invite, à l’occasion du décès de nos proches, à tourner nos regards, non pas vers le défunt, mais vers le Christ, chemin vers le Père. « Nul ne peut aller vers le Père sans passer par moi … Je suis le chemin … Celui qui croit en moi, je le ressusciterai au dernier Jour. »
Article extrait de la revue Célébrer n°344
Pour aller plus loin
La rédaction de l’hebdomadaire Magnificat propose un guide destiné aux fidèles qui souhaitent accompagner par la prière leurs proches défunts.
On y trouve l’office des défunts, tiré de la liturgie des Heures et deux autres temps de prières au pied de la croix, et autour de la lumière.
Toussaint & 2 novembre
Le saint du jour
Sur Nominis
Saint Gérard de Brogne - Fondateur de l'Abbaye de Brogne (+ 959)
Il commença d'abord par la carrière des armes, mais quand son père mourut, il décida de se faire bénédictin, s'initia à la vie monastique à Saint Denis près de Paris…