Agneau de Dieu, qui enlèves « les » péchés du monde
Des petits changements ouvrent parfois de grands débats. Il en est ainsi de l’Agnus Dei dans la nouvelle traduction du Missel romain en usage depuis le premier dimanche de l’Avent 2021 dans les pays francophones. La modification, en apparence minime, concerne le mot « péché » jusqu’alors au singulier et désormais au pluriel. Ce changement impacte également le Gloria et le Domine non sum dignus. Comprendre les raisons de ce choix permet d’en relativiser l’importance.
« Agneau de Dieu, qui enlèves “les” péchés du monde : histoire et réception d’une traduction ».
Dans cette contribution parue dans le n° 312 de la revue La Maison-Dieu (juin 2023), l’abbé Pierre Kokot, prêtre du diocèse de Liège (Belgique) et doctorand en théologie, analyse l’histoire et la réception de la traduction de l’Agneau de Dieu. En effet, bien que le texte biblique sur lequel s’appuie notre Agnus Dei désigne « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », la tradition liturgique latine a choisi le pluriel « peccata » (les péchés). Le Missel romain de 1970 en langue française avait, lui, choisi de dire « le péché du monde ». L’étude des archives de l’élaboration de ce Missel montre que ce choix fut pastoral, essentiellement pour en faciliter le chant. La décision de Liturgiam authenticam de traduire au plus près du texte latin a conduit, dans la nouvelle traduction du Missel (2022), à la formulation « les péchés du monde ». Ce changement, qui renvoie à des débats théologiques, est « symptomatique de l’ambivalence des textes liturgiques dont l’expression ne parvient jamais à en épuiser totalement le sens ».
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Cet article est le sixième d’une série publiée par la revue La Maison-Dieu. La mise en œuvre depuis 2021 de la nouvelle traduction francophone du Missel romain invite en effet à approfondir le sens de la messe et à redécouvrir la place de la ritualité. Depuis son n° 305, cette revue d’études liturgiques et sacramentelles éditée par le SNPLS présente régulièrement un article pour développer l’un ou l’autre enjeu théologique ou pastoral du service de la prière eucharistique de l’assemblée.