Chemin de croix, méditation active de la Passion
Par Bénédicte Ducatel, Collaboratrice à Magnificat
Pour comprendre ce qu’est un chemin de croix, il faut se reporter à Jérusalem au IVe siècle. Égérie, la pèlerine, raconte comment se célébrait la Passion du Seigneur qui commençait dans la nuit du jeudi saint et se poursuivait dans la journée du Vendredi au cours d’une lente pérégrination qui menait les fidèles de l’église de Gethsémani jusqu’au Saint-Sépulcre à travers toute la ville. Égérie précise qu’à chaque arrêt dans un lieu commémoratif, on « dit des lectures, des hymnes et des antiennes appropriées ».
Une marche
La marche fait partie intégrante de cette dévotion. Il s’agit de suivre le Christ de lieu en lieu, de l’accompagner spirituellement dans sa marche vers la croix, de mettre nos pas dans les siens, d’éprouver en son corps la rudesse du chemin. Mais la marche ne serait qu’un exercice physique, sans grande difficulté, si elle n’était soutenue par l’évocation de la Passion.
Une lectio
Égérie est le témoin de cette pratique :
« On lit d’abord, dans les Psaumes, tous les passages où il est parlé de la Passion ; on lit ensuite, dans les écrits des Apôtres, soit dans les épîtres, soit dans les Actes, tous les passages où ils ont parlé de la Passion du Seigneur, et on lit aussi dans les Évangiles les récits de la Passion. […] On ne cesse de faire des lectures et de dire des hymnes pour bien montrer à tout le monde que rien ne s’est produit qui n’ait été annoncé auparavant et que rien n’a été annoncé qui ne se soit entièrement accompli. »
Il s’agit d’une véritable lectio qui manie avec facilité les rapports inter-testamentaires.
Le chemin de croix, comme pratique du vendredi saint, est une authentique liturgie de la Parole qui, comme toute liturgie ne fonctionne pas uniquement au niveau intellectuel, mais associe le corps par la marche, le chant, l’écoute et les répons.
Une dévotion pour aujourd’hui
La forme traditionnelle est celle recommandée par l’Église qui cependant, dans le Directoire sur la piété populaire (n° 134), suggère de remplacer l’une ou l’autre station par d’autres qui se rapprochent davantage du récit évangélique. Devant les innombrables propositions qui existent, il sera bien d’être vigilant à ce lien à l’Écriture. Car avant d’être le lieu de l’intercession pour telle ou telle intention louable, le chemin de croix est une méditation de la Passion qui tend à faire épouser les sentiments du Christ en train de réaliser notre salut par l’offrande de lui-même.
Pour aller plus loin
On pourra utiliser avec profit le livret de Bernadette Mélois, Prier le chemin de croix, édité chez Mame. Il allie l’Ancien et le Nouveau Testament, propose une courte méditation de la station traditionnelle agrémentée d’une adresse poétique aux fidèles, et une oraison conclusive. Il a été mis en œuvre dans la basilique saint Pie X au Congrès Ancoli de Lourdes en 2011.
En 1963, le père Roguet avait proposé Quatre chemins de croix selon les quatre Évangiles, édité par le CNPL. C’est un excellent support pour bâtir un chemin de croix.
Cet article est extrait de la revue Célébrer n°401