Avatars et interprétations de l’Orate fratres

Contrairement à l’édition de 1970, la traduction française du Missel romain de 2021 donne deux possibilités pour le dialogue qui fait la transition entre la préparation des dons et la prière sur les offrandes. La première est une traduction assez littérale de la formule latine, tandis que la seconde est la version plus libre en usage depuis 1970. Le choix systématique de l’une ou l’autre risque de devenir un marqueur théologique voire un étendard idéologique au tour du thème de « sacrifice ».

L’histoire du développement de ce type de formule, sous de multiples formes, depuis sa parution au haut Moyen Age jusqu’à l’époque post-tridentine, permet en effet d’identifier deux tendances principales : soit le prêtre demande, dans un esprit pénitentiel, la prière des assistants en raison de son indignité à offrir le sacrifice, soit il demande qu’ils prient afin que le sacrifice soit agréé par Dieu. Or la souplesse du missel incite à ne pas ou plus opposer ces deux approches

« Le sacrifice de toute l’Église. Avatars et interprétations de l’Orate fratres en vue d’un discernement théologique et pastoral »

Dans cette contribution parue dans le n° 311 de la revue La Maison-Dieu (mars 2023), le P. Christophe Lazowski, moine de Saint-Wandrille et théologien, procède en trois étapes.

Dans un premier temps, une présentation de l’histoire de l’introduction et du développement de la formule latine met à jour le ou les sens qu’elle a pu revêtir au fil des siècles.

Dans un deuxième temps, l’auteur cherche à poser un acte de discernement théologique en précisant comment il convient de comprendre la formule aujourd’hui, ce qui amène à poser la question de l’articulation entre les deux manières de participer au sacerdoce du Christ.

Enfin, à la lumière des acquis de l’enquête, quelques propositions sont formulées pour une réception apaisée des deux traductions. La souplesse proposée par le (nouveau) Missel romain est en réalité une chance pour mieux saisir la portée théologale de ce dialogue et entrer plus pleinement dans le mystère du « sacrifice de toute l’Église ».

Pour lire l’article en intégralité

Cet article est le cinquième d’une série publiée par la revue La Maison-Dieu. La mise en œuvre depuis 2021 de la nouvelle traduction francophone du Missel romain invite en effet à approfondir le sens de la messe et à redécouvrir la place de la ritualité. Depuis son n° 305, cette revue d’études liturgiques et sacramentelles éditée par le SNPLS présente régulièrement un article pour développer l’un ou l’autre enjeu théologique ou pastoral du service de la prière eucharistique de l’assemblée.

Voir d’autres articles sur “Le missel au service de la prière de l’assemblée

  • Liturgie et synodalité ; deux aspects de l’Église corps du Christ

    « On a la fâcheuse habitude de compartimenter les choses et de ne pas relier les différentes réalités les unes aux autres. Dans l’Église, il est commode d’identifier des gens à des secteurs, ou pire, à des dossiers… »

  • Participer à la célébration

    Beaucoup pensent que la demande faite par l’Église aux fidèles d’avoir une participation active à l’action liturgique remonte au deuxième concile du Vatican. En réalité, elle a exactement soixante ans de plus et date de 1903.

  • La participation active des fidèles aux célébrations liturgiques

    Quelle est la signification de cette « participation pleine, consciente et active » que l’on « doit viser de toutes ses forces dans la restauration et la mise en valeur de la liturgie » selon la constitution Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II ? Voici une réponse en quelques mots

  • Acteurs de la célébration

    La célébration eucharistique est l’action du Christ et de l’Église qui est le peuple saint réuni et organisé sous l’autorité de l’évêque. C’est pourquoi elle concerne le Corps tout entier de l’Église ; elle le manifeste et l’affecte ; en réalité, elle atteint chacun de ses membres, de façon variée, selon la diversité des ordres, des fonctions et de leur participation effective [SC 26]. De cette manière, le peuple chrétien, « descendance élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté », manifeste sa cohésion et son organisation hiérarchique [SC 14]. C’est pourquoi tous, ministres ordonnés ou fidèles laïcs, en accomplissant leur fonction ou leur office, feront tout ce qui leur revient, et cela seulement [SC 28].

Approfondir votre lecture