Célébrer la semaine sainte en « zone périurbaine »
Par Gilles Drouin, Prêtre du diocèse d’Évry, chargé d’enseignement au séminaire d’Issy les Moulineaux et à l’Institut Supérieur de Liturgie du Theologicum (ICP).
On parle peu de ces zones ni vraiment rurales, ni urbaines, des zones grises qu’on qualifie volontiers du vilain mot de périurbain. Elles sont constituées de populations mélangées, agriculteurs autochtones, habitants des lotissements pavillonnaires fuyant la banlieue ou les quartiers trop chers des grandes villes. Avec eux, nous avons célébré la semaine sainte.
Célébration de la messe chrismale
Dans le diocèse d’Évry, nous avons fait le choix d’anticiper la célébration de la messe chrismale, et de la célébrer assez tard en soirée, afin de permettre à beaucoup de baptisés d’y participer. Malgré les affres des transports, la cathédrale est pleine le soir de la messe chrismale. Cette célébration de l’Église, née de la Pâque du Christ, a un côté pentecostal : le monde entier est là, coloré, chamarré, dans une belle diversité. La messe chrismale prend le visage d’une Épiphanie, reflet de l’unité profonde du peuple pour lequel Jésus a donné sa vie, une unité sacramentelle et pascale.
Les pauvres au pied de la Croix
La plus importante prison d’Europe, Fleury-Mérogis, est située dans le diocèse d’Évry. L’an passé, nos paroisses ont célébré le chemin de croix avec un livret dont les textes et les images avaient été réalisés par des détenus. Ce fut un signe très fort, tant de la communion par-delà les grilles et les portes des cellules, que de la réalité de la compassion du Christ à toutes les misères, à tous les enfermements.
Le vendredi soir, la fréquentation de l’office de la Passion est en nette hausse depuis des années. Le geste de l’adoration de la Croix ne se traduit plus seulement par un simple contact furtif, mais par un enlacement, une embrassade, un agenouillement, comme Marie Madeleine aux pieds de son Seigneur. Ce sont les pauvres qui viennent déposer à la fois leur douleur mais surtout leur amour, au pied de la Croix de leur Seigneur. Sont là, des femmes qui élèvent souvent seules leurs enfants, des hommes entre chômage et petits trafics…
La renaissance pascale
La vigile pascale, paradoxalement moins fréquentée qu’il y a quelques années, est désormais fortement marquée par la présence dans la communauté, des catéchumènes et de leurs familles. En effet, elle est l’occasion dans notre diocèse de célébrer les trois sacrements de l’initiation chrétienne. C’est une grâce pour ces communautés souvent essoufflées, d’accueillir cette moisson de chrétiens venus d’ailleurs, puisque beaucoup de nos catéchumènes sont d’origine africaine ou antillaise. Leur accueil est souvent chaleureux. Ces nouveaux venus apportent de leur côté, une fraîcheur propre à revitaliser un vieux tronc fatigué.
Pâques se donne, en périurbain comme ailleurs, dans un clair-obscur que nous avons à accueillir et à laisser fructifier.
Télécharger le dossier complet en PDF :
La Semaine sainte : une unité à l’épreuve du temps et de l’espace