Célébrer la Pentecôte, l’autre sommet du temps pascal
La réforme liturgique du concile Vatican II a voulu insister, entre autres, sur l’unité du temps pascal. Elle a permis de redécouvrir cette unique fête de cinquante jours, avec deux sommets, Pâques et la Pentecôte. Cette découverte a modifié la façon de célébrer la Pentecôte.
Le mot Pentecôte lui-même peut tout aussi bien signifier la cinquantaine que le cinquantième jour. L’évangile lu le soir de Pâques nous montre Jésus soufflant sur ses apôtres et leur donnant l’Esprit, en vue de la rémission des péchés. La réforme nous rendait aussi, après quelques siècles, un bien perdu : la lecture continue des Actes des Apôtres tout au long de la cinquantaine. L’aventure missionnaire de l’Église est donc en marche dès le jour de la résurrection, même si sa manifestation est réservée, à juste titre, à l’autre fête, celle qui conclut le temps pascal.
La Pentecôte : un autre sommet
La Pentecôte se présente donc comme l’autre sommet de ce temps liturgique, presqu’aussi important que le premier. Il est vrai que l’on a supprimé l’octave de Pentecôte. On voulait insister sur la cinquantaine et son couronnement. Plusieurs ont regretté cette mesure, ils l’ont vue comme une perte, puisqu’on ne pouvait plus souligner l’importance de cette fête par sa prolongation.
Nous choisissons de faire confiance à l’Esprit qui a présidé à cette réforme et nous verrons plutôt dans cette nouvelle façon de faire les choses, une occasion différente de mettre la célébration en valeur. Plutôt que d’étirer la fête, nous allons nous y préparer.
La liturgie a tout prévu. La septième et dernière semaine du temps pascal est entièrement orientée vers la Pentecôte qui s’en vient. Toutes les prières d’ouverture font allusion au don de l’Esprit. Plusieurs des antiennes d’ouverture et de communion vont aussi dans ce sens. Je me souviens d’une paroisse où l’on a fait l’acquisition d’une chasuble réservée à cette période, chasuble sur laquelle une colombe évoque ce don de l’Esprit.
Certes, les célébrations en semaine n’attirent pas un plus grand nombre de fidèles, mais elles contribuent néanmoins à créer un climat dans lequel baignent les participants. Parmi ceux-ci se trouvent peut-être quelques membres de l’équipe de liturgie. Le président de la célébration devrait y trouver un stimulant pour la célébration de ce cinquantième jour.
Garder ses énergies
Il convient de faire une remarque analogue à celle qu’on entend parfois lors des sessions de préparation des temps forts. Au terme d’une rencontre sur le Carême, on nous dira : « Ne dépensez pas toutes vos énergies sur le Carême; c’est d’abord le temps pascal qu’il convient de mettre en valeur. » De même, nous serons attentifs à garder des énergies pour cette fête de la Pentecôte. D’abord et avant tout, nous ferons ressortir cette unité du temps pascal, dont nous parlions plus haut, et dont certains ne semblent pas encore convaincus. Dès que les premières fleurs de Pâques sont fanées, ils veulent abandonner les chants de Pâques pour passer à autre chose. Certes, des thématiques nouvelles viennent enrichir cette période : le dimanche du bon pasteur, par exemple. Mais gardons toutes nos fleurs – c’est-à-dire, remplaçons-les! –, ne perdons pas de vue le cierge pascal! Croiriez-vous qu’il y a encore des gens qui l’éteignent le jour de l’Ascension?
Une semaine préparatoire
Nous aurons donc préparé le climat par une belle semaine préparatoire. Nous aurons peut-être songé à célébrer la Vigile de Pentecôte. Je ne veux pas m’y attarder mais, quand même, m’arrêter à quelques réflexions. Nous sommes passés de l’office du Samedi saint à la Veillée pascale. À l’époque, cela apportait une heureuse variété. Puis, nous nous sommes désolés que cet office attire de moins en moins de monde. Avec l’introduction des messes dominicales anticipées, certains n’ont pas échappé à la tentation de présenter la vigile comme l’équivalent de celle-ci : on la fait la plus courte possible, pour qu’elle attire le plus de monde possible. À l’époque actuelle, on assiste heureusement à la réaction contraire : en certains endroits, on la fait la plus longue possible, car certains fidèles désirent ce genre de célébration et y ont droit. Si l’on se met à rêver à la Vigile de Pentecôte, il faut absolument la distinguer de la messe dominicale anticipée. Ce sera un beau moment que veulent « se payer » quelques personnes, et tant mieux pour elles : le nombre de participants ne compte pas.
Avec ou sans vigile, le pasteur aura pensé à relancer son équipe liturgique. Il y a là quelque chose de spécial à fêter. On aura pensé au décor : au milieu des fleurs de Pâques entretenues ou renouvelées avec soin, il sera facile d’insérer quelques fleurs rouges qui suggéreront une ambiance nouvelle. On aura soin d’avoir une belle chasuble rouge. Ce n’est pas le temps d’utiliser une chasuble dorée qui « compte pour… ». On aura entrepris un dialogue intéressant avec les musiciens, afin que le programme de cette journée devienne hautement significatif.
Le cierge pascal
Comme je l’ai signalé plus haut, on aura soigneusement conservé le cierge pascal jusqu’à cette date : il est le signe du Christ ressuscité, mais aussi de tout le temps pascal. Il ne « disparaît » pas avec l’Ascension du Seigneur. En ce jour de la Pentecôte, on pourra donc lui dire adieu, en fin de célébration, avec un rite court et sobre, qui pourra aider chacun à entrer dans le temps ordinaire. Il s’agit en effet pour nous de faire confiance à l’Esprit qui nous accompagnera au fil des jours, rarement de façon spectaculaire, mais avec une discrétion qui le caractérise autant que les manifestations éclatantes comme celles qu’ont vécues les apôtres, ce matin-là, à Jérusalem.
Marcel Demers, PSS,
professeur de liturgie
à l’institut de formation théologique du Grand Séminaire de Montréal.
(Reprise d’un article paru initialement dans la Revue de pastorale liturgique et sacramentelle Vivre et célébrer, Vol. 52, n° 231, Printemps 2018 « Florilège pascal », pp. 42-43)
Vivre et célébrer
est la revue de réflexion et de formation à l’expérience liturgique et sacramentelle proposée par l’Office national de liturgie de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Elle s’adresse aux responsables, aux intervenants et intervenantes en liturgie et à toutes les personnes qui souhaitent intégrer l’expérience liturgique et sacramentelle à leur engagement ecclésial et social. Chaque numéro comporte un dossier thématique, des fiches sur des pratiques liturgiques, des chroniques, des documents et des informations émanant de diverses instances ecclésiales.
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