Vêpres : « Rendre grâce au soir tombant »
Par Bénédicte Ducatel, Collaboratrice à Magnificat
Dans l’ancienne division du temps, en usage chez les Romains, la vigilia vespertina, c’est-à-dire le soir, était la première des quatre parties de la nuit : soir, minuit, chant du coq, matin. On appelait aussi vesper (vénus), l’astre lumineux qui devient visible dans la pénombre grandissante. De là, l’habitude, souvent conservée, de parler des Vêpres pour dire l’office du soir.
Mais ce n’est pas l’heure du jour qui donne son sens à l’office, c’est l’Heure du Christ. Ainsi ce n’est pas parce le soir tombe que l’on se réfère à la passion du Christ ; c’est parce que le Christ est entré dans sa passion dans le déclin du jour, que le soir prend un sens particulier. Ce sont les différentes facettes de cet office que nous allons regarder à présent.
La lumière
La lumière est le premier thème de l’office du soir. Lorsque l’obscurité monte, l’Église chante sa foi dans la lumière indéfectible qu’est le Christ. Il est la joyeuse lumière, la splendeur éternelle du Père qui ne connaît pas de couchant. Ces mots tirés d’une très ancienne hymne qui accompagnait la bénédiction de la lumière tandis qu’on allumait les lampes du sanctuaire, mettent l’accent sur la réalité spirituelle d’une action liturgique.
Aujourd’hui, nous chantons : Le jour s’achève / mais la gloire du Christ / illumine le soir (Hymne CFC), ou bien : Quand tout décline, tu demeures / Quand tout s’efface tu es là ! / Le soir descend, tu resplendis (A. Rivière) et d’autres hymnes encore.
L’action de grâce
Il s’agit là du thème central de cette Heure. On peut dire de cette Heure qu’elle est « eucharistique », au sens premier du terme, ce qui lui donne une importance particulière parmi les autres offices du jour. Elle est également « eucharistique » parce qu’elle est ce sacrifice d’action de grâce dont parle le psaume 115 (v. 17) et que développe le psaume 140, chanté le dimanche I : « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens et mes mains, comme l’offrande du soir » (v. 2). Ce verset sert parfois d’introduction à l’ensemble de l’office.
Les cantiques du Nouveau Testament chantent la gloire du salut accompli. Ils sont des « doxologies », littéralement, des paroles de gloire.
Attente eschatologique
Le soir porte en lui la mémoire de la Cène, dernier repas de Jésus. Il porte la mémoire de sa mort, l’Heure pour laquelle il est venue et qui achève sa route terrestre. Le soir, tourné vers la lumière qui ne s’éteint pas, rappelle également l’attente de la « bienheureuse espérance » et de l’instauration du Royaume qui marque la fin du temps cosmique.
La fin du jour est aussi celui des ouvriers envoyés à la vigne qu’est l’Église. Ayant différemment porté le poids du jour, ils viennent auprès du Maître pour recevoir la joie de son amour, comme les Pèlerins d’Emmaüs, ils demandent : « Reste avec nous, Seigneur car il se fait tard et déjà le jour baisse » (oraison du lundi de la 4e semaine du temps ordinaire, cf. Lc 24, 29)
Au fil de l’Heure
Par l’hymne, nous entrons dans le mystère de l’Heure : Cachés au creux de ton mystère, / nous te reconnaissons / sans jamais te saisir. / Le pauvre seul peut t’accueillir, / d’un cœur brûler d’attention, / les yeux tournés vers ta lumière (CFC).
Par les psaumes, nous recevons les mots de la prière, nous découvrons le Christ priant le Père, nous joignons nos voix à celle du Christ.
Par la Parole de Dieu, nous approfondissons l’exigence du mystère pascal.
Par le Magnificat, nous exultons pour le salut donné, aujourd’hui.
Par l’intercession, nous prions pour le salut du monde.
Par le Notre Père, nous entrons en communion avec le Christ et avec nos frères.
Ainsi, Parvenus au coucher du soleil, contemplant la lumière du soir, nous chantons, le Père, et le Fils, et le Saint Esprit qui nous appellent et nous attendent dans la gloire
Article extrait de Voix Nouvelles n°73
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