Couleurs liturgiques : le rouge et le blanc dans la liturgie
Par Bernard Maitte, Prêtre, professeur au séminaire d’Aix et responsable du département de pastorale et spiritualité de l’ISTR de Marseille. Membre du SNPLS
Après bien des fluctuations1, au XVIe siècle, les couleurs sont fixées par Rome pour la liturgie latine et définit l’usage exclusif de cinq couleurs ; le blanc, le rouge, le vert, le violet et le noir considérant l’usage du rose facultatif, du bleu, en certains lieux, pour les fêtes de la Vierge Marie, et enfin de l’or pour suppléer le blanc, le rouge et le vert. Avant cette fixation et un symbolisme précis, d’autres couleurs ont été utilisées car on usait des ornements en fonction de leur richesse et de leur état et le code des couleurs était essentiellement associé à de grandes fêtes. Pour le reste, l’éventail était large : jaune pour l’Épiphanie, brun pour les confesseurs, gris cendré en temps pénitentiel (rite lyonnais) … Concernant le blanc et le rouge :
« On emploie le blanc aux offices et aux messes du Temps pascal et du Temps de Noël ; en outre, aux célébrations du Seigneur qui ne sont pas celles de sa Passion ; à celles de la bienheureuse Vierge Marie, des Anges, des saints qui ne sont pas martyrs, aux solennités de Tous les saints (1er novembre), et de saint Jean-Baptiste (24 juin), aux fêtes de saint Jean l´Évangéliste (27 décembre), de la Chaire de saint Pierre (22 février) et de la Conversion de saint Paul (25 janvier).
On emploie le rouge le dimanche de la Passion et le Vendredi saint, le dimanche de la Pentecôte, aux célébrations de la Passion du Seigneur, aux fêtes de la naissance au ciel des Apôtres et des Évangélistes, et aux célébrations de martyrs. » (PGMR 346)
La symbolique de ces couleurs communément admise est que le rouge est la « couleur liturgique qui évoque le sang ou le feu » et « Le blanc évoque la pureté, mais plus encore la gloire divine et l’éclat de tout ce qui touche à Dieu. C’est la couleur de la résurrection.2 »
En soi, le blanc est la couleur originelle vite associée au vêtement baptismal. Dans les premiers temps de l’Église, le clergé adopta également la couleur pourpre du vêtement des notables. Celle-ci formait des bandes sur le vêtement. C’est ainsi que deux couleurs dominaient vraiment : le blanc et le rouge.
Dans un ouvrage ancien3, faisant allusion à ce qu’écrit Isidore de Séville du blanc et de la couleur pourpre dans l’usage du vêtement sacerdotal mais également de la dalmatique il est dit :
« En raison de sa couleur blanche, on la regardait (la dalmatique), surtout depuis le XIe s., comme un vêtement signifiant la joie (vestimentum lætitiæ) : aussi, on ne la portait point aux jours de deuil et de pénitence. Elle était le symbole du « salut » et de la « justice », en tant qu’elle était ornée d’une bande de pourpre rappelant le sang versé sur la croix par l’Agneau divin – notre justice et notre salut sont le fruit précieux du sang de Jésus Christ, c’est-à-dire de sa Passion et de sa mort (Ap., 1, 5 ; 7,14). »
En somme, on peut dire qu’avec ces deux couleurs, tout le salut du mystère pascal, dans son urgie, est signifié en ses deux versants : celui de la Passion et de la Résurrection. L’une renvoie à l’autre, du dimanche des Rameaux et de la Passion au jour de Pâque, du jeudi saint au vendredi saint, de Pâque à Pentecôte.
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1 Cf. Célébrer 403 et 404.
2 Site de l’AELF.
3 Nicolas Gihr, Les sacrements de l’Église catholique, t. IV, Paris, Lethielleux, 1903, p. 122.