Catéchèse mystagogique de la messe : les dialogues

les dialogues dans la liturgie eucharistique

Tu as certainement remarqué que, tout au long de la messe, le prêtre et l’assemblée ont dialogué à travers des phrases rituelles que tous connaissent. Toi-même, tu as certainement répondu avec les autres membres de l’assemblée : Et avec votre esprit, à la suite de : le Seigneur soit avec vous. C’est le dialogue le plus fréquent.

Si cet échange exprime une réciprocité entre celui qui préside et l’assemblée, il traduit aussi le dialogue de Dieu avec son peuple. Rappelle-toi l’appel du jeune Samuel dans la Bible. Il entend une voix qui prononce son propre nom, il pense que c’est Élie le grand prêtre mais, en fait, c’est Dieu lui-même qui s’adresse à lui. Alors il répond : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.

Le dialogue entre Dieu et Samuel n’est pas étranger à ce que tu vis à la messe. Cet échange s’exprime de façon diversifiée tout au long de la célébration, de même que le dialogue avec Dieu prend des formes bien différentes selon le cheminement de chacun.

Se lever pour manifester notre adhésion

Se lever, n’est-ce pas une manière de répondre à l’appel du Seigneur et de dire notre adhésion ? Lorsque Les ministres sont entrés en procession derrière La croix, tu t’es mis debout comme quand on accueille quelqu’un que l’on estime. Quand l’acclamation de l’Alléluia a retenti, tu t’es levé pour entendre l’évangile. À La parole du prêtre : Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau, tu es sorti de ton banc et tu t’es déplacé pour recevoir le Corps du Christ.

Ces trois exemples traduisent combien la liturgie est une action commune induite par la présence et l’œuvre du Christ au milieu de nous. En te levant, tu reconnais la présence de Celui qui s’est levé d’entre les morts et a promis : « Lorsque deux ou trois seront réunis en mon nom je serai là au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20).

Des dialogues rituels pour manifester notre communion

Les dialogues qui jalonnent la célébration peuvent te paraître un peu routiniers ; ils s’établissent le plus souvent entre celui qui préside et les personnes présentes. Ils marquent les grandes étapes de la célébration. Rappelle-toi, tu as répondu au début de la messe à la salutation du prêtre ; de même, avant et après la lecture de l’évangile ; puis au commencement de la prière eucharistique ; enfin, avant de recevoir la bénédiction d’envoi. Un dialogue permet à chacun de trouver sa place et d’entrer dans une relation de confiance mutuelle. N’est-ce pas ainsi qu’Abraham est intervenu auprès de Dieu pour négocier le salut des habitants de Sodome ? À la suite d’un dialogue, Dieu accède à la demande d’Abraham manifestant ainsi leur confiance réciproque.

En répondant au prêtre, tu as ainsi reconnu celui-ci dans sa mission. Il est au milieu de la communauté rassemblée celui qui signifie le Christ, lui-même Tête de son Église. Il est à la fois un membre de l’assemblée – car il parle toujours à la première personne du pluriel – mais agit aussi au nom du Christ en personne.

En somme, lorsque tu participes aux différents dialogues avec toute l’assemblée, tu entres dans la relation de Dieu avec son peuple.

Des acclamations qui s’adressent au Seigneur

Ce passage du dialogue entre les personnes au dialogue avec Dieu prend encore plus de force dans certaines formules rituelles. Ainsi, à la fin de la lecture de l’évangile, lorsque le diacre a dit : Acclamons la parole de Dieu, tu as répondu en t’adressant au Christ lui-même : Louange à toi Seigneur Jésus. Tu reconnais ainsi que c’est le Christ qui parle à son peuple lorsque les Écritures sont proclamées au sein de l’assemblée. Tu reconnais le Christ comme étant la source de cette parole de vie.

De même, durant la prière eucharistique, lorsque le prêtre a invité l’assemblée à proclamer le mystère de la foi, tu l’as fait en t’adressant à Jésus Christ : Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant. Tu as cru en la promesse du Christ au jour de l’Ascension : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20).

La liturgie nous fait donc entrer dans cette relation qui prend sa source dans la parole de Dieu et se manifeste dans l’action du Christ et l’Église.

Entre écoute et parole

Dans ces dialogues, l’écoute succède à la parole, le silence à l’acclamation.

La liturgie de la Parole nous fait vivre cette alternance avec rigueur. Successivement, tu as écouté un texte de l’Écriture sainte, tu as répondu par le refrain du psaume ; tu as entendu une seconde lecture puis tu as chanté Alléluia pour te préparer à accueillir l’Évangile. Après l’homélie, tu as proclamé la foi de ton baptême puis, dans la prière universelle, tu as prié pour tous les hommes. C’est comme un va-et-vient qui se répète entre la parole entendue et ta réponse unie à celle de l’assemblée. Dieu parle à son peuple, mais comme il l’a dit à Moïse, il entend aussi la demande des hommes.

Chaque dimanche, tu es invité à entrer dans cet échange mystérieux où le Christ, Verbe fait chair, se manifeste dans sa Parole et s’unit à la réponse de son peuple.

Comprends-tu mieux ainsi cette préface de la Nativité : « Par lui s’accomplit en ce jour l’échange merveilleux où nous sommes régénérés ? »

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