Collection « Célébrer » : Vivre la messe. La nouvelle traduction du Missel romain

Ouvrage collectif sous la direction de Jean-Louis Souletie, doyen du Theologicum – Faculté de théologie de l’Institut catholique de Paris (ICP).

La liturgie de l’Eglise est une action vivante située dans l’histoire. Les membres de l’Eglise en prière appartiennent à une culture et à un temps donnés. Au cours des âges, le Magistère n’a donc cessé d’ajuster la participation active des fidèles à la célébration de l’œuvre de Dieu.

Si dans sa nouvelle traduction de 2019, qui entre en vigueur à l’Avent 2021, le Missel romain garde sa fonction d’organiser la célébration de la messe, son texte reste « lettre morte » sans célébration pour lui donner vie. C’est pourquoi cet ouvrage pastoral veut aider tous les baptisés, en responsabilité ou non, à pleinement « vivre la messe ». Pour ce faire, les meilleurs auteurs ont été réunis pour que chacun puisse « redécouvrir la richesse de ce livre liturgique si singulier » (Mgr de Kérimel).

Avant-propos

À l’occasion de la publication de la nouvelle traduction du Missel romain, les évêques de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle, présidée par Mgr de Kerimel, ont souhaité la publication du présent ouvrage qui nous invite à redécouvrir la richesse de ce livre liturgique singulier.
Apparaissant souvent comme un livre réservé au ministre qui préside l’eucharistie, il offre cependant à tous les fidèles des richesses théologiques et pastorales, afin de servir la prière et la célébration de toute l’assemblée chrétienne.
Prenant appui sur les paroles et les attitudes de la messe, les différentes contributions se proposent d’approfondir le sens théologique, liturgique et spirituel qui a présidé à l’élaboration de cette nouvelle traduction.
Pour leur part, des apports de type mystagogique mettront en résonance l’expérience liturgique avec son enracinement biblique et ses conséquences dans la vie des fidèles.

Enfin, des articles plus brefs nous invitent à poser notre regard sur quelques-unes des formules de la nouvelle traduction, pour éveiller notre attention et redire l’intérêt des gestes et des attitudes liturgiques.

Quelques pages à feuilleter

Présentation

La liturgie de l’Église est une action vivante située dans l’histoire. Les membres de l’Église en prière appartiennent à une culture et à un temps donnés ce qui nécessite une régulation du magistère. Celle-ci permet, au cours des âges, d’ajuster la participation active des fidèles à la célébration de l’œuvre de Dieu. Ainsi la liturgie nourrit-elle davantage leur vie spirituelle à mesure que leur participation à ce mystère de la fois s’en trouve facilitée (Sacrosanctum concilium[1] 48).

Dans sa nouvelle traduction de 2021, le Missel romain garde sa fonction d’organiser la célébration de la messe avec ses prières, ses chants, ses gestes et ses actions, ses ministres, ses objets rituels, son mobilier. Ce Missel est déposé dans la main de l’Église qui célèbre l’opus Dei. Il devient vivant quand il sert à célébrer, sinon il demeure inerte. Pour le comprendre, cet ouvrage se propose, en trois temps, d’en saisir la nature. Dans un premier temps, il convient de rappeler que ce n’est pas un livre de théologie qu’on analyserait comme un texte, mais un ensemble de prières, de lectures et d’actions à considérer comme un organisme vivant pour que l’Église se constitue en assemblée du Seigneur.

C’est pourquoi le Missel romain concentre l’ensemble de ses rites et prières sur la présence du Christ ressuscité dans le mystère célébré par l’assemblée. Les prières comme les actions manifestent qu’il est là, « présent dans le sacrifice de la messe, et dans la personne du ministre, ‘le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix’ et, au plus haut degré, sous les espèces eucharistiques. […] Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : ‘Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’ (Mt 18, 20)[2] ». Dès lors, comme le développera cet ouvrage dans un deuxième temps, l’assemblée se découvre corps du Christ, dans la célébration même du mystère qui la fonde comme Église.

Enfin, le troisième temps du parcours manifeste que tout concourt dans ce Missel, à ce que le rite de la messe actualise le mystère pascal de Jésus Christ. Car jamais, « l’Église n’omit de se réunir pour célébrer le mystère pascal ; ‘en lisant dans toutes les Écritures ce qui le concernait’ (Lc 24,27), en célébrant l’Eucharistie dans laquelle « sont rendus présents la victoire et le triomphe de la mort » et en rendant en même temps grâce ‘à Dieu pour son don ineffable’ (2Co 9,15) dans le Christ Jésus ‘pour la louange de sa gloire’ (Ep 1,12) par la puissance de l’Esprit Saint » (SC 6).

Ce livre liturgique traduit que la loi de la prière est la loi de la foi, l’Église croit comme elle prie. Ainsi par la célébration, le Missel romain nous apprend à croire en Dieu et nous fait aussi connaître ce que nous confessons. Littéralement, il plonge dans la structure trinitaire de la foi chrétienne, dans la centralité du mystère de Pâques, dans la force du don de l’Esprit, dans l’œuvre de grâce du Dieu créateur et sauveur. Tout cela s’opère à l’intérieur de l’action liturgique par la participation active des fidèles. C’est pourquoi le commentaire de cette nouvelle traduction proposé dans cet ouvrage n’est pas dissociable des actions de la liturgie et de leur dimension mystagogique. Le Missel romain est le livre au service d’une assemblée réunie par la Parole et pour la prière, une assemblée qui devient le corps du Christ, parce qu’elle est une assemblée qui fait mémoire du sacrifice du Christ.

Jean-Louis Souletie

[1]. Concile Vatican II, Constitution sur la sainte liturgie, Sacrosanctum concilium dorénavant SC dans tout l’ouvrage.

[2]. SC 7.