L’Avent est-il un temps de pénitence ?

27 novembre 2016 : Célébration de la messe dominicale, 1er dimanche de l'Avent. Inclination profonde des prêtres et diacres devant l'autel. Paroisse Saint-Ambroise, Paris (75), France.

27 novembre 2016 : Célébration de la messe dominicale, 1er dimanche de l’Avent. Inclination profonde des prêtres et diacres devant l’autel. Paroisse Saint-Ambroise, Paris (75), France.

En ouvrant le Missel, la réponse est claire : le temps de l’Avent est un temps de pieuse et joyeuse attente (cf. Normes universelles de l’année liturgique n° 39). Prières et préfaces soulignent l’attente et ne parlent pas de pénitence :

« C’est lui qui nous donne la joie d’entrer déjà dans le mystère de Noël pour qu’il nous trouve, quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse. » Préface 2.

« Tu vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau. » Collecte 3e dimanche.

Attendre avec les saints

On pourrait multiplier les exemples ; sans cesse reviennent les mots « attente » « venue ». La liturgie aime les jeux de mots et désigne aussi bien la venue du Seigneur dans le temple de la chair, le mémorial de l’Incarnation, que sa venue dans la gloire à la fin des temps. Saint Bernard que l’on lit à l’Office des lectures le mercredi de la première semaine parle d’une troisième venue « intermédiaire », la venue du Seigneur en nos vies. L’Avent nous invite aussi à faire nôtres les sentiments des grands saints qui ont attendu dans la foi, la venue du Messie, en particulier Isaïe, Jean-Baptiste et la Vierge Marie.

Une ancienne préparation au baptême

Cependant comme en Carême1, on utilise les ornements violets, on ne dit pas le Gloria. L’Avent romain se met en place au VIe siècle « Il faudrait parler d’une préhistoire de l’Avent en Gaule et en Espagne. Ces régions semblent avoir perçu, dès la fin du IVe siècle et dans le cours du Ve, le besoin d’une préparation ascétique aux fêtes de Noël-Épiphanie. D’une durée de trois semaines, elle fut sans doute liée initialement à la préparation au baptême administré à l’Épiphanie »2.

Attendre humblement

Notre liturgie a donc conservé des traces de ces préparations au baptême en Espagne et en Gaule. Certes pour l’Église ancienne joie et pénitence ne s’opposaient pas nécessairement, mais la célébration actuelle de l’Avent n’a pas de note pénitentielle, si ce n’est la couleur violette et l’absence du Gloria. On peut entendre là l’humilité et la vérité de l’homme qui, sans aucun mérite de sa part, attend le don de Dieu. Durant l’Avent, sous différentes formes revient cette prière : « Seigneur nous ne pourrons jamais t’offrir que les dons venus de toi » (Jeudi, prière sur les offrandes). Dans l’attente, c’est déjà une joie que de se préparer à une grande joie.

Normes universelles de l’année liturgique (n°39)

« Le temps de l’Avent a une double caractéristique : c’est à la fois un temps de préparation aux solennités de Noël où l’on commémore le premier avènement du Fils de Dieu parmi les hommes, et un temps où, par ce souvenir, les âmes sont tournées vers l’attente du second avènement du Christ à la fin des temps. Le temps de l’Avent se présente donc, pour ces deux raisons, comme un temps de pieuse et joyeuse attente ».

PGMR 53 : « On chante ou on dit le Gloria le dimanche en dehors de l’Avent et du Carême… »

PGMR 346 : « d) On emploie le violet aux temps de l´Avent et du Carême. On peut aussi le prendre pour les offices et les messes des défunts ».

 

Pierre Remise, Responsable du service de musique liturgique du diocèse de Mende

1. « Deux conciles, celui de Tours en 563 et celui de Mâcon en 581 nous parlent d’une période de pénitence préparatoire à Noël, une sorte de carême de quarante jours à peu près du 11 novembre fête de St Martin, à Noël, avec jeûne les lundis, mercredis et vendredis. Mais déjà cette période consacrée est connue par Grégoire de Tours (451-490) » DACL. Avent. Tom 1, Col 3223-3224.

2. Martimort. L’Église en Prière. Tome 4. La liturgie et le temps. Tournai. Desclée 1983. p105-106.

Le Pape Sirice (385) écrit à l’évêque de Tolède, il ordonne «qu’on baptise seulement dans les jours de Pâques et de Pentecôte, sauf en cas de nécessité : ceci allait conte l’usage hispanique qui était d’administrer aussi le baptême à Noël, à l’Épiphanie, et aux fêtes des apôtres et des martyrs ». J.F. Rivera. « Le rite baptismal dans l’ancienne liturgie hispanique » LMD 58 (1959) p.39-47.

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