Redécouvrir la prière du Notre Père

NOTRE PERE

Une des dernières étapes proposées aux catéchumènes adultes consiste à leur remettre solennellement la prière du Notre Père : « On transmet aussi aux catéchumènes l’Oraison dominicale ou Prière du Seigneur. Depuis l’Antiquité, elle est la prière spécifique de ceux qui, par le baptême, ont reçu l’adoption filiale ; les néophytes la diront avec les autres baptisés à la première célébration de l’eucharistie à laquelle ils participeront. » (Rituel d’initiation chrétienne des adultes, n° 182). L’importance accordée à ce geste lors de l’initiation chrétienne des adultes incite à redécouvrir tout au long de sa vie de baptisé(e) la prière du Notre Père, afin de toujours mieux se réapproprier la prière du Christ lui‑même comme un « programme de vie ».

On aura remarqué que le rituel de l’Initiation chrétienne souligne que les catéchumènes reçoivent de l’Église la prière du Notre Père. L’une de ses grandes missions à la suite des Apôtres, est en effet de transmettre la foi. Or quand les disciples demandent à Jésus « Apprends-nous à prier » (Lc 11, 1), il leur partage les paroles mêmes qu’il adresse à son Père. Prier le Notre Père c’est prononcer les mots du Fils, jusqu’à le laisser prier en nous. N’oublions pas que l’expression « oraison dominicale » signifie « Prière du Seigneur ».

Il est à noter que cette dernière est destinée tout particulièrement à ceux qui ont reçu le baptême qui les rend fils et filles d’adoption, reconnaissant en Dieu, leur Père et accueillant les autres baptisés, en frères. Dans son encyclique La lumière de la foi, le pape François prenant appui sur Tertullien, s’exprime ainsi : « Après le bain de la nouvelle naissance [le catéchumène] est accueilli dans la maison de la Mère (l’Église) pour élever les mains et prier avec ses frères le Notre Père : il est accueilli dans une nouvelle famille [1] ». Dans la célébration de l’eucharistie, prier le Notre Père c’est entrer dans une communion avec Dieu et nos frères qui trouve sa plénitude dans la communion eucharistique.

Après une présentation du Notre Père comme école de toute prière, ce dossier déploiera la Prière du Seigneur dans les trois dimensions de toute vie baptismale : la célébration, l’annonce et la vie éthique. La qualité du témoignage évangélique tient dans l’articulation entre ces trois pôles. La justesse de toute prière également.

Ce dossier, est le fruit d’un travail commun du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS) et du Service national de la catéchèse et du catéchuménat (SNCC). Il a a été initialement conçu pour accompagner la mise en œuvre  de la nouvelle traduction du Notre Père à partir du 3 décembre 2017, premier dimanche de l’Avent de cette année-là, le 3 décembre 2017, date choisie par les évêques français pour la rendre effective. Il est ici repris, légèrement remanié; pour répondre à l’invitation du pape François de consacrer 2024, l’année précédant le grand Jubilé de 2025, à « une année intense de prière, au cours de laquelle les cœurs s’ouvriront pour recevoir l’abondance de la grâce, faisant du Notre Père, la prière que Jésus nous a enseignée, le programme de vie pour chacun de ses disciples » (Lettre du Pape François à Monseigneur Rino Fisichella pour le Jubilé 2025)

[1] Pape François, La lumière de la foi, Paris, Bayard, Cerf, Fleurus-Mame, 2013, p. 62.

Les articles du dossier

  • L’école du Notre Père

    Dieu est si loin, Dieu est tout proche ! Le croyant navigue entre ses deux affirmations, sans doute à l’instar de toute personne humaine qui s’interroge en vérité sur sa relation à Dieu.

  • « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Note exégétique.

    La demande « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ») a remplacé la formule « Ne nous soumets pas à la tentation » dans la nouvelle traduction liturgique du Notre Père entrée en vigueur le premier dimanche de l’Avent 2017. Cet article reprend une « note exégétique » publiée dans le numéro 289 de la revue la Maison-Dieu  paru  octobre 2017.

  • Le Notre Père dans les rites de communion

    Dans la célébration de la messe, la communion apparaît comme l’aboutissement de toute la célébration et le sommet de la participation des fidèles. Elle est préparée par un ensemble de rites qui n’empiètent pas les uns sur les autres, mais forment une suite ordonnée préparant et anticipant ce que la communion va réaliser : [...]

  • Mise en oeuvre du Notre Père dans la liturgie eucharistique

    Dans la liturgie eucharistique, le Notre Père ouvre les rites de communion. Comme il est situé entre la doxologie chantée de la prière eucharistique et le chant de l’Agneau de Dieu, il est bon de s’interroger sur la pertinence ou non de le chanter et, si on le chante, sur le choix des formes musicales qui conviennent.

  • Notre Père et éthique

    Pour bien situer la dimension éthique du Notre Père, il faut avoir à l’esprit que son registre propre est la prière, et non l’éthique. Cependant quelques points communs les rapprochent.


Le Notre Père dans les documents catéchétiques : diverses mises en oeuvre

Par Catherine Godeffroy, membre du SNCC – Voici, dans les documents catéchétiques à destination de l’enfance ayant la marque visuelle, ceux qui invitent plus particulièrement à approfondir la prière du Notre Père. Lire la suite

 

La figure de l’Orant(e)

Par Sylvie Bethmont, enseignante à l’Ecole cathédrale de Paris, Collège des Bernardins – Si nous sommes aujourd’hui invités à lever les mains pour prier le Notre Père c’est que le concile Vatican II a retrouvé les racines historiques de notre foi. Ainsi en est-il de la figure de l’Orant, très fréquente dans l’art paléochrétien, qui symbolise la prière par son attitude : debout, parfois voilée, les bras levés vers le ciel, les paumes ouvertes. Lire la suite

 

Le Notre Père et la famille

Petite bibliographie pour prier avec le Notre Père en famille. Lire la suite

 

La figure du père

Catéchèse du pape François, 28 janvier 2015

 

Le Notre Père et les ados

L’itinéraire d’Initiales n°235 Silence on prie…

 

Le Notre Père avec Théobule pour les enfants

3 vidéos à découvrir sur le site de Théobule :

  • Mathis et le Notre Père
  • Pourquoi on appelle Dieu « Notre Père » ?
  • Notre Père – Mt 6, 9-15

 

Les 9 demandes du Notre Père

Approche culturelle et pastorale à travers l’évangéliaire d’Egbert

Méditation des sept demandes du Notre Père

Par Enzo Bianchi – Cet article est paru en 2007 dans le Hors-Série n°3 de la revue Tabga. La prière que le Seigneur a enseignée à ses disciples commence par l’invocation : « Notre Père » (comme nous le prions ordinairement en suivant le texte de l’évangile de Matthieu) ou simplement « Père » (dans la version de l’évangile de Luc). C’est une adresse simple, directe, chargée d’affection et de tendresse : elle révèle immédiatement le visage du Dieu auquel les croyants s’adressent. Lire la suite

La lecture de ce dossier convaincra sûrement de l’importance de toujours situer la prière du Notre Père, la prière des fils, dans l’ensemble de la vie baptismale. Comme l’écrivait Mgr Dagens dans sa Lettre aux catholiques de France, en 1997 :

« Si la célébration sacramentelle est véritablement le lieu dont tout part et où tout est appelé à revenir, n’est-ce pas elle qui doit donner leur pleine portée théologale aussi bien à l’engagement dans le monde qu’à l’annonce de la foi ? N’y a-t-il pas en effet un risque réel qu’en se détachant de la vie liturgique et sacramentelle, l’annonce du message se transforme en propagande, que l’engagement des chrétiens perde sa valeur propre et que la prière dégénère en évasion ? Mais, s’il importe que la liturgie soit au centre de la vie chrétienne, il importe tout autant de ne pas en faire le tout, car elle y perdrait sa substance.1 »

Les paroles du Notre Père ont besoin d’être comprises, déployées : c’est tout le rôle de la catéchèse mais aussi de la prière qui nourrit l’intelligence. Elles trouvent leur source dans les évangiles où Dieu se révèle comme « Notre Père ». L’adjectif « notre » implique l’accueil des autres comme frères, tous fils d’un même Père. Comment formuler cette demande « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » sans commencer à vivre le partage du pain quotidien ? Comment demander le pardon de Dieu sans là aussi, vouloir le vivre avec nos frères ?

Dans la mise en œuvre du Notre Père, on gagnera à favoriser deux attitudes :

  • Celle de respecter un temps de silence entre l’invitation à la prière faite par le célébrant et son commencement effectif. Tous les participants doivent pouvoir prononcer « Notre Père » et non pas seulement celui qui préside l’eucharistie ou la prière ;
  • Celle d’inviter les participants à adopter une posture gestuelle qui puisse accompagner les paroles d’adoration puis les demandes incluses dans le Notre Père qui « est à la fois prière et école de prière, par les demandes formulées et l’ordre même de ces demandes. En effet, elle nous invite à la demande du pain quotidien, du pardon et de la délivrance du Mal, mais seulement après nous avoir situés dans l’adoration et l’acceptation de la volonté du Père »2 .

« Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11, 1). Cette demande des apôtres est toujours d’actualité. Que ce don du Notre Père par le Christ Jésus, contribue à nourrir notre vie de fils de Dieu et ce, en communion au Christ, tournés vers le Père et habités par l’Esprit. Qu’elle nous aide à vivre de l’amour même de Dieu comme frères au service des hommes.

1. Mgr Dagens, Proposer la foi dans la société actuelle – Lettre aux catholiques de France, Paris, Cerf, 1997, p 91.

2. Les évêques de France, Catéchisme pour adultes, Paris, coédition : Centurion, Cerf, CERP, CRER, Decanord, Desclée, Droguet-Ardant, de Gigord, Mame, Ed. Ouvrières, Privat, Tardy, Zech éd., 1991, p.324.