Charte des choeurs d’enfants

Guides Célébrer

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Introduction

L’Église se réjouit de toutes les démarches éducatives ; elle voit en elles des contributions au développement de l’homme. Elle sait par la foi que Dieu appelle les hommes à élargir leur horizon trop souvent restreint aux aspects matériels, à apprendre à vivre entre eux la communion, à la faire grandir.

L’objectif de cette charte

Dans les écoles de musique, les conservatoires, les classes aux horaires aménagés, beaucoup d’enfants1 peuvent développer leurs aptitudes humaines et musicales. Simultanément, l’Église est à l’initiative de manécanteries, d’écoles maîtrisiennes et autres chœurs où les enfants ajoutent à l’apprentissage de la musique – du chant en particulier – la découverte de la liturgie.

Sachant l’intérêt de beaucoup d’enfants pour l’expression musicale, et vocale en particulier, constatant que le chant est éducatif, y compris pour la foi, l’Église veut inciter les communautés chrétiennes à faire chanter les enfants. Ce texte concerne tous les groupes d’enfants quel que soit leur effectif, qu’ils chantent à l’unisson ou en polyphonie.

Par ce texte, la Commission Épiscopale pour la Liturgie et la Pastorale Sacramentelle (qui reconnaît comme partenaire pastoral la Fédération Française des Petits Chanteurs) veut encourager l’éducation des enfants par le chant ; elle veut en montrer l’intérêt humain, spirituel et pastoral ; elle souhaite aussi fournir des repères pour les personnes qui les encadrent.

Le présent document ne reproduit pas les textes qui traitent de la liturgie, de la place qu’y occupe le chant, de l’esprit qui conduit les chanteurs. Il invite à se reporter aux autres documents officiels, dont la charte des chanteurs liturgiques.

1. Les enfants et leur éveil à la vie

Les éducateurs ont comme but essentiel d’accompagner les enfants dans leur éveil à la vie et leur cheminement vers l’âge adulte. Cet éveil recouvre des aspects personnels et collectifs que l’on va décrire séparément mais qui sont concomitants.

L’éveil à la conscience de soi

Le chant est une école de maîtrise : posture, souffle, production sonore. Quand il chante, l’enfant doit d’abord écouter. Il apprend non seulement à coordonner son oreille et sa voix, mais aussi ses gestes : par exemple, marcher au rythme d’une musique.

L’éveil à la vie de groupe

Quand les enfants chantent en chœur, ils apprennent à chanter en dialogue avec les autres, à s’écouter mutuellement pour ajuster les quatre paramètres de la musique : hauteur, durée, intensité et timbre. Ils comprennent que nul n’est autosuffisant : ainsi, un enfant assurant une partie soliste reste choriste. De plus, l’esprit collectif conduit les enfants à respecter les personnes, les objets et les lieux.

L’éveil à l’assiduité

Le chant, individuel ou en chœur, est une école de persévérance. Les chanteurs acceptent de reprendre leur énoncé de nombreuses fois dans le but d’améliorer la couleur d’une voyelle, le soutien du souffle, la dynamique d’une phrase. Dès que l’enfant appartient à un chœur – comme à un orchestre ou à une équipe sportive –, il découvre qu’il doit y être présent régulièrement, car le manque d’assiduité d’un seul déstabilise toute l’équipe. Rigueur, fidélité, exigence deviennent des compagnons de route. Ainsi se développe chez l’enfant le goût de l’effort.

L’éveil à la pluralité des musiques

Le chant en chœur est l’occasion pour l’enfant de découvrir des musiques très diverses par leur époque, leur origine, leur genre : grégorien, baroque, classique, folklorique, contemporain, etc. Se découvrir héritier d’une tradition plurielle enrichit l’enfant.

L’éveil à l’incommensurable

Alors que la société insiste sur l’importance des résultats mesurables et rentables, le chant est un lieu d’ouverture à la gratuité, chemin possible vers la grâce. Tout art élève l’être humain au-dessus de ses pesanteurs.

2. La voix des enfants

L’originalité de la voix des enfants

Historiquement, l’Église en était venue à faire chanter les enfants garçons pour disposer de soprani et d’alti sans recourir aux voix féminines. Ce temps est passé. Les voix d’enfants – garçons et filles – sont appréciées pour leur timbre et leur tessiture. De plus, le chant des enfants crée chez les auditeurs une écoute plus attentive.

La tessiture

Les spécialistes recommandent de ne pas classer les enfants trop tôt dans les catégories soprano/alto. En Catalogne, tous les enfants commencent comme soprani, et vers 12 ans,
deviennent alto pour former leur oreille et non pour des raisons de tessiture. Il n’y a pas de raison de ne pas utiliser l’ambitus complet de la voix d’enfant qui est très étendu.

Les précautions

La voix de l’enfant, quand il chante, n’est pas plus fragile que celle de l’adulte. En revanche, c’est la voix parlée qui se fatigue ; et, dans la vie quotidienne, un enfant contrôle moins sa voix parlée ; de plus, un environnement bruyant ne l’y aide pas. Le
formateur lui apprendra à la contrôler et à la respecter, dans le quotidien, comme un instrument.

La mue est une étape naturelle et non une maladie. Pour aider l’enfant pendant sa mue, il faut le laisser chanter en respectant les possibilités vocales du moment, sans imposer un arrêt complet. En effet, il est difficile pour certains d’accepter ce changement, et l’arrêt peut provoquer des réactions néfastes, par exemple, cacher sa mue et donc chanter dans un pupitre mal adapté. Des solutions transitoires seront mises en oeuvre.

Parce qu’il est le mieux placé pour détecter un problème vocal aussi bien dans la voix chantée que parlée, le chef de chœur a une responsabilité importante. S’il soupçonne une pathologie, il incitera les parents à demander un avis médical ; sinon, un travail vocal sérieux suffit à régler la plupart des problèmes techniques et musicaux, parce que chanter correctement est curatif. On ne sous-estimera pas non plus l’interaction entre fonctionnement vocal d’une part et posture et comportement d’autre part.

L’appareil vocal de l’enfant ne peut avoir, vu sa taille, la puissance de celui de l’adulte. Pour ne pas forcer la voix des enfants, le chef de choeur choisira judicieusement son répertoire, l’accompagnement, ainsi que les lieux où chante le chœur, le positionnement dans l’espace, la disposition des chanteurs.

Comme pour les chœurs d’adulte, on fera entendre autant qu’il est possible, la voix nue, sans amplification. Cette voix est localisée et orientée.

3. Psychologie des enfants

La personne qui veut conduire un chœur d’enfants a soin de se mettre à leur portée, de comprendre leur façon de réagir. Elle ne recherche pas exclusivement la qualité musicale et la réussite de ses projets ; mais elle met les enfants au centre de ses préoccupations. Les enfants ne sont pas estimables seulement en tant qu’ils sont capables de produire des chants complexes avec un timbre sans artifice, mais en tant que personnes qui doivent se construire petit à petit.

Les enfants ont le goût d’apprendre

Toujours curieux, toujours heureux de faire des découvertes, ils sont réceptifs à toute forme et à tout genre de musique. Il s’ensuit que les adultes doivent éveiller les enfants au plus grand éventail des compositions, des harmonies et des rythmes. Pour cela, on proposera aussi aux enfants des chants spirituels ou sacrés non liturgiques et des chants profanes. Par cette démarche, les enfants pourront s’investir différemment en chacun des styles. Les adultes responsables du groupe doivent se garder de décréter que seul tel ou tel style plaît aux enfants.

Les enfants ont la capacité d’apprendre

On n’hésitera donc pas à faire travailler par cœur : cela favorise la disponibilité corporelle et d’écoute, renforce la cohésion du chœur, libère la voix et nourrit la mémoire croyante. On n’hésitera pas non plus à être exigeant dans le travail (technique, justesse, phrasé, couleur du son, compréhension du texte) en évitant de lasser les enfants.

Les enfants procèdent par imitation des adultes

De ce fait, il convient que les adultes n’infantilisent ni le langage parlé ni le langage chanté. Quand les enfants jouent à mettre les chaussures ou les vêtements de leurs parents, ils
manifestent leur désir d’accéder au stade adulte. Ainsi, le formateur doit montrer que les chants qu’il propose – quels que soient leurs styles – trouvent en lui, adulte, un écho profond. S’il en est ainsi, les enfants s’approprieront ces chants.

Les enfants ont moins de blocages corporels que certains adultes

Le chant est un acte non seulement du système phonatoire mais de tout le corps. Les formateurs voient un grand intérêt à coordonner la voix et les mouvements du corps, les enfants alliant volontiers des gestes à leur chant.

Les enfants se consacrent volontiers à une activité gratifiante

Le chant en chœur peut aboutir assez vite à un résultat plaisant, voire à une émotion musicale. Le plaisir partagé commence déjà pendant la répétition si le formateur sait doser les exercices. Quand ils voient le résultat de leur effort, lors d’une célébration ou d’un concert, les enfants ont envie de continuer.

Les enfants se concentrent moins longtemps que les adultes

Le chef de chœur tient compte de cette réalité lorsqu’il envisage le déroulement et la dynamique de la répétition. Ainsi, en une heure, il aborde plusieurs chants, mêlant exercices et étude des partitions. Plutôt que de s’attarder longuement sur un seul chant, il y revient plusieurs fois, de façon assez brève : ce qui a été appris se développe secrètement d’une fois à l’autre.

Les enfants aiment la liberté, mais ils apprécient les repères

Les règles et les exigences sont comprises par les enfants comme des sécurités. La rigueur inhérente à la musique – et plus encore à la musique de groupe – est un facteur d’équilibre pour les enfants. Évidemment, cette rigueur n’empêche pas la convivialité, le jeu et la joie.

Les enfants aiment être reconnus personnellement, mais sont fiers d’appartenir à un groupe

La vie du groupe est donc importante. Outre la convivialité, différents moyens favorisent l’identité et la cohésion du groupe : l’emplacement dans l’espace liturgique, la tenue de service, les temps de ressourcement spirituels, les stages de formation, les tournées de concerts, les congrès, etc.

Leur psychologie évolue

L’évolution psychologique d’un enfant et d’un adolescent est rapide (il n’est pas le même en CM, en 6ème et en 3ème). De plus, fille ou garçon, chacun évolue à son rythme. Les éducateurs y seront très attentifs.

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  1. Le terme « enfants » est compris, dans tout le texte, au sens large : enfants, adolescents, jeunes en général.

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