Les différentes messes de Noël : adorer le Fils de Dieu dans un nouveau-né
« Après la célébration du mystère pascal, l’Église n’a rien de plus à cœur que de commémorer la Nativité du Seigneur et ses premières manifestations : ce qui se fait au temps de Noël. Le temps de Noël s’étend des premières Vêpres de Noël jusqu’au dimanche après l’Épiphanie, ou après le 6 janvier » (Normes universelles de l’année liturgique et du calendrier, 32-33).
La piété moderne a très légitimement paré la fête de la Nativité de Jésus de la tendresse et de la poésie propres à l’évocation de l’Enfant. Originairement elle fut pourtant une fête presque austère, une proclamation solennelle de la divinité du Christ face à ceux qui la niaient (IVe siècle) : dans le fils de la Vierge Marie nous adorons le Fils de Dieu. Les différentes messes de Noël déclinent cette confession de foi.
Réf. Missel du dimanche
1. Messe de la veille au soir
La messe qui ouvre la solennité de la Nativité du Seigneur, au soir du 24 décembre, se situe à la jonction du temps de l’Avent et de Noël. Célébrant dans la joie la naissance du Fils de Dieu parmi les hommes (P 1, 3), elle parle aussi de demain : « Le Seigneur vient nous sauver et demain vous verrez sa gloire » (A 1), « Demain sera détruit le péché de la terre » (Alléluia). Elle souligne par cette référence à l’Exode (Ex 16, 6-7) le lien qui rattache la naissance du Christ à sa passion et à sa résurrection. Mais le demain dans lequel le peuple de Dieu vit son aujourd’hui, c’est celui du retour du Seigneur. Aussi la collecte demande-t-elle : « nous accueillons avec joie ton Fils unique, le Rédempteur : fais que nous puissions aussi le regarder avec confiance sans crainte lorsque viendra comme juge ce même Jésus-Christ notre Seigneur » (P 1).
« Le jour de Noël, on peut, selon l’antique tradition romaine, célébrer trois messes : la messe de la nuit, la messe de l’aurore et la messe du jour (Normes, 34) |
2. Messe de la nuit
« Tous ensemble, réjouissons-nous », telle est l’invitation qui ouvre la messe de la nuit de Noël (A 1). Le psaume dira : « Chantez au Seigneur un chant nouveau », et le verset de l’Alléluia fera écho par avance au message de l’ange : « Je vous annonce une grande joie. » L’objet de cette joie c’est la naissance de Jésus. Mais, par-delà l’événement dont l’Évangile nous fait le récit, il nous faut découvrir son contenu : dans l’enfant qui vient de naître nous adorons « Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux » (PR 1), le fils de la femme en qui « notre nature est unie à celle de Dieu » (P 2). Telle est « la vraie lumière » dont les clartés font « resplendir cette nuit très sainte » (P 1). Noël n’est pas seulement l’évocation d’un événement passé. Au moment de communier, nous chantons : « Le Verbe s’est fait chair, et nous avons vu sa gloire » (A 2). Dans l’Eucharistie, le Christ, né de la Vierge Marie, se fait le pain de notre route, pour soutenir notre montée « jusqu’à la communion glorieuse » avec lui » (P 3) qui nous fera « goûter pleinement sa joie dans le ciel » (P 1).
« Entre les premières vêpres de Noël et la célébration de la messe de minuit, les nombreuses expressions de la piété populaire, diverses selon les pays, comprennent en particulier la tradition des chants de Noël, qui contribuent à transmettre le message de joie et de paix propre à cette solennité. Or, il est opportun de valoriser ces différentes expressions et , le cas échéant de les harmoniser avec les célébrations de la liturgie. Il convient de citer, par exemple, la représentation des « crèches vivantes », l’inauguration de la crèche familiale, l’inauguration de l’arbre de Noël, le repas du soir de Noël. » (Directoire sur la piété populaire et la liturgie, n° 109)
3. Messe de l’aurore
La messe de l’aurore s’ouvre sur l’évocation de la lumière : « Aujourd’hui, sur nous la lumière va resplendir sur nous, car le Seigneur nous est né » (A 1). Ce Seigneur nouveau-né, devant lequel s’émerveillent les bergers, est le Messie promis par les prophètes : il est le Prince de la paix, qu’Isaïe saluait par avance (A 1), le roi sauveur annoncé par Zacharie (A 2). Mais il est beaucoup plus que le Messie d’Israël, il est Dieu fait homme (P 1, 2).
Telle est la foi des chrétiens. Cette foi ne doit pas être seulement une « lumière que la foi fait briller dans nos esprits », il faut qu’elle « resplendisse en nos actes » (P 1). Si nous trouvons, chaque année, dans la célébration de la Nativité du Seigneur, un approfondissement de notre foi, nous devons y puiser aussi la force d’un « amour toujours plus ardent » (P 3). En se donnant à nous dans l’Eucharistie, le Verbe fait chair nous fait communier à l’amour dans lequel il est venu établir sa demeure parmi les hommes.
4. Messe du jour de Noël
« Un jour saint s’est levé sur nous : aujourd’hui une grande lumière est descendue sur la terre » (Alléluia). Cette lumière, la voici : en Jésus Christ le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous donner part à sa vie divine. L’épître et l’évangile le proclament, les oraisons et les chants le redisent dans l’action de grâce et l’invocation. « Le Sauveur du monde, en naissant aujourd’hui, nous a fait naître à la vie divine » (P 3). En prenant notre humanité, il nous unit à sa divinité (P 1). Avec l’« enfant (qui) nous est né » (A 1) commence la création nouvelle, qui est plus merveilleuse encore que la première (P 1). L’une des préfaces de la Nativité chante avec lyrisme l’étonnante promotion que la naissance du Christ apporte à l’homme : « Lorsque ton Verbe prend sur lui la fragilité humaine, notre condition mortelle en reçoit une infinie noblesse ; il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels » (Pr 3).
L’octave de NoëlComme à Pâques, la fête de la Nativité se déploie dans une octave, c’est à dire huit jours. L’Église y commémore saint Etienne premier martyre, saint Jean l’Évangéliste et les saints Innocents. Ces trois fêtes ont un lien avec la Nativité. On nommait Dies natalis, le jour de la mort des martyrs et des saints et d’une certaine manière, Etienne est le premier des nouveaux-nés à la suite du Christ. En saint Jean, nous rappelons l’auteur du quatrième évangile, en particulier son Prologue proclamé le jour de Noël : « le Verbe s’est fait chair » (Jn1, 14). Enfin vient le martyre des saints Innocents, martyrs muets dont l’oraison d’ouverture dit qu’ils sont témoins du Christ « non pas par la parole mais par leur seule mort ». Le dernier jour de l’octave, le 1er janvier, nous célébrons Marie, mère de Dieu. Cette fête est comme le dernier écho à celle de la Nativité. (Extrait de la revue Célébrer n°394) |
Les différentes messes de Noël déclinent ainsi cette confession de foi unanime et émerveillée : dans le fils de la Vierge Marie nous adorons le Fils de Dieu. Dans lur sillage, les fêtes de l’Épiphanie et du Baptême de Jésus, celle de saint Marie Mère de Dieu affirment, chacune à sa façon, le même dogme de notre foi, tandis que nous découvrons dans la fête de la sainte Famille les implications les plus humaines du mystère de l’Incarnation.