L’Exultet, chanter l’événement pascal

11 avril 2010 : Cierge pascal allumé lors du dimanche in albis. Egl. Saint Severin.
Selon une tradition très ancienne, la nuit sainte qui précède le jour de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » (Ex 12, 42). C’est au cours de cette veillée qu’après l’office des lumières, éclate l’annonce de Pâques. Par la voix d’un ministre se tenant symboliquement auprès du cierge pascal qui vient d’entrer en procession, dans l’église l’Exultet peut résonner : « Exultez dans le ciel, multitude des anges ! »
En fait, comme le Missel romain le rappelle, la vigile pascale est organisée de telle sorte que les fidèles, tenant en main leurs flambeaux allumés, soient semblables selon la recommandation de l’Évangile (Lc 12, 35ss.) à ces hommes et femmes qui attendent leur maître, afin qu’à son retour il les trouve en train de veiller et les fasse asseoir à sa table. Pour cela, cette veillée « qui est la plus grande et la plus noble de toutes les solennités » est unique pour chaque paroisse. Et elle est ordonnée ainsi « après le lucernaire (office de la lumière) et la proclamation de la Pâque (1re partie de cette Vigile), la sainte Église, confiante en la parole et la promesse du Seigneur, médite les merveilles que, depuis les origines, celui-ci a réalisées pour son peuple (2e partie ou liturgie de la Parole). Aux approches du matin de la Résurrection, avec les nouveaux membres qui lui sont nés par le baptême (3e partie ou liturgie baptismale), elle prend place à la table que le Seigneur a préparée pour son peuple, elle participe au mémorial de sa mort et de sa résurrection, jusqu’à ce qu’il vienne (4e partie ou liturgie eucharistique) » (Missel romain, éd. 2021, Desclée-Mame, p. 206).
L’annonce de Pâques selon les rubriques du Missel
Lorsqu’il parvient à l’autel après la procession et que le cierge a été déposé sur un grand chandelier ; le prêtre se rend à son siège, il donne son cierge à un ministre, il impose et bénit l’encens, comme à l’évangile de la messe.
S’il y a un ou des diacres, celui-ci qui a été désigné pour chanter l’annonce pascale se présente au prêtre pour lui demander sa bénédiction. Le prêtre dit à voix basse : « Que le Seigneur soit dans votre cœur et sur vos lèvres pour que vous puissiez dignement annoncer la grande joie de Pâques : au nom du Père, et du Fils, X et du Saint-Esprit ». Après avoir encensé le livre et le cierge pascal, le diacre monte à l’ambon ou se rend au pupitre, et il commence cette Annonce, tous étant debout tenant dans leurs mains leurs cierges allumés.
En l’absence du diacre, l’annonce pascale peut être proclamée, par le prêtre lui-même, ou par un autre prêtre concélébrant. Si cependant, par nécessité, l’Annonce est faite par un chantre laïc, celui-ci omet les paroles réservées aux ministres ordonnés.
L’annonce de Pâques, avec sous deux formes possibles
EXULTET (FORME LONGUE)
Exultez dans le ciel, multitude des anges !
Exultez, célébrez les mystères divins !
Résonne, trompette du salut,
pour la victoire d’un si grand Roi !
Que la terre, elle aussi, soit heureuse,
irradiée de tant de feux :
illuminée de la splendeur du Roi éternel,
qu’elle voie s’en aller l’obscurité
qui recouvrait le monde entier !
Réjouis-toi, Église notre mère,
parée d’une lumière si éclatante !
Que retentisse dans ce lieu saint
l’acclamation de tous les peuples !
(Et vous, mes frères et sœurs bien-aimés, qui vous tenez ici
dans l’admirable clarté de cette lumière sainte,
invoquez avec moi, je vous prie,
la miséricorde de Dieu tout-puissant.
Il m’a choisi dans mon indignité
pour être à son service :
qu’il répande la clarté de sa lumière,
pour que je puisse chanter la louange du cierge pascal).
(Le Seigneur soit avec vous. R/. Et avec votre esprit.)
Élevons notre cœur. R/. Nous le tournons vers le Seigneur.
Rendons grâce au Seigneur notre Dieu. R/. Cela est juste et bon.
Vraiment, il est juste et bon
de chanter à pleine voix,
dans tout l’élan du cœur et de l’esprit,
le Père tout-puissant, Dieu invisible,
et son Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur.
C’est lui qui a remis pour nous au Père éternel
le prix de la dette encourue par Adam ;
c’est lui qui répandit son sang par amour
pour effacer la condamnation du premier péché.
Car voici la fête de la Paque
dans laquelle est mis à mort l’Agneau véritable
dont le sang consacre les portes des croyants.
Voici la nuit où tu as tiré d’Égypte
les enfants d’Israël, nos pères,
et leur as fait passer la mer Rouge à pied sec.
Voici la nuit où le feu d’une colonne lumineuse
a dissipé les ténèbres du péché.
Voici la nuit
qui arrache au monde corrompu, aveuglé par le mal,
ceux qui, aujourd’hui et dans tout l’univers,
ont mis leur foi dans le Christ :
nuit qui les rend à la grâce
et leur ouvre la communion des saints.
Voici la nuit ou le Christ,
brisant les liens de la mort,
s’est relevé, victorieux, du séjour des morts.
À quoi nous servirait-il de naitre
sans le bonheur d’être sauvés ?
Ô merveilleuse condescendance de ta tendresse envers nous !
inestimable choix de ton amour :
pour racheter l’esclave, tu as livré le Fils !
Il fallait le péché d’Adam
que la mort du Christ abolit.
Ô bienheureuse faute
qui nous valut pareil Rédempteur !
Ô nuit de vrai bonheur,
qui seule mérita de connaître le temps et l’heure
où le Christ a surgi du séjour des morts !
Voici la nuit dont il est écrit :
« La nuit resplendira comme le jour ;
la nuit même est lumière pour ma joie. »
Car le pouvoir sanctifiant de cette nuit
chasse les crimes et lave les fautes,
rend l’innocence aux coupables et l’allégresse aux affligés,
dissipe la haine, dispose à la concorde et soumet toute puissance.
Dans la grâce de cette nuit,
accueille, Père très saint, en sacrifice du soir
(la flamme montant de) cette colonne de cire (œuvre des abeilles)
que la sainte Église t’offre par nos mains.
Mais déjà nous savons ce que proclame cette colonne
qui brûle avec éclat en l’honneur de Dieu :
quand on en transmet la flamme,
sa clarté ne diminue pas.
(Car elle se nourrit de la cire
produite par l’abeille, comme par une mère,
pour former la substance de ce précieux luminaire.)
Ô nuit de vrai bonheur,
nuit ou le ciel s’unit à la terre,
où l’homme rencontre Dieu.
Aussi nous t’en prions, Seigneur :
permets que ce cierge consacre en l’honneur de ton nom
brûle sans déclin pour dissiper les ténèbres de cette nuit.
Qu’il te soit d’un parfum agréable
et joigne sa clarté à celle des étoiles.
Qu’il brûle encore quand se lèvera l’astre du matin,
cet astre sans pareil qui ne connaît pas de couchant,
le Christ, ton Fils, revenu du séjour des morts,
qui répand sur le genre humain sa lumière et sa paix,
lui qui vit et règne pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
EXULTET (FORME BRÈVE)
Exultez dans le ciel, multitude des anges !
Exultez, célébrez les mystères divins !
Résonne, trompette du salut,
pour la victoire d’un si grand Roi !
Que la terre, elle aussi, soit heureuse,
irradiée de tant de feux :
illuminée de la splendeur du Roi éternel,
qu’elle voie s’en aller l’obscurité
qui recouvrait le monde entier !
Réjouis-toi, Église notre mère,
parée d’une lumière si éclatante !
Que retentisse dans ce lieu saint
l’acclamation de tous les peuples !
(Le Seigneur soit avec vous. R/. Et avec votre esprit.)
Élevons notre coeur. R/. Nous le tournons vers le Seigneur.
Rendons grâce au Seigneur notre Dieu. R/. Cela est juste et bon.
Vraiment, il est juste et bon
de chanter à pleine voix,
dans tout l’élan du cœur et de l’esprit,
le Père tout-puissant, Dieu invisible,
et son Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur.
C’est lui qui a remis pour nous au Père éternel
le prix de la dette encourue par Adam ;
c’est lui qui répandit son sang par amour
pour effacer la condamnation du premier péché.
Car voici la fête de la Pâque
dans laquelle est mis à mort l’Agneau véritable
dont le sang consacre les portes des croyants.
Voici la nuit où tu as tiré d’Égypte
les enfants d’Israël, nos pères,
et leur as fait passer la mer Rouge à pied sec.
Voici la nuit où le feu d’une colonne lumineuse
a dissipé les ténèbres du péché.
Voici la nuit
qui arrache au monde corrompu, aveugle par le mal,
ceux qui, aujourd’hui et dans tout l’univers,
ont mis leur foi dans le Christ :
nuit qui les rend à la grâce
et leur ouvre la communion des saints.
Voici la nuit ou le Christ,
brisant les liens de la mort,
s’est relevé, victorieux, du séjour des morts.
Ô merveilleuse condescendance de ta tendresse envers nous !
inestimable choix de ton amour :
pour racheter l’esclave, tu as livre le Fils !
Il fallait le péché d’Adam
que la mort du Christ abolit.
Ô bienheureuse faute
qui nous valut pareil Rédempteur !
Car le pouvoir sanctifiant de cette nuit
chasse les crimes et lave les fautes,
rend l’innocence aux coupables et l’allégresse aux affliges.
Ô nuit de vrai bonheur,
nuit ou le ciel s’unit à la terre,
où l’homme rencontre Dieu.
Dans la grâce de cette nuit,
accueille, Père saint, en sacrifice du soir
(la flamme montant de) cette colonne de cire (œuvre des abeilles)
que la sainte Église t’offre par nos mains.
Aussi nous t’en prions, Seigneur :
permets que ce cierge consacré en l’honneur de ton nom
brûle sans déclin pour dissiper les ténèbres de cette nuit.
Qu’il te soit d’un parfum agréable
et joigne sa clarté à celle des étoiles.
Qu’il brûle encore quand se lèvera l’astre du matin,
cet astre sans pareil qui ne connaît pas de couchant,
le Christ, ton Fils, revenu du séjour des morts,
qui répand sur le genre humain sa lumière et sa paix,
lui qui vit et règne pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
Plusieurs versions avec répons d’assemblée sont simples à mettre en œuvre si un diacre, prêtre ou chantre s’y entend quelque peu en musique et, par sa voix, transmet beauté et joie de la résurrection : « Qu’éclate … » I 111 – 1 ou « Exultet » de Berthier IL 20 – 18, « Exultet » de Keur Moussa IL 20 – 18 – 2, « Exultet » de Gouzes M 120. À défaut de cantor, le texte, simplement psalmodié, rendra la proclamation plus solennelle que s’il est lu (remarque d’Agnès Pinardel-Minier, alors Adjointe du département Musique du SNPLS, dans un article ancien sur l’Exultet)