Proposer une veillée d’adoration avant la fête du Saint Sacrement
Le Service de pastorale liturgique et sacramentelle, de musique et d’art sacré du diocèse de Strasbourg propose ici une veillée d’adoration pour la veille de la fête du Corps et du Sang du Christ. On peut aussi la proposer un autre soir de la semaine précédant la fête.
L’adoration du Saint Sacrement
Le Directoire sur la piété populaire et la liturgie énumère les diverses modalités de l’adoration au Saint Sacrement :
- « la simple visite au Saint Sacrement présent dans le tabernacle », caractérisée par une prière silencieuse et un cœur à cœur personnel avec Dieu ;
- « l’adoration du Saint Sacrement exposé », pour une durée brève ou prolongée ;
- « l’adoration désignée sous le nom d’adoration perpétuelle, ainsi que celle dite des Quarante Heures ».1
Quelle que soit la modalité, il est important d’aider les fidèles à recourir à la Sainte Écriture, à proposer des chants et des prières adaptés et à demeurer dans la prière silencieuse. On peut aussi introduire des éléments de la Liturgie des Heures et suivre le rythme de l’année liturgique.2
Adorer le Corps du Christ veut dire croire qu’en lui, dans ce morceau de pain, il y a réellement le Christ, qui donne un vrai sens à la vie, à l’immense univers et à la créature la plus petite, à toute l’histoire humaine comme à la plus brève existence. L’adoration est prière qui prolonge la célébration et la communion eucharistique et dans laquelle l’âme continue à se nourrir : à se nourrir d’amour, de vérité, de paix ; à se nourrir d’espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme.
Benoît XVI, mai 2008
Proposition de veillée d’adoration
Avant la célébration, on préparera l’autel qui recevra le ciboire ou l’ostensoir. Si c’est possible, on peut prévoir des bancs de prière placés dans le chœur de l’église. Il est bon d’instaurer un climat de recueillement et de silence dès l’entrée dans l’église.
Au début de la veillée, le ministre3, accompagné par des servants ou des fidèles portant des cierges allumés, va chercher le Saint Sacrement et le transporte du lieu de la réserve à l’autel.
Pendant ce temps, on chante :
Tu es la vraie lumière D 86bis – LAD 595
- Tu es la vraie lumière jaillie dans notre nuit.
Printemps de notre terre,
c’est toi qui nous conduis.
Tu es le beau visage, clarté dans le matin.
D’un radieux message,
nous sommes les témoins.
- Victoire qui délivre des marques du péché,
Ta Pâque nous fait vivre en vrais ressuscités.
Parole vivifiante, tu viens pour notre faim ;
Dans notre longue attente,
ton corps est notre pain.
- Tu fais de nous des frères
rassemblés par ta croix.
Enfants d’un même Père,
nous partageons ta joie.
Merveille de ta grâce,
tu viens nous libérer.
Qu’en ton amour se fasse,
Seigneur, notre unité.
On peut aussi chanter :
C’est Toi Seigneur le pain rompu (D 293 – LAD 322), strophes 4, 5 et 6.
Avec des jeunes on prendra un refrain de Taizé :
Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais.
Court temps de silence.
Proclamation de l’évangile de la fête du Corps et du Sang du Christ :
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus parlait aux foules du règne de Dieu, et guérissait ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. » Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers.
Luc 9, 11b-17
Court temps de silence.
On poursuit par cette exhortation du pape François :
D’où vient la multiplication des pains ? La réponse se trouve dans l’invitation de Jésus aux disciples « ‑ Donnez-leur vous-mêmes… », donner, partager. Qu’est-ce que partagent les disciples ? Le peu qu’ils ont : cinq pains et deux poissons. Mais ce sont justement ces pains et ces poissons qui, dans les mains du Seigneur, rassasient toute la foule. Et ce sont les disciples, perdus devant l’incapacité de leurs moyens, de la pauvreté de ce qu’ils peuvent mettre à disposition, qui en faisant asseoir les gens et en distribuant les pains et les poissons – confiants en la parole de Jésus – nourrissent la foule. Et ceci nous dit que dans l’Église, mais aussi dans la société, un mot-clé duquel nous ne devons pas avoir peur est solidarité, c’est-à-dire savoir mettre à disposition de Dieu ce que nous avons, nos humbles capacités, car c’est seulement dans le partage, dans le don, que notre vie sera féconde, portera du fruit. Solidarité : un mot mal vu par l’esprit mondain ! Ce soir, encore une fois, le Seigneur distribue pour nous le pain qui est son Corps, il se fait don. Et nous aussi nous faisons l’expérience de la solidarité de Dieu avec l’homme, une solidarité qui ne s’épuise jamais, une solidarité qui ne finit pas de nous surprendre : Dieu se fait proche de nous, par le sacrifice de la Croix il s’abaisse en entrant dans l’obscurité de la mort pour nous donner sa vie, qui vainc le mal, l’égoïsme, la mort. Ce soir aussi Jésus se donne à nous dans l’Eucharistie, partage notre chemin, ou plutôt se fait nourriture, la vraie nourriture qui soutient notre vie, y compris dans les moments où la route se fait difficile, et où les obstacles ralentissent nos pas. Et dans l’Eucharistie, le Seigneur nous fait parcourir sa route, celle du service, du partage, du don, et ce peu que nous avons, ce peu que nous sommes, s’il est partagé, devient richesse, car la puissance de Dieu, qui est celle de l’amour, descend dans notre pauvreté pour la transformer. Demandons-nous alors ce soir, en adorant le Christ réellement présent dans l’Eucharistie : est-ce que je me laisse transformer par Lui ? Est-ce que je laisse le Seigneur qui se donne à moi, me guider à sortir toujours plus de mon petit enclos et à ne pas avoir peur de donner, de partager, de L’aimer et d’aimer les autres ? Frères et sœurs : la suite du Christ, communion, partage. Prions pour que la participation à l’Eucharistie nous provoque toujours à suivre le Seigneur chaque jour, à être instruments de communion, à partager avec Lui et avec notre prochain ce que nous sommes. Alors notre existence sera vraiment féconde.
Extrait de l’homélie du pape François pour la Fête-Dieu en 2016
Laisser alors un temps de silence conséquent
15 à 20 minutes ou plus si l’assemblée est familière de la prière silencieuse.
Chant :
Avec des jeunes, prendre le refrain de Taizé : O Adoremus te O Christe ou O Christe Domine Jesu ou Ubi Caritas et amor. On peut aussi enchaîner les trois en laissant un court temps de silence entre et terminer par un temps de silence plus long.
Inviter l’assemblée à chanter ou prier le psaume 110 (Antienne C66 – LAD 234) :
R/ Tout vient de toi, ô Père très bon,
nous t’offrons les merveilles de ton amour.
1 De tout cœur je rendrai grâce au Seigneur
dans l’assemblée, parmi les justes.
2 Grandes sont les œuvres du Seigneur ;
tous ceux qui les aiment s’en instruisent.
3 Noblesse et beauté dans ses actions :
à jamais se maintiendra sa justice.
4 De ses merveilles il a laissé un mémorial ;
le Seigneur est tendresse et pitié.
5 Il a donné des vivres à ses fidèles,
gardant toujours mémoire de son alliance.
6 Il a montré sa force à son peuple,
lui donnant le domaine des nations.
7 Justesse et sûreté, les œuvres de ses mains,
sécurité, toutes ses lois,
8 établies pour toujours et à jamais,
accomplies avec droiture et sûreté !
9 Il apporte la délivrance à son peuple ; +
son alliance est promulguée pour toujours :
saint et redoutable est son nom.
10 La sagesse commence
avec la crainte du Seigneur. +
Qui accomplit sa volonté en est éclairé.
À jamais se maintiendra sa louange.
Gloire au Père …
Inviter à la prière litanique :
Prions dans la joie le Seigneur Jésus Christ, Pain de notre vie :
R/ Sur la terre des hommes, fais briller,
Seigneur, ton amour ! (Y 55 – LAD 231-19)
Ô Christ, tu as nourri les foules au désert :
Rends-nous attentifs aux besoins des pauvres.
Soutiens ceux qui luttent
contre la faim et la pauvreté. R/
Tu es le prêtre unique du Dieu très-haut :
apprends à tous ceux qui participent à l’eucharistie
à vivre le service du frère. R/
Tu rassembles en un seul corps
ceux qui participent au même pain :
préserve l’unité des croyants. R/
Tu es le pain envoyé par le Père
pour notre guérison :
Rends la santé aux malades,
soutiens ceux qui vont mourir,
et fortifie ceux qui traversent une épreuve. R/
Si l’assemblée est peu nombreuse, on peut proposer aux personnes présentes de formuler quelques intentions libres.
Le ministre dit l’oraison :
Toi qui nous a donné, Seigneur,
le vrai pain du ciel,
accorde-nous de trouver dans cet aliment
la force de ton Esprit,
pour vivre en toi dès maintenant,
et pour ressusciter
dans la gloire au dernier jour.
Par Jésus le Christ, notre Seigneur
Amen.
Si un prêtre ou un diacre a présidé la veillée, il fait la génuflexion, prend l’ostensoir ou le ciboire et fait sur le peuple le signe de la croix sans rien dire.
La bénédiction achevée, il dépose le sacrement dans le tabernacle.
Si un autre ministre a présidé la veillée, il dépose avec respect le sacrement dans le tabernacle.
Chant d’envoi
On peut choisir un des chants suivants :
En mémoire du Seigneur (D 304-1 – LAD 327), C’est toi Seigneur le pain rompu, strophes 10 et 11 (D 293 – LAD 322) (surtout si on l’a choisi pour débuter la veillée).
Avec des jeunes, on prendra le refrain de Taizé : Magnificat.
On invitera les fidèles à respecter un climat de silence et de recueillement en sortant de l’église.
—
1. Directoire sur la piété populaire et la liturgie n°165.
2. Ibidem.
3. « Le ministre ordinaire de l’exposition du Saint Sacrement est le prêtre ou le diacre. En cas d’absence ou d’empêchement légitime de la part du prêtre ou du diacre, peuvent exposer publiquement la sainte eucharistie à l’adoration des fidèles et ensuite la reposer un acolyte institué, ou un autre ministre extraordinaire de la sainte communion, ou quelqu’un d’autre député par le curé du lieu. » (Rituel de l’eucharistie en dehors de la messe n° 91).
Cet article est paru en mars 2019 dans le numéro La Fête-Dieu de Caecilia. Caecilia est la revue du Service de pastorale liturgique et sacramentelle, de musique et d’art sacré du diocèse de Strasbourg en mars 2019.