Parcours de rencontres communautaires à la découverte de l’Eucharistie

Un laïc distribue la communion au corps du Christ, au cours de la célébration eucharistique.

Un laïc distribue la communion au corps du Christ, au cours de la célébration eucharistique.

Une nouvelle traduction du Missel Romain va être publiée. Voilà une excellente occasion de re-découvrir certains aspects du mystère de l’Eucharistie et la dynamique de sa célébration.

Nous proposons six rencontres que nous avons adaptées à partir d’un livret réalisé il a quelques années par le diocèse de Périgueux et Sarlat.

Chaque rencontre se déroule selon le même modèle et vise à approfondir un des aspects de l’Eucharistie, dans un climat de partage, de prière et avec le soin de relier l’Eucharistie à la vie de foi de chacun et de nos communautés.

Ce parcours simple et facile à mettre en œuvre peut être vécu comme une première étape vers un approfondissement de l’Eucharistie source et sommet de la vie de l’Eglise.

Déroulement

Chaque étape de ce parcours peut se décliner de la façon suivante :

  • Les textes sont lus une première fois à voix haute par un membre du groupe. Les autres participants n’ont pas encore les textes.
  • On distribue les textes. Chacun les lit en silence.
  • Temps de partage.
  • Prière à partir d’un des textes.

Six rencontres, six étapes

Etape 1 Dieu nourrit son peuple

Lecture du livre de l’Exode (16, 1…36)

Les murmures du peuple

01 Toute la communauté des fils d’Israël partit d’Élim et atteignit le désert de Sine, entre Élim et le Sinaï, le quinzième jour du deuxième mois après sa sortie du pays d’Égypte.

02 Dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël récriminait contre Moïse et Aaron.

03 Les fils d’Israël leur dirent : « Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Égypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! »

Le don de la manne

04 Le Seigneur dit à Moïse : « Voici que, du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour sa ration quotidienne, et ainsi je vais le mettre à l’épreuve : je verrai s’il marchera, ou non, selon ma loi.

05 Mais, le sixième jour, quand ils feront le compte de leur récolte, ils trouveront le double de la ration quotidienne. »

06 Moïse et Aaron dirent alors aux fils d’Israël : « Ce soir, vous saurez que le Seigneur vous a fait sortir du pays d’Égypte ;

07 et, demain matin, vous verrez la gloire du Seigneur, parce qu’il a entendu vos récriminations contre lui. Nous, que sommes-nous pour que vous récriminiez contre nous ? »

08 Par là, Moïse voulait dire : « Vous verrez la gloire du Seigneur quand, le soir, il vous donnera de la viande en nourriture et, le matin, du pain à satiété. En effet, le Seigneur a entendu vos récriminations. Car ce n’est pas contre nous que vous récriminez mais bien contre le Seigneur. »

09 Moïse dit ensuite à Aaron : « Ordonne à toute la communauté des fils d’Israël : “Présentez-vous devant le Seigneur, car il a entendu vos récriminations.” »

10 Aaron parla à toute la communauté des fils d’Israël ; puis ils se tournèrent du côté du désert, et voici que la gloire du Seigneur apparut dans la nuée.

11 Le Seigneur dit alors à Moïse :

12 « J’ai entendu les récriminations des fils d’Israël. Tu leur diras : “Au coucher du soleil, vous mangerez de la viande et, le lendemain matin, vous aurez du pain à satiété. Alors vous saurez que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu.” »

13 Le soir même, surgit un vol de cailles qui recouvrirent le camp ; et, le lendemain matin, il y avait une couche de rosée autour du camp.

14 Lorsque la couche de rosée s’évapora, il y avait, à la surface du désert, une fine croûte, quelque chose de fin comme du givre, sur le sol.

15 Quand ils virent cela, les fils d’Israël se dirent l’un à l’autre : « Mann hou ? » (ce qui veut dire : Qu’est-ce que c’est ?), car ils ne savaient pas ce que c’était.

Le ramassage de la manne et la règle du sabbat

Moïse leur dit : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger.

16 Voici ce que le Seigneur a ordonné : Recueillez-en autant que chacun peut en manger : une mesure par personne. Chacun de vous en prendra selon le nombre d’habitants de sa tente. »

17 Les fils d’Israël firent ainsi : certains en recueillirent beaucoup, d’autres peu.

18 Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop ; celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien. Ainsi, chacun en avait recueilli autant qu’il pouvait en manger.

19 Moïse leur dit encore : « Que personne n’en garde jusqu’au matin ! »

20 Ils n’écoutèrent pas Moïse et certains en gardèrent jusqu’au matin. Mais le surplus fut infesté de vers et se mit à sentir mauvais. Alors Moïse s’irrita contre eux.

21 Matin après matin, ils en recueillaient autant que chacun pouvait en manger. À la chaleur du soleil, tout était fondu.

22 Or, le sixième jour, ils recueillirent le double de ce pain : deux mesures par personne. Et tous les chefs de la communauté vinrent en informer Moïse.

23 Moïse leur dit : « Oui, c’est bien ce que le Seigneur avait dit. Demain est un grand sabbat, un sabbat consacré au Seigneur. Cuisez ce qui doit cuire, faites bouillir ce qui est à bouillir. Et gardez le surplus en réserve jusqu’au matin. »

24 Ils le gardèrent, comme Moïse l’avait ordonné. Et il n’y eut ni mauvaise odeur ni vermine.

25 Moïse leur dit : « Mangez-le aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est le sabbat du Seigneur. Aujourd’hui, vous n’en trouverez pas dehors.

26 Pendant six jours, vous en ramasserez, mais, le septième jour, c’est le sabbat : il n’y en aura pas. »

27 Or, le septième jour, des gens sortirent pour en recueillir, mais ils n’en trouvèrent pas.

28 Le Seigneur dit à Moïse : « Combien de temps encore refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois ?

29 Voyez : le Seigneur vous a donné le sabbat ; aussi, le sixième jour, vous donne-t-il du pain pour deux jours. Restez donc chacun chez vous. Que personne ne sorte de chez lui le septième jour. »

30 Et, le septième jour, le peuple cessa toute activité.

31 La maison d’Israël donna à ce pain le nom de « manne ». C’était comme de la graine de coriandre, de couleur blanche, au goût de beignet au miel.

32 Moïse dit : « Voici ce que le Seigneur a ordonné : Qu’on en garde une pleine mesure en réserve pour les générations futures. Ainsi pourront-ils voir le pain dont je vous ai nourri au désert, quand je vous ai fait sortir du pays d’Égypte. »

33 Moïse dit à Aaron : « Prends un vase, tu y mettras une pleine mesure, de manne et tu le déposeras devant le Seigneur, en réserve pour les générations futures. »

34 Comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse, Aaron déposa le vase, en réserve, devant le Témoignage.

35 Les fils d’Israël mangèrent de la manne pendant quarante ans, jusqu’à leur arrivée en pays habité ; ils mangèrent de la manne jusqu’à leur arrivée aux confins du pays de Canaan.

36 La mesure utilisée, l’omèr, est un dixième de l’épha.

Exode 16, 1-36

Lecture du livre du Deutéronome (8, 2-3)

Moïse disait au peuple d’Israël :

02 Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : allais-tu garder ses commandements, oui ou non ?

03 Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue – pour que tu saches que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.

Deutéronome, 8, 2-3

Pour partager ensemble

  1. Dieu nourrit son peuple au désert. Aujourd’hui, comment nourrit-il ma vie de foi ?
  2. La parole de Dieu est une parole efficace. Quelle place tient-elle dans ma vie ? Particulièrement à la messe ?
  3. Pourquoi Moïse invite-t-il le peuple à faire mémoire de la manne ? Et pour nous, quelle est l’importance de faire mémoire dans la célébration de la messe ?
  4. En quoi la manne aide-t-elle à l’édification du peuple ?
  5. Quel lien peut-on faire entre ces textes et la célébration de l’Eucharistie ?

Etape 2 Jésus nourrit une foule

Lecture de l’Évangile de Marc

En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. Déjà l’heure était avancée ; s’étant approchés de lui, ses disciples disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive. Renvoie-les : qu’ils aillent dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. » Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Irons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à manger ? » Jésus leur demande : « Combien de pains avez-vous ? Allez voir. » S’étant informés, ils lui disent : « Cinq, et deux poissons. » Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte. Ils se disposèrent par carrés de cent et de cinquante. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous. Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. Et l’on ramassa les morceaux de pain qui restaient, de quoi remplir douze paniers, ainsi que les restes des poissons. Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.

Marc 6, 34-44

Pour partager ensemble

  1. Jésus accueille la foule et nourrit chacun. De quelle manière ?
  2. Jésus enseigne. La parole de Dieu est-elle pour moi une vraie nourriture ? Est-ce que je prends les moyens de la savourer ?
  3. Jésus partage. L’Eucharistie est-elle une réponse à nos multiples faims ?

Méditation sur l’hostie

J’aime beaucoup prendre dans ma main une hostie qui n’est pas consacrée et méditer devant ce morceau de pain. Il y a d’ailleurs deux expressions synonymes : gagner sa vie et gagner son pain ; le pain, c’est la vie. Et je me dis : Comment Dieu regarde-t-il ce morceau de pain ? Il ne le voit pas comme il verrait un caillou, car ce pain est le résultat de toute une histoire.

Pour que je puisse le tenir dans mes mains, il a fallu le travail de nombreuses personnes … Ce pain est le fruit de la transformation de la nature. Notre tâche humaine est l’humanisation de la nature, la transformation du monde pour qu’il devienne humain.

Si l’on en reste à cette transformation, c’est fini. L’histoire de l’homme reste purement humaine, elle boucle sur elle-même. Ce pain, on va le manger et puis on continuera à travailler, à transformer la nature et à produire du pain ; il n’y a pas de débouché au-delà de l’histoire.

Mais si je porte ce pain sur l’autel, le Christ en fait son propre corps ; il divinise ou christifie ce que, moi, j’ai humanisé : « Ce pain, ce vin, fruits de la terre et du travail des hommes ; ils deviendront le pain de la vie et le vin du Royaume éternel »

Si le morceau de pain que je porte à l’autel n’est pas l’homme, il n’y a plus grand-chose à comprendre à l’eucharistie, sinon un Christ qui tombe du ciel dans un morceau de pain pour devenir notre nourriture au sens où cela nous consolera, nous fortifiera, nous permettra de lutter contre les tentations. Nous retombons dans un moralisme dans lequel il est impossible que puissent rentrer nos contemporains.

Le vrai est que toute l’histoire de l’homme devient le corps du Christ. Elle ne cesse pas pour autant d’être une histoire humaine, mais elle débouche sur un au-delà de l’homme qui est sa véritable vocation. Et c’est quand l’homme devient véritablement Corps du Christ qu’il devient pleinement homme …

Le Christ est donc présent non pas comme quelqu’un qui tombe du ciel, mais comme étant le fruit de la transformation divinisante qu’il opère dans ce mystère le plus central de notre foi qui est l’Eucharistie. L’hostie consacrée n’est pas seulement le Christ, c’est aussi l’homme christifié.

« Joie de croire, joie de vivre », , Père François Varillon (mort en 1978)

Pour aller plus loin

  1. Quels sont les points forts de ce texte ?
  2. Quelle perception de l’Eucharistie donne-t-il ?
  3. Communier au Corps et au Sang du Christ nous permet-il de vivre une transformation au point de nous sentir « homme christifié » ?

Etape 3 L’institution de l’Eucharistie

Nos prières eucharistiques sont une synthèse de quatre récits de l’institution (Mt, Mc, Lc et 1 Co). Dans le tableau qui suit, en partant de la 2ème prière eucharistique, nous signalons l’origine de chacun des membres de phrases. Ce qui est en italique est rajouté. Ce qui est en gras est commun aux quatre récits.

1. Chez Mt et Mc, la mention du repas intervient avant la bénédiction sur le pain.
2. On trouve seulement en 1 Co la mention de la venue de Jésus. Lc parle de la venue du Royaume. Quant à Mt et Mc, ils mentionnent le repas au dernier jour, dans le Royaume du Père.

Pour partager ensemble

  1. Dans un premier temps, remarquer les points communs et les différences entre les récits de l’institution.
  2. Le récit ne se trouve pas dans l’évangile de Jean. Par quoi est-il remplacé ?
  3. Quel est le lien entre les quatre évangiles ?

Le sacrifice

Ce n’est pas d’abord ce qui fait souffrir : c’est ce qui met en relation avec Dieu et donne accès au véritable bonheur :

Est vrai sacrifice toute oeuvre accomplie pour nous attacher à Dieu, autrement dit toute oeuvre rapportée à ce bien suprême grâce auquel nous pouvons être véritablement heureux.

Saint Augustin (354-430) : « La Cité de Dieu »

L’autel

« L’autel, où le sacrifice de la croix est rendu présent sous les signes sacramentels, est aussi la table du Seigneur, à laquelle dans la messe, le peuple de Dieu est invité à participer ; il est aussi le centre de l’action de grâce qui s’accomplit pleinement par l’Eucharistie. »

Dans la construction des églises nouvelles, il importe de n’élever qu’un seul autel, pour qu’il soit le signe, au milieu de l’assemblée des fidèles, de l’unique Christ et de l’unique Eucharistie de l’Eglise. On lui donnera l’emplacement qui en fera le centre où convergera spontanément l’attention de toute l’assemblée des fidèles.

Par respect pour la célébration du mémorial du Seigneur et pour le banquet où nous sont donnés le Corps et le Sang du Seigneur, on mettra sur l´autel où l’on célèbre au moins une nappe blanche …

« Présentation générale du Missel romain », PGMR

Pour partager ensemble

  1. Repas, sacrifice, action de grâce : trois mots pour désigner l’Eucharistie. Y en a-t-il un que nous privilégions ? Pourquoi ?
  2. On ne peut dissocier ces trois mots car chacun rend compte d’un des aspects du mystère célébré. Regardons comment chacun des termes est développé dans les textes.

Dans un simple geste, Jésus résume, récapitule toute sa vie

Lorsque Jésus, le soir du jeudi saint, lors du repas d’adieu auquel il a convié ses disciples, refait les gestes du repas pascal, prend le pain et la coupe, et prononce les bénédictions solennelles, il semble accomplir un rythme immuable, celui par lequel Israël célèbre sa libération, la Pâque.

En fait, dans la lignée des prophètes, en accomplissant cette tradition, il la subvertit.Car ce pain, cette coup, qui vont circuler autour de la table (« Prenez, mangez… buvez-en tous »), ne sont plus seulement la participation de tous à la prière de bénédiction, d’action de grâce, qui vient d’être prononcée sur ces offrandes. Au rite traditionnel, Jésus a ajouté la parole qui change tout, les mots qui l’identifient, lui, à ces offrandes, l’expression par laquelle il se substitue désormais à ce qui est offert :  « C’est moi, c’est mon corps, c’est mon sang, c »est ma vie ».

Dans ce simple geste, accompli ce soir-là une fois pour toutes, mais que ses disciples sont appelés à refaire, Jésus résume, récapitule toute sa vie.

En tendant ce pain et cette coupe vers Dieu son Père et vers ses frères, il dit bien que sa vie leur est toute entière donnée, consacrée. Son existence, son temps, son énergie, sa parole et sa prière, ses jours et ses nuits, rien qu’il ait gardé pour lui. Ce pain saisi à pleines mains exprime que, sa vie, il l’a bien prise en mains. On ne la lui prend pas : « Ma vie, on ne me la prend pas : c’est moi qui la donne » (Jn 10, 18). Elle ne lui file pas entre les doigts, comme trop souvent la nôtre. Mais il ne la prend en mains que pour la tendre, la donner.

Jean-Noël Bezançon

Etape 4 Le repas du Seigneur

Le repas du Seigneur 1 Co 11, 17-34 // Mt 26, 20-29 ; Mc 14, 17-25 ; Lc 22, 14-23

17 Puisque j’en suis à vous faire des recommandations, je ne vous félicite pas pour vos réunions : elles vous font plus de mal que de bien. 18 Tout d’abord, quand votre Église se réunit, j’entends dire que, parmi vous, il existe des divisions, et je crois que c’est assez vrai, 19 car il faut bien qu’il y ait parmi vous des groupes qui s’opposent, afin qu’on reconnaisse ceux d’entre vous qui ont une valeur éprouvée. 20 Donc, lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus le repas du Seigneur que vous prenez ; 21 en effet, chacun se précipite pour prendre son propre repas, et l’un reste affamé, tandis que l’autre a trop bu. 22 N’avez-vous donc pas de maisons pour manger et pour boire ? Méprisez-vous l’Église de Dieu au point d’humilier ceux qui n’ont rien ? Que puis-je vous dire ? vous féliciter ? Non, pour cela je ne vous félicite pas !

23 J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, 24 puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » 25 Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » 26 Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

27 Et celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur. 28 On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire à cette coupe. 29 Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur. 30 C’est pour cela qu’il y a chez vous beaucoup de malades et d’infirmes et qu’un certain nombre sont endormis dans la mort. 31 Si nous avions du discernement envers nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. 32 Mais lorsque nous sommes jugés par le Seigneur, c’est une correction que nous recevons, afin de ne pas être condamnés avec le monde. 33 Ainsi donc, mes frères, quand vous vous réunissez pour ce repas, attendez-vous les uns les autres ; 34 si quelqu’un a faim, qu’il mange à la maison, pour que vos réunions ne vous attirent pas le jugement du Seigneur. Quant au reste, je le réglerai quand je viendrai.

Saint Justin (v. 100 – v. 165)

Le jour qu’on appelle le jour du soleil, tous, qu’ils habitent les villes et les campagnes, se réunissent dans un même lieu. On lit les Mémoriaux des apôtres et les écrits des prophètes autant que le temps le permet. La lecture finie, celui qui préside prend la parole pour avertir et exhorter à imiter ces beaux enseignements. Ensuite nous nous levons tous et nous prions ensemble à haute voix. Puis, comme nous l’avons déjà dit, lorsque la prière est terminée, on apporte du pain avec du vin et de l’eau. Celui qui préside fait monter au ciel les prières et les actions de grâces autant qu’il a de force, et tout le peuple répond par l’acclamation : Amen.

Puis a lieu la distribution et le partage des aliments consacrés à chacun et l’on envoie leur part aux absents par le ministère des diacres. Ceux qui sont dans l’abondance, et qui veulent donner, donnent librement chacun ce qu’il veut. Ce qui est recueilli est remis entre les mains du président, et il assiste les orphelins, les veuves, les malades, les indigents, les prisonniers, les hôtes étrangers, en un mot, il secourt tous ceux qui sont dans le besoin.

Nous nous assemblons tous le jour du soleil, parce que c’est le premier jour, où Dieu, tirant la matière des ténèbres ; créa le monde, et que, ce même jour, Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita des morts. La veille du jour de Saturne, il fut crucifié, et lendemain de ce jour, c’est-à-dire le jour du soleil, il apparut à ses apôtres et à ses disciples et leur enseigna cette doctrine, que nous avons soumise à votre examen.

« Grande Apologie », ch 67

Pour partager ensemble

  1. Comment vivons-nous le dimanche ?
  2. Tenons-nous compte de la communauté, du partage ?
  3. Quel souci portons-nous des absents, des malades, des pauvres ?
  4. Suis-je convaincu que la communauté a besoin de ma présence ?
  5. Le Concile Vatican II nous dit, dans sa Constitution sur la liturgie Sacrosanctum concilium au n°106 : « Le dimanche, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils fassent mémoire de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus et rendent grâces à Dieu… » Qu’est-ce que célébrer la mort et la résurrection du Seigneur ?
  6. Comment comprenons-nous l’adage du Père de Lubac : « L’Eglise fait l’Eucharistie et l’Eucharistie fait l’Eglise ? »

Etape 5 Un peuple envoyé

13 Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem,

14 et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

15 Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

17 Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.

18 L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »

19 Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :

20 comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.

21 Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.

22 À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,

23 elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant.

24 Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

25 Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

27 Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

28 Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.

29 Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.

31 Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.

32 Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

33 À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :

34 « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »

35 À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Luc 24,13-35

Pour partager ensemble

  1. Le récit des disciples d’Emmaüs est la matrice de toutes nos célébrations liturgiques. En quoi ?
  2. Comment vivons-nous chacun des temps de nos liturgies ?
  3. Voyons-nous un lien entre ces différents temps ?
  4. Quelles en est la dynamique ?
  5. Le temps de l’envoi : renvoi de l’assemblée ou envoi en mission ? Avons-nous l’impression que nous avons à transmettre la Bonne Nouvelle ? De quelles manières ?

Etape 6 Une existence eucharistique

Avec la communion, le partage du « repas du Seigneur », se termine la messe.

L’assemblée peut se disperser… Mais l”Eucharistie n’est pas terminée !… Elle est cette offrande de toute la vie que l’on fait par amour de Dieu, comme le Christ l’a fait, jusqu’à la mort. Voici deux textes qui le disent. Le premier est de saint Pierre (1 P 2, 4-5) :

Approchez-vous de lui (le Seigneur) : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur. Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant les offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus.

Voici ce que dit saint Paul (Col 3, 12…17) :

Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre cœur de tendresse et de bonté. .. Par-dessus tout, qu’il y ait l’amour: c’est lui qui fait l’unité dans la perfection. Et que dans vos cœurs règne la paix du Christ a laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps. Vivez dans l ‘action de grâce… Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce a Dieu le Père.

Voici ce vers quoi mène la messe : une vie « dans l’eucharistie », « dans l”action de grâce ». Une prière, prononcée « après la communion », dit, tout simplement : « Fais-nous manifester par toute notre vie ce que le sacrement vient d’accomplir en nous. »

La phrase de saint Paul que nous venons de citer : « Que dans vos cœurs règne la paix du Christ a laquelle vous avez été appelés », exprime le sens de l”envoi :

« Allez dans la paix du Christ.

– Nous rendons grâce à Dieu » : nous faisons eucharistie.

André Béhague, « La messe, repas d’unité »

Saint Jean Chrysostome (v. 349-407)

Tu veux honorer le corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu’il est nu. Ne l’honore pas ici, dans l’église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtement. Car celui qui a dit : « Ceci est mon corps », et qui l’a réalisé en le disant, c’est lui qui a dit : « Vous m’avez vu avoir faim, et vous ne m’avez pas donné a manger », et aussi : « Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne I’avez pas fait». lci le corps du Christ n’a pas besoin de vêtement, mais d’âmes pures ; la-bas il a besoin de beaucoup de sollicitude…

Dieu n’a pas besoin de vases d’or mais d’âmes qui soient en or. Je ne vous dis pas cela pour vous empêcher de faire des donations religieuses, mais je soutiens qu’en même temps, et même auparavant, on doit  faire l’aumône. Car Dieu accueille celles-là, mais bien davantage celle-ci…

Quel avantage y a-t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d’or, tandis que lui-même meurt de faim? Commence par rassasier l’affamé et, avec ce qui te restera, tu orneras son autel. Tu fais une coupe en or, et tu ne donnes pas un verre d’eau fraîche ? Et a quoi bon revêtir la table du Christ de voiles d’or, si tu ne lui donnes pas la couverture qui lui est nécessaire ? Qu’y gagnes-tu ? Dis-moi donc : si tu vois le Christ manquer de la nourriture indispensable et que tu l’abandonnes pour recouvrir l’autel d’un vêtement précieux, est-ce qu’il va t’en savoir gré ? Est-ce qu’il ne va pas plutôt s’en indigner ? Ou encore, tu vois le Christ couvert de haillons, gelant de froid, tu négliges de lui donner un manteau, mais tu lui élèves des colonnes d’or dans l’église en disant que tu fais cela pour l’honorer ? Ne va-t-il pas dire que tu te moques de lui, estimer que tu lui fais injure, et la pire des injures ?

Par conséquent, lorsque tu ornes l’église, n’oublie pas ton frère en détresse, car ce temple-la a plus de valeur que l’autre.

« Sermon sur l’évangile de Matthieu »

Pour partager ensemble

  1. Comment mettre en oeuvre aujourd’hui les invitations de Pierre et de Paul, dans un monde qui ne porte pas spontanément à l’action de grâce ?
  2. Comment pouvons-nous être des veilleurs eucharistiques dans notre monde ?
  3. Nous avons peut-être du mal à faire de notre vie une vie eucharistique, une action de grâce. Que nous suggère alors Saint Jean Chrysostome ?

L’Eucharistie événement de fraternité

L’Eucharistie est un événement de fraternité et un appel à vivre la fraternité. Il rayonne de la Messe dominicale une onde de charité, destinée à se diffuser dans toute la vie des fidèles, en commençant par animer aussi la façon de vivre le reste du dimanche. Si c’est un jour de joie, il faut que le chrétien dise par ses attitudes concrètes qu’on ne peut être heureux « tout seul ». Il regarde autour de lui, pour découvrir les personnes qui peuvent avoir besoin de son sens de la solidarité. Il peut arriver que, dans son voisinage ou dans le cercle de ses connaissances, il y ait des malades, des personnes âgées, des enfants, des immigrés, qui, précisément le dimanche, ressentent plus vivement encore leur solitude, leur pauvreté, la souffrance liée à leur condition. A leur égard, l’engagement ne peut certainement pas se limiter à des initiatives dominicales sporadiques, mais pourquoi, sur le fond de cette attitude d’engagement plus global, ne pas donner durant le jour du Seigneur une place plus grande au partage, en utilisant toutes les ressources dont dispose la charité chrétienne? Inviter à sa table une personne seule, faire une visite à des malades, donner à manger à une famille dans le besoin, consacrer une heure à certaines activités bénévoles et de solidarité, ce serait à coup sûr une façon d’introduire dans la vie la charité du Christ puisée à la Table eucharistique.

Ainsi vécus, l’Eucharistie dominicale, mais aussi le dimanche dans son ensemble deviennent une grande école de charité, de justice et de paix. La présence du Ressuscité au milieu des siens se fait appel à la solidarité, elle pousse à un renouvellement intérieur, elle incite à changer les structures de péché qui enserrent les personnes, les communautés, parfois les peuples entiers. Le dimanche chrétien est donc tout autre chose qu’une évasion. Il est plutôt une « prophétie » inscrite dans le temps, une prophétie qui oblige les croyants à suivre les pas du Christ Jésus […].

Jean-Paul II : Lettre apostolique « Le jour du Seigneur » (n°72-73)

1. Comment ce texte interroge-t-il notre vie ?

2. Peut-il y avoir engagement chrétien sans pratique eucharistique ?

Approfondir votre lecture

  • Prier dans la liturgie, une expérience fondatrice

    La vie du chrétien est appelée à devenir un culte à Dieu (Rm 12,1), mais cela ne peut se faire sans la prière, spécialement la prière liturgique. La prière liturgique est fondamentale et même fondatrice en ce sens que, par la liturgie, le Christ se rend présent au croyant par des signes, des rites.

  • Un Missel pour chanter ?

    Le Missel romain, dans sa troisième édition typique, publié en français en 2021, présente la cantillation de la plupart des dialogues, acclamations et prières – bien davantage que dans la version précédente – au point que l’on peut l’envisager comme un Missel pour chanter la messe.

  • « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Note exégétique.

    La demande « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ») a remplacé la formule « Ne nous soumets pas à la tentation » dans la nouvelle traduction liturgique du Notre Père entrée en vigueur le premier dimanche de l’Avent 2017. Cet article reprend une « note exégétique » publiée dans le numéro 289 de la revue la Maison-Dieu  paru  octobre 2017.