Catéchèse du pape : La prière eucharistique, « raison même de la célébration »

18 octobre 2015 : Mains d'un prêtre durant la prière eucharistique, lors de la messe . Rome, Italie. October 18, 2015: Mass, hands of a priest during the Eucharistic prayer. Rome, Italy.

18 octobre 2015 : Mains d’un prêtre durant la prière eucharistique, lors de la messe . Rome, Italie.

Par le pape François, Audience générale du 7 mars 2018

Lors de l’audience générale, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses dédiées à la messe. Il est revenu ce mercredi 7 mars, salle Paul VI, sur la prière eucharistique.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons les catéchèses sur la Sainte messe, en nous arrêtant aujourd’hui sur la prière eucharistique. Une fois achevé le rite de la présentation du pain et du vin, on dit la prière eucharistique, qui est la raison même de la célébration de la messe et en constitue le moment central, jusqu’à la sainte communion. Elle correspond à ce que Jésus lui-même a fait à table avec ses apôtres lors de la dernière Cène, lorsqu’il « rendit grâce » en prenant le pain puis la coupe de vin (cf. Mt 26, 27 ; Mc 14, 23 ; Lc, 22, 17.19 ; 1 Cor 11, 24) : cette grâce rendue est revécue en chaque Eucharistie, nous associant à son sacrifice de salut.

Et dans cette prière solennelle – car la prière eucharistique est solennelle – l’Église exprime ce qu’elle accomplit lorsqu’elle célèbre l’Eucharistie et la raison pour laquelle elle la célèbre, à savoir être en communion avec le Christ réellement présent dans le pain et dans le vin consacrés. Après avoir invité l’assemblée à tourner son cœur vers le Seigneur et à lui rendre grâce, le prêtre prononce la prière eucharistique à haute voix, au nom de toutes les personnes présentes, se tournant vers le Père par Jésus-Christ, dans l’Esprit Saint.

« Le sens de cette prière est que toute l´assemblée des fidèles s’unisse au Christ dans la confession des hauts faits de Dieu et dans l´offrande du sacrifice » (1). Et pour s’unir il faut comprendre. C’est pourquoi l’Église a voulu célébrer la messe dans la langue
de chacun, afin de pouvoir s’unir à cette louange et à cette grande prière avec le prêtre. En vérité, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice » (2).

Dans le missel, il y a plusieurs variantes de prières eucharistiques, toutes constituées d’éléments caractéristiques que je voudrais maintenant rappeler (3). Elles sont toutes très belles. Tout d’abord il y a la préface, qui est une action de grâce pour les dons que Dieu nous fait, en particulier pour nous avoir envoyé son fils comme sauveur. La préface se conclut par l’acclamation du Sanctus, normalement chanté. C’est beau de chanter le Sanctus. « Saint, saint, saint le Seigneur ». C’est beau de chanter cela. Toute l’assemblée unit sa voix à celle des anges et des saints pour louer et glorifier Dieu.

Il y a ensuite l’invocation du Saint-Esprit afin que sa puissance consacre le pain et le vin. Nous invoquons le Saint-Esprit pour qu’il vienne dans le pain et dans le vin, c’est-à-dire dans Jésus. L’action de l’Esprit Saint et l’efficacité des paroles du Christ prononcées par le prêtre rendent réellement présents par les espèces du pain et du vin, son corps et son sang, son sacrifice définitif offert sur la croix (4). À ce sujet, Jésus a été très clair. Tout à l’heure nous avons entendu comment saint Paul rapporte les paroles de Jésus : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ». « Ceci est mon sang, ceci est mon corps ». C’est Jésus lui-même qui a dit cela. Nous ne devons pas en douter, en nous demandant « mais comment est-ce possible… ». C’est le corps de Jésus, point ! C’est la foi, la foi qui nous vient en aide ; par un acte de foi, nous croyons que c’est le corps et le sang de Jésus. C’est le « mystère de la foi », comme nous le disons après la consécration. Le prêtre dit : « il est grand le mystère de la foi » et nous répondons par une acclamation. Célébrant le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, dans l’attente de son retour glorieux, l’Église offre au Père le sacrifice qui réconcilie le Ciel et la Terre. Elle offre le sacrifice pascal du Christ, s’offrant avec lui et demandant de devenir par la force de l’Esprit Saint, « un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (5). L’Église veut s’unir au Christ et devenir avec le Seigneur un seul corps et un seul esprit. Voilà la grâce et le fruit de la communion sacramentelle : nous nous nourrissons du corps du Christ pour devenir, nous qui en mangeons, son corps vivant aujourd’hui dans le monde.

C’est un mystère de communion. L’Église s’unit à l’offrande du Christ et à son intercession ; et à cette lumière, « dans les catacombes, l’Église est souvent représentée comme une femme en prière, les bras largement ouverts en attitude d’orante. Comme le Christ qui a étendu les bras sur la croix, par lui, avec lui et en lui, elle s’offre et intercède pour tous les hommes » (6). L’Église orante, l’Église qui prie. C’est beau de penser que l’Église est en oraison, qu’elle prie. Il y a un passage dans le livre des Actes des Apôtres qui en parle : alors que Pierre est en prison, la communauté chrétienne affirme « prier sans cesse pour lui ». L’Église qui prie, l’Église orante. Et quand nous allons à la messe, c’est pour faire cela : être l’Église qui prie.

La prière eucharistique demande à Dieu d’accueillir tous ses enfants dans la perfection de l’amour, en union avec le pape et l’évêque, cités par leur nom, signe que nous célébrons en communion avec l’Église universelle et avec l’Église particulière. La prière comme l’offrande, est présentée à Dieu par tous les membres de l’Église, vivants et morts, dans l’attente de l’espérance bienheureuse de partager la gloire éternelle du Ciel, en communion avec la Vierge Marie (7). Rien ni personne n’est oublié dans la prière eucharistique, mais toute chose est ramenée à Dieu, comme le rappelle la doxologie qui la conclut. Personne n’est oublié. Et si j’ai quelqu’un, un proche, un ami, qui est dans le besoin ou qui est décédé, je peux les nommer à cet instant, intérieurement et en silence ou bien demander à ce que leurs noms soient dits à voix haute. « Père, combien dois-je payer pour qu’on dise le nom de la personne ? »« Rien ». C’est bien compris ? Rien ! La messe ne se paie pas. La messe est le sacrifice du Christ, qui est gratuit. La rédemption est gratuite. Si vous voulez faire une offrande, faites-la, mais la messe ne se paie pas. Voilà une chose importante à comprendre.

Nous pouvons peut-être nous sentir un peu éloignés de cette forme codifiée de prière – c’est vrai, c’est un texte ancien. Mais, si nous en comprenons bien la signification, alors nous y participerons assurément bien mieux. Elle exprime en effet tout ce que nous réalisons dans la célébration eucharistique ; en outre, elle nous apprend à cultiver trois attitudes qui ne devraient jamais manquer aux disciples de Jésus. Ces trois attitudes sont : premièrement, apprendre à « rendre grâce, toujours et en tous lieux », et pas seulement en certaines occasions, quand tout va bien ; deuxièmement, faire de notre vie un don d’amour, libre et gratuit ; troisièmement, construire la communion concrète dans l’Église et avec tous. Cette prière centrale de la messe nous apprend donc, petit à petit, à faire de toute notre vie une « eucharistie », c’est-à-dire une action de grâce.

Approfondir votre lecture

  • Outils pédagogiques pour chanter avec le Missel romain

    – L’importance du chant selon la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR) 39. L’Apôtre invite les fidèles qui se rassemblent dans l’attente de l’avènement de leur Seigneur, à chanter ensemble des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés (cf. Col 3, 16). Le chant est en effet le signe de l´allégresse du cœur (cf. Ac 2, […]

  • Les mélodies du Missel pour les célébrants (7) : Préfaces communes pour les féries du Temps ordinaire

    1ère préface commune « Récapitulation de toutes choses dans le Christ » 2ème préface commune « Le salut par le Christ » 3ème préface commune « Louange à Dieu pour la création et la régénération de l’homme » 4ème préface commune « La louange, don de Dieu » 5ème préface commune « Proclamation du mystère du Christ » 6ème préface commune […]

  • Les mélodies du Missel pour les célébrants (9) : Préfaces pour les fêtes des saints

    Préface de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise « Marie, image et Mère de l’Eglise » 1ère préface des Apôtres « Les Apôtres, pasteurs du peuple de Dieu » 2ème préface des Apôtres « Les Apôtre, fondements de l’Eglise et témoins » 1ère préface des Saints Martyrs « Signification et valeur exemplaire du martyre » 2ème préface des […]