Prière eucharistique

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Ensemble des formules qui, entre l’offertoire et le « Notre Père », constituent la partie essentielle de la messe : la partie proprement « eucharistique » ou sacrificielle.

La structure des Prières eucharistiques chrétiennes s’apparente à celle des grandes prières d’action de grâces juives. Les formules des « Dix-huit bénédictions » ou Shemonéh-Esré berakôth et de la « Bénédiction du Créateur » ou Birkat Yotsér, par exemple, compor­tent en effet une louange initiale, un Sanctus, des invocations voisines de ce qu’on appelle l’épiclèse, un appel à la mémoire de Dieu (anamnèse), des intercessions, une ou plusieurs doxologies.

Les premières Prières eucharistiques que nous connaissons (cf. la Didachè vers la fin du Ième siècle, le témoignage de saint Justin vers 150, la Tradition apostolique de saint Hippolyte de Rome vers 215, l’anaphore d’Addaï et Mari au IIIe siècle, l’Eucologe de Sérapion de Thmuis vers 350, et les Constitutions apostoliques vers 380) manifestent une véritable parenté avec les prières juives.

La structure antique des Prières eucharistiques, telle qu’elle est issue des prières juives, est bien reconnaissable dans les Prières eucharis­tiques 2, 3 et 4 du Missel romain : la Préface et son dialogue ; le Sanctus ; une louange plus ou moins développée de la sainteté divine se manifestant dans ses œuvres ; l’épiclèse ou appel à l’Esprit Saint en vue de la consécration des offrandes ; le récit de l’institution ou consécration proprement dite ; l’anamnèse ou appel à la mémoire de Dieu, suivant le « Faites ceci en mémoire de moi » ; l’épiclèse post-consécratoire ou appel à l’Esprit Saint en vue de la sanctifi­cation du Corps mystique ; les intercessions ; la doxologie finale du Per Ipsum, conclue par l’Amen des fidèles.

Le Canon romain, ou Prière eucharistique 1, a une structure parti­culière. Sa physionomie est nettement dessinée dès la fin du IVe siè­cle. Le récit de l’institution et l’anamnèse sont au centre de la Prière eucharistique, mais entourés principalement de prières d’inter­cession. Il faut noter trois caractéristiques de ce canon :

1) un double parallélisme qui fait correspondre le Memento des vivants, situé avant la consécration, au Memento des morts, placé après la consécration, l’un et l’autre respectivement suivis d’une prière qui nomme des saints (le Communicantes et le Nobis quoque : voir ces termes et Dyptiques) ;

2) contrairement aux formules fixes de l’Orient, le Canon romain comporte plusieurs prières variables : la Préface, le Communicantes et le Hanc igitur s’adaptent aux diffé­rents temps liturgiques ;

3) négativement enfin, la première Prière eucharistique du Missel romain ne comporte pas de formule expli­cite d’épiclèse, ni avant ni après la consécration : le Quam oblationem qui précède le récit de l’institution ne mentionne pas l’Esprit Saint, mais peut être considéré tout de même comme une épiclèse, car il est un appel à la transformation des dons ; on a proposé aussi de voir dans le Supplices te rogamus l’épiclèse post-consécratoire, sans pouvoir fonder cette affirmation. Il faut surtout reconnaître que le cadre du Canon romain est fort différent de celui des autres Prières eucharistiques.

Les missels français proposent outre les quatre Prières eucharistiques du Missel romain, plusieurs autres Prières autorisées : deux « pour la réconciliation », trois « pour assemblées d’enfants » comportant plusieurs acclamations, une « pour des rassemblements » ; ces Priè­res eucharistiques ont la structure des anaphores* orientales, c’est-à-dire celle des Prières 2, 3 et 4.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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