Épiclèse
Du grec épiclèsis : littéralement « appel » (klèsis) « sur » (épi).
L’épiclèse liturgique est l’appel que l’on adresse à l’Esprit Saint pour qu’il vienne, par son opération divine, consacrer les dons présentés par l’Église à la messe. Dans la structure de la Prière Eucharistique ou Canon, l’épiclèse est la prière qui se situe immédiatement avant le récit de l’institution. Dans le Canon 2, la formule est la suivante : « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur ».
Pour les Orientaux, l’épiclèse n’est pas seulement une prière pour que l’Esprit Saint opère la consécration des dons par le ministre ordonné, au moment où ce dernier va refaire les gestes de l’instituÂtion eucharistique : ils la considèrent comme consécratoire. Pour l’Église latine, les paroles consécratoires proprement dites sont les paroles de l’institution. Ces deux points de vue ne sont pas opposés ; à son habitude, la mentalité orientale souligne le caractère synthéÂtique de la Prière eucharistique : elle est consécratoire dans son entier, mais particulièrement dès lors qu’elle fait expressément appel à l’Å’uvre de l’Esprit.
La rigueur et la précision latines insistent, avec raison, sur les paroles et les gestes qui reproduisent les paroles et les gestes du Seigneur à la dernière Cène. On appelle aussi « épiclèse » la prière à l’Esprit Saint qui, après la consécration, demande l’unité du Corps mystique grâce à la communion au corps eucharistique du Christ : « Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps » (Canon 2). Ainsi, la première épiclèse est une prière à l’Esprit pour qu’il fasse des oblats le corps et le sang du Christ ; la seconde est une autre prière à l’Esprit pour qu’il fasse des fidèles le Corps mystique du Christ, grâce au sacrifice et à la communion eucharistiques.
L’épiclèse manifeste la primauté de l’action divine dans la liturgie, appropriée à l’Esprit Saint ; sans son opération sanctifiante l’Å’uvre du prêtre et celle de la communauté ne sauraient aboutir, ni actualiÂser vraiment l’Alliance. Au-delà de l’acte central de l’Eucharistie, c’est tout acte liturgique qui exige la primauté de l’agir divin de l’Esprit, tel qu’il est exercé par le ministère ordonné.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés