Cycle
Du grec kuklos : « cercle ». Ce qui domine les grandes religions et les grandes philosophies, c’est la conception cyclique du retour à un âge d’or primordial dont nous sépare toute une série de dégradations. Les cycles liturgiques, greffés sur les cycles cosmiques, permettent d’échapper aux cycles de la fatalité et, par les rites convenables, rendent contemporain du Temps primordial. Dans cette conception, descente et remontée sont successives.
Il n’en est pas ainsi dans la religion chrétienne : certes, tout vient de Dieu et tout va à Dieu ; mais le fait que Dieu vienne à nous n’implique aucune nécessité qui amènerait en lui une quelconque dégradation : c’est librement et personnellement qu’il se donne à nous, par les actes sauveurs qu’il a posés dans l’histoire. L’histoire n’est pas l’engrenage impersonnel et inéluctable de forces aveugles, mais la succession dans le temps d’actes libres, posés par des personnes. Dieu, pour nous atteindre, agit dans l’histoire, et nous-mêmes, répondant à ses initiatives, réagissons, dans le temps, à ses avances. L’histoire du salut n’est pas cyclique, mais linéaire : la descente de Dieu vers nous et notre ascension vers lui ne sont pas successives, mais concomitantes et coordonnées ; il s’agit d’une rencontre, d’une Alliance.
Dans le christianisme, pourtant, les cycles liturgiques existent. Ils suivent les cycles cosmiques : le cycle quotidien, qui voit se succéder les Heures canoniales, a son centre dans la messe ; le cycle hebdomadaire part du dimanche et revient au dimanche ; le cycle annuel déroule toute l’histoire du salut, de manière plus détaillée, d’un Avent à l’autre (voir Année liturgique). A la vérité, c’est le même Mystère pascal que célèbrent ces divers cycles : ce sont des cercles concentriques qui, ayant un rayon plus ou moins grand, répondent au besoin humain de rythmes démultipliés.
L’Église ne tourne pas en rond ; elle s’achemine, en spirale, vers le terme de sa destinée, qui est la consommation de l’Alliance dans la Jérusalem céleste. Dieu, notre Créateur, suscite et soutient en nous le dynamisme qui nous conduit progressivement vers lui ; tant que nous ne sommes pas entrés pour toujours dans le cercle des relations trinitaires (voir Trinité, Gloire), la liturgie de ce temps de l’histoire du salut nous situe entre le Calvaire et la Jérusalem céleste et, mystérieusement, nous rend contemporains de l’un et de l’autre.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés
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