Encens
Incensum, en latin, signifie proprement « ce qui est brûlé » (de incendere : « brûler »). L’encens est une résine aromatique qui brûle en dégageant une fumée odoriférante. Avant d’être posé sur les charbons de l’encensoir (voir ce mot), il doit être pilé ou réduit en petits grains. Il arrive que l’on ajoute à l’encens telle ou telle autre substance aromatique, comme le benjoin.
La plupart des religions antiques ont utilisé l’encens. Yahvé lui-même prescrit à Moïse que, chaque matin et chaque soir, on fasse fumer devant lui l’encens aromatique sur l’autel des parfums qui se trouve placé dans le Saint (Ex 30, 7-8 ; cf. Lc 1, 9-11). Au jour solennel des Expiations, le grand prêtre passe même dans le Saint des Saints, avec charbons et encens, pour recouvrir d’un nuage de parfum l’arche d’alliance au-dessus de laquelle Yahvé est censé résider (Lv 16, 12-13).
Avec l’encens, c’est la prière des Israélites qui monte vers Dieu en bonne odeur, selon cette parole du Psal-miste : « Que monte ma prière, en encens devant ta face ! » (Ps 140, 2). L’Apocalypse reprend cette liturgie : « Un ange vint se placer près de l’autel, muni d’une pelle en or. On lui donna beaucoup de parfums pour qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or placé devant le trône. Et, de la main de l’ange, la fumée des parfums s’éleva devant Dieu, avec les prières des saints » (8, 3-4).
A mi-chemin entre la liturgie d’Israël et la liturgie du ciel, l’Église offre à Dieu l’encens pour signifier concrètement son adoration et sa prière (cf. Mt 2, 11). Elle continue ainsi l’hommage central du Christ, qui s’est offert à son Père en odeur de suavité (Ep 5, 2) ; tous les fidèles sont appelés à répandre en tout lieu la bonne odeur du Christ (2 Co 2, 14-16).
L’encens est présenté à tout ce qui symbolise Dieu, à tout ce qui touche à lui : la Croix d’abord, l’autel, le livre des évangiles, les oblats, le prêtre lui-même et les fidèles. Lors des obsèques, on va jusqu’à encenser la dépouille mortelle des baptisés, en signe de l’honneur qui est dû à un temple de l’Esprit Saint (1 Co 6, 19). Au cours des cérémonies de la dédicace d’une église, après que l’on a brûlé pour la première fois l’encens sur l’autel, on va encenser les douze croix de consécration, qui ont reçu l’onction de saint chrême ; ce rite se reproduit au jour anniversaire de la dédicace.
L’encensement de la Croix et de l’autel a lieu deux fois à la messe solennelle : à l’entrée et au moment de la préparation des oblats ; on le pratique aussi à la fin des Vêpres, pendant le chant du Magnificat (éventuellement à la fin des Laudes, pendant le chant du Benedictus). Au salut du Saint-Sacrement, on encense à deux reprises l’hostie consacrée, présentée à l’adoration de tous sur l’ostensoir placé sur l’autel. Quand le prêtre a imposé l’encens, il le bénit d’un signe de croix ; cette bénédiction est omise devant le Saint-Sacrement exposé.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés
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