Sacré
Le mot latin sacrum signifie à la fois un « objet de culte » et un « acte religieux » ; il vient du verbe sancire qui veut dire « rendre inviolable par un acte religieux ». Comme le sanctum, le sacrum est ce qui est inviolable en vertu d’un lien avec le divin. La racine sanscrite sac ou sak est employée pour désigner tout ce qui approche ou suit la divinité.
Si le sacré est le caractère de ce qui est rendu inviolable en vertu d’un contact avec Dieu, on peut le comprendre de deux manières complémentaires : d’une part, tout ce qui est, en tant que tel, vient de Dieu et n’existe qu’en raison d’un « toucher » divin ; d’autre part, tout être venu de Dieu tend vers lui. La première perspective, descendante, présente une conception immanente du sacré : toute créature est sacrée puisqu’elle n’existe qu’en lien avec le Créateur. La seconde perspective, ascendante, situe le sacré, au-delà des êtres limités qui en participent, dans le domaine proprement divin qu’il faut rejoindre par une série de séparations, de « pâques » : la note de transcendance est ici privilégiée.
Toute emprise divine sur les êtres les rend sacrés, mais le caractère sacré des choses ou des actes (voir Sacrement, Sacrifice), dans la mesure où il est perçu et vécu, oriente vers le sacré par excellence qui est la vie de Dieu en son domaine transcendant. Cette double dimension du sacré — Dieu venant à ses créatures et ses créatures allant à lui — est la structure même de la liturgie, menée à sa perfection par l’Incarnation rédemptrice : Jésus, Dieu et homme, est l’être sacré (cf. Lc 1, 35) parfaitement investi par la vie divine, capable de nous faire passer, à sa suite, dans le sein du Père. La liturgie est l’exercice du sacré par l’Église, grâce au sacerdoce du du Christ.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés