Faire appel à l’Esprit source jaillissante de l’espérance
Le mercredi 11 décembre 2024, le Pape François a achevé un cycle de catéchèse sur l’Esprit et l’Église, dont le thème avait été tiré d’un verset de l’Apocalypse « l’Esprit et l’Épouse disent : viens ! ». Dans cette dernière catéchèse, il met en relief l’importance d’appeler la venue de l’Esprit, source d’espérance. En effet, « si l’Église est un bateau, l’Esprit Saint est la voile qui le propulse et le fait avancer sur la mer de l’histoire, aujourd’hui comme hier !”
Du 29 mai 2024 au 11 décembre 2024, le pape François a proposé aux fidèles une série de 17 catéchèses sur l’action de l’Esprit-Saint dans la vie de l’Église : « L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint conduit le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance ». Ce titre donné à l’ensemble du cycle, à savoir : « L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint conduit le Peuple de Dieu à Jésus notre Espérance ». Ce titre fait référence à l’un des derniers versets de la Bible, dans le livre de l’Apocalypse, qui dit : « L’Esprit et l’Épouse disent : “Viens !” » (Ap 22, 17). Le mercredi 11 décembre, le Pape François a souhaité revenir sur cet appel qui doit rester celui de l’Église encore en pèlerinage.
Le Christ et l’Esprit « inséparables dans l’économie du salut »
L’invocation « viens ! » s’adresse d’abord au Christ ressuscité. Elle exprimait chez les premiers chrétiens « l’attente ardente du retour glorieux du Seigneur, de la ‘‘parousie’’ ». D’ailleurs, « ce cri et l’attente qu’il exprime n’ont jamais disparu dans l’Église ». Aujourd’hui encore, à chaque messe, immédiatement après la consécration, on proclame la mort et la résurrection du Christ « dans l’attente de sa venue » dans la gloire. Mais cette attente de la venue ultime du Christ « a également été rejointe par l’attente de sa venue continue dans la situation présente et de pèlerinage de l’Église. Et c’est à cette venue que l’Église pense avant tout lorsque, animée par l’Esprit Saint, elle crie à Jésus : “Viens” ».
Cet appel de l’Église « Viens » se comprend alors aussi comme un appel à l’Esprit-Saint car le Christ et l’Esprit sont « inséparables dans l’économie du salut » et « l’Esprit Saint est la source toujours jaillissante de l’espérance chrétienne », comme le formulait de jà sait Paul : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rm 15, 13).
L’espérance, au-delà des mots
Lorsqu’on perçoit qu’elle est « insufflée par Dieu et qu’elle a Dieu pour garant » on dit d’elle que c’est une vertu théologale -, l’espérance n’est plus le « vague souhait que les choses aillent bien », en se contentant un peu passivement d’attendre que les choses arrivent : elle est « une vertu extrêmement active qui contribue à leur réalisation ».
Voilà quoi « le chrétien ne peut se contenter d’avoir de l’espérance, il doit aussi faire rayonner l’espérance, être un semeur d’espérance. C’est le plus beau cadeau que l’Église puisse faire à l’humanité entière, surtout dans les moments où tout semble pousser à baisser les voiles ». C’est le rôle spécifique de l’Esprit d’y inciter. Oui « viens » !
On trouvera ci-après le texte complet de la catéchèse tel qu’il avait été prévu par le pape pour son audience générale du 11 décembre 2024. Comme cela arrive parfois, certaines parties n’ont pas été lues dans la salle Paul VI mais elles valent comme prononcées.
Cycle de catéchèse. L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint conduit le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance. 17. L’Esprit et l’épouse disent : « viens ! ». L’Esprit Saint et l’espérance chrétienne
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous sommes arrivés au terme de nos catéchèses sur l’Esprit Saint et l’Église. Nous consacrons cette dernière réflexion au titre que nous avons donné à l’ensemble du cycle, à savoir : « L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint conduit le Peuple de Dieu à Jésus notre Espérance ». Ce titre fait référence à l’un des derniers versets de la Bible, dans le livre de l’Apocalypse, qui dit : « L’Esprit et l’épouse disent : “Viens !” » (Ap 22, 17). À qui s’adresse cette invocation ? Elle s’adresse au Christ ressuscité. En effet, tant saint Paul (cf. 1 Co 16, 22) que la Didakè, un écrit de l’époque apostolique, attestent que, dans les rassemblements liturgiques des premiers chrétiens résonnait en araméen le cri « Maràna tha », qui signifie précisément « Viens, Seigneur ! ». C’est une prière au Christ pour qu’il vienne.
À cette époque plus ancienne, l’invocation avait un fond dont nous dirions aujourd’hui qu’il est eschatologique. Elle exprimait, en effet, l’attente ardente du retour glorieux du Seigneur. Et ce cri et l’attente qu’il exprime n’ont jamais disparu dans l’Église. Aujourd’hui encore, dans la Messe, immédiatement après la consécration, elle proclame la mort et la résurrection du Christ « dans l’attente de sa venue ». L’Église est en attente de la venue du Seigneur.
Mais cette attente de la venue ultime du Christ n’est pas restée la seule et unique. Elle a également été rejointe par l’attente de sa venue continue dans la situation présente et de pèlerinage de l’Église. Et c’est à cette venue que l’Église pense avant tout lorsque, animée par l’Esprit Saint, elle crie à Jésus : « Viens ».
Un changement — ou plutôt un développement — plein de sens s’est produit en ce qui concerne le cri « Viens ! », « Viens, Seigneur ». Il ne s’adresse pas seulement au Christ, mais aussi à l’Esprit Saint lui-même ! Celui qui crie est désormais aussi Celui à qui l’on crie. « Viens » est l’invocation par laquelle commencent presque tous les hymnes et les prières de l’Église adressées à l’Esprit Saint : « Viens, Esprit Créateur », disons-nous dans le Veni Creator, et « Viens, Esprit Saint », « Veni Sancte Spiritus », dans la séquence de la Pentecôte ; et il en a de même dans de nombreuses autres prières. Il est juste qu’il en soit ainsi, car, après la Résurrection, le Saint-Esprit est le véritable alter ego du Christ, Celui qui prend sa place, qui le rend présent et opérant dans l’Église. C’est Lui qui fera connaitre les choses à venir (cf. Jn 16, 13) et les fait désirer et attendre. C’est pourquoi le Christ et l’Esprit sont inséparables, y compris dans l’économie du salut.
L’Esprit Saint est la source toujours jaillissante de l’espérance chrétienne. Saint Paul nous a laissé ces précieuses paroles : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rm 15, 13). Si l’Église est un bateau, l’Esprit Saint est la voile qui le propulse et le fait avancer sur la mer de l’histoire, aujourd’hui comme hier !
L’espérance n’est pas un vain mot, ni un vague souhait que les choses aillent bien : l’espérance est une certitude, parce qu’elle est fondée sur la fidélité de Dieu à ses promesses. Et c’est pourquoi elle est appelée vertu théologale : parce qu’elle est insufflée par Dieu et qu’elle a Dieu pour garant. Ce n’est pas une vertu passive, qui se contente d’attendre que les choses arrivent. C’est une vertu extrêmement active qui contribue à leur réalisation. Quelqu’un qui a lutté pour la libération des pauvres a écrit ces mots : « L’Esprit Saint est à l’origine du cri des pauvres. Il est la force donnée à ceux qui n’ont pas de force. Il mène la lutte pour l’émancipation et la pleine réalisation du peuple des opprimés ».
Le chrétien ne peut se contenter d’avoir de l’espérance, il doit aussi rayonner l’espérance, être un semeur d’espérance. C’est le plus beau cadeau que l’Église puisse faire à l’humanité entière, surtout dans les moments où tout semble pousser à baisser les voiles.
L’apôtre Pierre exhortait les premiers chrétiens en ces termes : « Adorez le Seigneur, le Christ, dans vos cœurs, toujours prêts à répondre à quiconque vous interroge sur l’espérance qui est en vous ». Mais il a ajouté une recommandation : Toutefois, faites-le « avec douceur et respect » (1 P 3, 15-16). Et cela n’est pas tant la force des arguments qui convaincra les gens, mais l’amour que nous savons y mettre. C’est la première et la plus efficace des formes d’évangélisation. Et elle est ouverte à tous !
Chers frères et sœurs, que l’Esprit nous aide toujours, toujours à « abonder en espérance par la vertu de l’Esprit Saint » !
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