Heures
La liturgie des Heures ou office divin vise à sanctifier le jour et la, nuit. Le cycle quotidien est le rythme fondamental de la vie humaine : il constitue le cadre naturel de nos rencontres avec Dieu. Yahvé n’avait-il pas l’habitude, dans le paradis, de venir retrouver ses amis humains « à la brise du jour » (Gn 3, 8) ? Les Psaumes sont des prières du matin (Ps 5.16.56), du milieu du jour (Ps 54, 18), du soir (Ps 4.133.140) et du milieu de la nuit (Ps 62, 7 ; 118, 62). Daniel, « trois fois par jour, se mettait à genoux, priant et confessant Dieu : c’est ainsi qu’il avait toujours fait » (6, 11 ; cf. Ps 54, 18). Après l’Ascension de Jésus, les apôtres « étaient constamment dans le Temple à louer Dieu » (Lc 24, 53 ; Ac 2, 46), et l’on voit Pierre et Jean « monter au Temple pour la prière de la neuvième heure » (Ac 3, 1).
L’Eucharistie est assurément le centre de gravité du cycle quotidien de la liturgie, mais loin d’épuiser toute la louange de l’Eglise, elle la suscite. Il n’est pas normal de multiplier les messes au cours d’une même journée — hormis le cas de nécessités pastorales (voir Biner) ; par contre, il est naturel de sanctifier les moments principaux de la journée, en préparant ou en prolongeant la célébration du sacrifice eucharistique. Le sacrifice de louange (Ps 49, 14.23) présente la même structure que toute la liturgie, telle qu’elle apparaît en toute clarté dans l’Eucharistie : primauté de l’Œuvre divine à laquelle est associée l’Œuvre de la communauté rassemblée par Dieu. Les Psaumes constituent la substance de la liturgie des Heures : a-t-on assez remarqué qu’ils sont indissolublement Parole de Dieu et parole humaine, une prière que nous recevons de Dieu avant de la lui adresser ?
La prière du temps présent, la prière des Heures, c’est « la voix de l’Épouse elle-même qui s’adresse à son Époux ; et mieux encore, c’est la prière du Christ que celui-ci, avec son Corps, présente au Père » (Vatican II, Constitution sur la sainte Liturgie, 84). Le même Esprit qui nous fait crier : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20), nous apprend à prononcer, avec Jésus, le nom du Père (Rm 8, 15). La célébration des Heures est, autour de l’Eucharistie et des sacrements, une initiation à la vie trinitaire : tous les Psaumes et les Cantiques ne s’achèvent-ils pas dans un « Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit » (voir Gloire) ? A chaque Heure de l’office, nous vivons le dialogue du Fils avec le Père, tel que les évangiles (Lc 3, 21 ; 5, 16 ; 6, 12 ; etc.) le rapportent.
Les Heures principales sont celles du matin (Laudes) et du soir (Vêpres) ; un office est prévu pour le Milieu du jour, à moins que l’on veuille célébrer les trois petites Heures traditionnelles de Tierce, Sexte et None. L’office des lectures peut être dit au moment le plus favorable. Complies achève la journée. Dans l’office monastique, la première Heure se situe vers la fin de la nuit (Matines ou Vigiles) : elle correspond à l’office des lectures du Bréviaire romain ; certains monastères célèbrent les Vigiles au milieu de la nuit. L’ordre des offices est donc le suivant : Vigiles (ou Matines), Laudes, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies.
Le principe de la vérité des Heures est important : tout le monde comprend qu’il n’y a pas grand sens à dire Complies au cours de la matinée. Quand la célébration de la messe coïncide avec une Heure de l’office, il est possible d’intégrer cette Heure dans la messe : la psalmodie est alors chantée après la salutation du célébrant ; une telle façon de faire évite les répétitions qu’entraîne une célébration consécutive d’une Heure, puis de la messe (ou vice-versa), et surtout assure l’unité de ces deux actes liturgiques.
La structure habituelle d’une Heure liturgique est la suivante : après le verset d’introduction vient l’hymne qui donne la tonalité de l’Heure ; puis la psalmodie, encadrée par l’antienne et constituant la substance de l’office ; la lecture de la Parole de Dieu, prolongée dans l’office des lectures, brève aux autres offices ; enfin, la prière finale : l’oraison du jour, précédée par l’intercession et le Pater à Laudes et à Vêpres. Noter que dans l’office monastique de la Règle de saint Benoît, les hymnes de Laudes, de Vêpres et de Complies se situent après la psalmodie.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés
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