Histoire du salut
L’histoire du salut est le dessein bienveillant du Père (Ep 1, 9-14) se poursuivant dans le temps, avant de s’achever dans la Gloire. Elle est, en définitive, l’histoire des alliances (cf. Prière eucharistique 4). La création est son point de départ, vite déconcerté par le péché originel, refus de l’alliance première ; l’alliance avec Noé fonde, pour ainsi dire, les valeurs positives des religions naturelles, et donc de leur liturgie, en dépit de leurs plus ou moins grandes dégradations.
L’alliance avec Abraham est, historiquement, le vrai départ des relations d’amitié entre Dieu et les hommes ; elle aboutit à l’Alliance du Sinaï, acte de naissance du Peuple de Dieu, dans la grande liturgie du désert. Les infidélités d’Israël, dès le Veau d’or et dans toute l’histoire de l’Exode, dans celle des juges et des rois, amènent les prophètes à annoncer une Alliance nouvelle que le Fils de Dieu incarné scellera lui-même dans son sang.
Après le Calvaire, l’histoire du salut intègre progressivement les fils adoptifs engendrés par l’Église, grâce à l’Esprit du Fils, dans la vie de Dieu, jusqu’à ce que la Jérusalem céleste soit au complet : « Lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Co 15, 28).
Le Sinaï, le Calvaire et la Jérusalem céleste sont les repères essentiels de l’histoire du salut. La liturgie, à la période où on se situe de cette histoire, actualise l’alliance précédente en préparant celle qui suit ; elle opère donc un certain télescopage du temps. Tel est le sens du mémorial en Israël ; telle est la signification du mémorial eucharistique que le Christ nous a laissé avant sa mort sur la Croix (voir Eucharistie).
Chaque nouvelle étape de l’histoire du salut « accomplit » et assume les étapes précédentes : c’est pourquoi l’Église écoute encore, dans sa liturgie, les Écritures de l’Ancien Testament, attendant la consommation de la nouvelle Alliance en la Jérusalem d’en-haut, cette « Vision de paix » où il n’est plus de temple, car « le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout, est son temple ainsi que l’Agneau » (Ap 21, 22). Dans la Gloire, l’histoire n’est pas engloutie, mais elle trouve son achèvement ; la liturgie est devenue la fin parfaite : l’insertion dans la vie de Dieu-Trinité du Peuple « acquis pour la louange de sa Gloire » (Ep 1, 14). Voir Alliance, Assemblée, Cycle, Mémorial.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés