Pâque ou Pâques

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Solennité du dimanche de la Résurrection du Seigneur. L’étymologie du mot est incertaine ; habituellement, on le rattache à la racine hébraïque pâsah, qui signifie « sauter », « passer », « épar­gner » (cf. Ex 12, 11.23.27), Yahvé épargnant les premiers-nés des Israélites en raison du sang de l’agneau pascal. En fait, il faut peut-être faire remonter le mot « pâque » à la vieille racine sémi­tique pashahu, qui veut dire « apaiser ».

Le rite de l’agneau pascal était originellement un sacrifice pra­tiqué par des pasteurs nomades, en vue d’assurer au printemps la fécondité de leurs troupeaux ; en revanche, l’offrande des prémices du blé était un rite de cultivateurs sédentarisés. Rattachés à la libé­ration d’Egypte, ces rites devinrent la Pâque des Hébreux, mémorial de l’agir sauveur de Yahvé pour son Peuple.

Par tout le mystère pascal — Passion, Mort et Résurrection indis­solublement —, le Christ, Agneau véritable (Jn 1, 29.36 ; 18, 28 ; Lc 22, 7-16) et vrai Pain de vie (Jn 6, 35), réconcilie les hommes pécheurs avec son Père et scelle la nouvelle Alliance. La Pâque instituée par Jésus assume donc et accomplit, à la fois la célébration du renouveau printanier — sorte de résurrection de la nature végé­tale et animale, sacralisée dans la plupart des religions — et la célébration du mémorial de la libération historique que Yahvé a réalisée en faveur de son Peuple.

La fête de Pâques, proprement dite, est la Solennité des Solennités de la Résurrection du Seigneur, cœur de toute l’année liturgique ; elle commence avec la Vigile pascale, au soir du Samedi saint, et se poursuit tout le dimanche ; les cinquante jours du temps pascal ne sont que le déploiement du « jour qu’a fait le Seigneur » (Ps 117, 23).

Chez les Juifs, on immolait la Pâque et on mangeait le repas pascal au soir du 14 du mois de Nizan, jour de la pleine lune de printemps. Le Christ étant mort en croix le vendredi 14 Nizan et ressuscité « le premier jour de la semaine » (Jn 20, 1), c’est-à-dire le lendemain du sabbat, trois solutions se présentaient aux chrétiens pour célé­brer la fête de Pâques : soit la fixer au surlendemain du 14 Nizan, que ce 14 tombe un vendredi ou non ; soit la placer au dimanche suivant la pleine lune de printemps ; soit enfin, comme les Quartodécimans, au IIe siècle, en Asie mineure, la maintenir au 14 Nizan même.

Au concile de Nicée (325), la fête fut fixée au dimanche suivant la pleine lune de l’équinoxe de printemps. Cependant, en raison de computs différents, les églises d’Orient et d’Occident n’ont pas la même date de célébration. Il est régulièrement question de fixer la fête de Pâques à un dimanche stable (premier ou deuxième d’avril), et il faut noter que le deuxième concile du Vatican ne s’est pas opposé à cette perspective (voir l’Appendice de la Consti­tution sur la sainte Liturgie), mais les Orthodoxes s’y opposent vigoureusement.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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